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2 Mains 4 cornes, Compte rendu de la première session de formation à la traction bovine, 02 au 06 octobre 2023, Laurent Martin, Les Herbiers (85)

 

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Fier de pouvoir mettre à l’honneur mon expérience avec les bovins commencée en 2005 au Puy du Fou, cette session de formation était pour moi une première sous ce format « Long ».

En effet, les modules de formation délivrés au sein de l’Académie de Bