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De l’imprégnation vers le dressage….c’est aussi une histoire d’élevage ! par Tifenn Vital

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« Ce matin de décembre Ariègeois, dans les premières lueurs du jour, après avoir nettoyé les écuries, nous débutons le rituel immuable du liage des bœufs. Les mains dansent autour du bois sculpté, faisant tournoyer les juilles dans un cérémonial traditionnel appris de génération en génération par la transmission orale et l’amour du geste.

Ce matin, alors que les Gascons s’élancent hors de l’étable, coiffés du joug, en direction du tombereau, une troisième silhouette brave les brumes matinales…Inz est la petite velle Brune des Alpes de 2 mois. Profitant de la soif de découverte des jeunes animaux et de la confiance tissée ces dernières semaines avec le jeune animal, nous l’appelons afin qu’elle suive le convoi.

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Ebouriffée de cette nouvelle expérience, la petite génisse galope autour de l’attelage, puis finit, au son de la voix, par se ranger au côté de ses aînés, aucunement perturbée par le bruit des roues ferrées sur le bitume puis des roches ponctuant le chemin tortueux menant aux «Hauts de Méras».

Au bout de quelques minutes, Inz mime le comportement de Millet et Grisou, chanfrein perpendiculaire au sol, dans une expression d’effort certain.

Mine de rien, nous commençons les exercices : arrêt, tourner…la petite suit les deux bœufs gris, et nous félicitons largement son engagement exemplaire !

La petite séance-exercice est courte : cinq minutes pas plus… puis nous la laissons rejoindre ses itinérances de découvertes en satellite autour de nous…

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Depuis sa naissance, la petite Inz a été touchée et manipulée par les bipèdes de la ferme.

Au commencement le rituel de l’attache. Dans la maison, les bovins sont à l’attache dans les étables et les jeunes veaux ne font pas exception à la règle. Un petit collier en bois autour de l’encolure. Le jeune est détaché deux fois par jour pour téter et gambader dans la cour.

Un peu chaque jour, en passant dans l’étable, une caresse, un coup de brosse… Puis l’essayage d’un petit licol et l’apprentissage de la marche à la longe. On en profite pour prendre les pieds…

Ces petits exercices ne prennent bien sûr que quelques minutes chaque jour et nous profitons allègrement de la personnalité joueuse des jeunes élèves ! Quelques minutes « perdues » chaque jour mais combien de temps gagné par la suite!!!

Puis, quelques mois plus tard, des petites séances au collier ou au joug de garrot, taille mini et facilement bricolables, un petite bûche à tirer et toujours la base des ordres vocaux qui accompagnent la progression…

Nous parlons ici des jeunes bovins, mais ceci est aussi largement conseillé pour les poulains et autres jeunes mulets !!!

En voyant débarquer quelques jours plus tard des génisses de 18 mois n’ayant pas la moindre idée de ce que ces humains inconnus leur voulaient (débarquer du camion jusqu’à l’étable à l’aide d’un licol et d’une longe) je soupirais en pensant à ces savoirs faire qui ont disparu des élevages… Non que je vive dans une nostalgie passéiste, l’avancée de l’agriculture semble s’être malheureusement accompagnée de la perte d’un bon nombre de gestes du bon sens paysan. Cela pose bien sûr la question des problèmes de la valorisation de nos activités agricoles et notamment de l’élevage…

Je digresse mais plaide tout de même pour une attention particulière à ces gestes qui peuvent éviter bien des peines au moment des débourrages ultérieurs !

Dans un contexte où la traction animale semble conquérir les villes, vignobles et forêt avec une nouvelle force, c’est toute la filière de l’élevage qui va être impliquée de responsabilités afin de fournir des animaux de travail adaptés. Si le choix de caractères morphologiques est évident, il me semble primordial de ne pas négliger cette part de dressage par la stimulation des capacités d’apprentissage des jeunes animaux et la manipulation, dans les premiers mois, afin de recréer des vrais foyers d’animaux de travail…

Alors que les génisses Aubrac eurent finalement retrouvé leur étables, attachées et calmes, les premières séances du débourrage consistèrent en sorties journalières à l’abreuvoir situés à une dizaine de mètres de la paille douillette de leur nouveau refuge: trois jours avant de pouvoir y descendre, sans l‘aide de trois gaillards au bout de la longe, afin d’éviter la fuite de Paletto ou de la Mandro !!!

Maintenant que la confiance est acquise, nous les accoutumons à marcher à la longe, accompagnant toujours nos actions des ordres vocaux correspondants…

Puis viendra la mise en place du joug et la suite du débourrage…

D’un point de vue animal, nous éviterions bien des incompréhensions et inconforts par quelques minutes de manipulations journalières les premiers mois !

D’un point de vue économique, il me semble que ces séances de la première semaine chez un professionnel du dressage pourraient aussi largement être évitées !!!

Nous ne parlons même pas là des petits bonheurs du paysan…car lorsque vous verrez l’expression de la petite Inz alors que ses rousses ainées apprennent les leçons de maternelle, alors il y a là  pleins de raisons de rire, sourire et se régaler du retour à un simple métier de paysan !!! « 

Tifenn Vital

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 Merci à Tifenn pour son article et sa collaboration régulière au site.

Débardage à la traîne et au trinqueballe avec Philippe Kuhlmann et une paire de boeufs Vosgiens en Décembre 2013, Soultzeren (68)

Philippe Kuhlmann, éleveur et dresseur de boeufs à Soultzeren en Alsace, débarde du bois à la traîne et au trinqueballe, dans les pentes de la vallée de Münster en Avril et Décembre 2013 avec une jeune paire de boeufs Vosgiens. 

Dans une première partie en Avril 2013, la paire en début de dressage tire du bois de chauffage de petite section. 

Dans la seconde partie, Philippe Kuhlmann et la même paire, huit mois plus tard, sort à la traîne et au trinqueballe, des bois de grosses sections, avec, en particulier, à la fin du film, un frêne spectaculaire.

Ces images nous ont été aimablement communiquées par Jean-Louis Courault. Merci à lui.

Ce document montre le travail quotidien d’un des piliers en France du dressage, de l’attelage et du travail avec les bovins.

Julien Paris, photographe, reportage sur les boeufs au travail à la ferme de Méras chez Olivier Courthiade (09)

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Photo de Julien Paris extraite de son site

Julien Paris est un photographe talentueux. Il a fait deux belles séries chez Olivier Courtiade, à la ferme de Méras en Ariège et sur un chantier de débardage.

Série de photos consacrées au chantier de débardage au bois du Bastard à Pau, où Blanc et Marrel, les deux boeufs Gascons, ont travaillé au milieu des équipes de débardage de « Cheval Environnement »… Onze chevaux et deux bœufs!!!

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Photo de Julien Paris extraite de son site

Allez découvrir le travail de photographe de Julien Paris.

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Photo de Julien Paris extraite de son site

Vidéos des attelages de boeufs de Thierry Dupré, Varennes (31)

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Thierry Dupré, travaille avec plusieurs paires de boeufs.

Voici plusieurs vidéos de Thierry Dupré avec ses attelages.

Etude sur la traction bovine, ADEME Limousin, Mai 2013

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Philippe Kuhlmann

L’ADEME en Limousin (cliquez ici pour voir) intervient sur tout le territoire régional et décline son action en partenariat avec le Conseil Régional et les Conseils Généraux.

Son soutien vise à favoriser particulièrement les démarches des exploitants agricoles répondant aux défis actuels en matière de lutte contre le changement climatique et de prévention des déchets notamment.

Elle a fait réaliser en 2013 une étude par le FR CIVAM Limousin, pour établir un argumentaire énergétique, économique et environnemental, sur la traction bovine dans les activités agricoles françaises.

Nous avions été contactés par la réalisatrice de l’étude, Betty Marin, pour l’orienter dans ses recherches.

L’étude comporte trois volets:

  – 1: Synthèse des études existantes sur la traction bovine

  – 2: Recommandations sur la prise en main des animaux

  – 3: Proposition d’une comparaison chiffrée

Cliquez sur le lien suivant pour voir le rapport:

fichier pdf  adem limousin rapport_Traction_Animale_FRCivam_Mai_2013

Attention deux erreurs se sont glissées dans l’étude (précisions apportées par Solène Gaudin et Emmanuel Fleurentdidier): 

1- concernant les données sur la fenaison au tracteur, il faut lire  « /jour » au lieu de « / heure » ( 2 ha/jour)

2- pour la reprise de labour, il faut lire « / jour » au lieu de « /heure » (0,5 ha/jour).

 

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Philippe Kuhlmann lors de la journée technique chez lui à l’occasion des rencontres de bouviers à L’Ecomusée d’Alsace (Photo André Kammerer).

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Photo Solène Gaudin

Débardage aux boeufs et chevaux en Avril 2013, Saint-Pever (22)

François Rivals, Aubiet (32)

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François Rivals est agriculteur à la retraite mais exploite encore 5 hectares.

Il a une paire de vaches Gasconnes attelées sur son exploitation et les utilise pour réaliser ses travaux. Il fait ses labours, son fumier, ses charrois, sort du bois, fait ses foins avec ses animaux.

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Voici le petit texte qu’il nous a fait parvenir et qui retrace son expérience avec les attelages de bovins.

 » Voici l’histoire de ma vie, résumée bien sûr. 

A ma naissance, il y avait des bêtes de race Gasconne, mon père et ma mère travaillaient avec elles.

A l’âge de 7 ans, j’étais devant pour les guider au labour, plus tard en prenant un peu d’âge et de taille, je les menais seul et les joignais pour atteler un outil.

Puis le tracteur est arrivé en 1958 et a remplacé petit à petit les vaches.

J’ai repris l’exploitation en 1972 toujours en élevage, mais sans atteler.

Ce n’est qu’à la retraite que j’ai repris cette passion , j’avais toujours pensé le refaire.

J’ai fait part de mon idée à mes enfants, il m’ont alors fait le plaisir de m’offrir une paire de vaches Gasconnes pour mes 60 ans, ce qui leur a permis de voir comment se faisait le dressage d’une paire de vaches.

Depuis, elles ne font pas tous les travaux, mais elles vont travailler à la vigne, au jardin, pour le fanage et un peu tout ce que l’on peut faire avec pour se faire plaisir »

Il participe à quelques manifestations locales avec sa paire de vaches.

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Cliquez ici  pour voir aussi un article du journal Sud-Ouest.

Travaux de dressage avec les boeufs d’Agnès et Luc Bernard, Courgenard (72)

Luc et Agnès Bernard continuent de dresser leur paire de boeufs. Merci à eux, de nous envoyer régulièrement des images.

Premiers sillons chez Agnès et Luc Bernard, Courgenard (72)

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Le dressage continue de manière assidue chez Agnès et Luc Bernard. Les premiers sillons ont été tracés avec la paire de boeufs Bretons.

Roger Constant, Saint-Alban-sur-Limagnole (48)

Exploitant à la retraite, Roger Constant a toujours eu des boeufs attelés sur l’exploitation.

Il travaille encore aujourd’hui avec une paire de vaches Aubracs dans les bois, et va bientôt préparer au dressage une paire de jeunes génisses pour la relève de la paire au travail actuellement.

Roger Constant nous a envoyé un courrier qui décrit son travail:

« Pendant longtemps, j’ai dressé et fait travailler des paires de boeufs.

Maintenant je possède une paire de vaches Aubracs que je soigne et fais travailler au ramassage des bois dans mes plantations difficiles d’accès aux engins mécaniques.

Je le fais pendant la saison d’hiver, de la Toussaint au mois de Mai. Pendant l’été, elles sont à la pâture.

J’ai eu la chance de pouvoir élever une paire de génisses Aubracs de dix-huit mois, issues de mon étable: il faut penser à la relève!!

J’ai un fils qui s’occupe de mon exploitation agricole, et des petits-fils de 12 et 15 ans qui sont passionnés par les bovins attelés. Je leur apprends à passer les courroies en dehors de leurs heures d’études. »

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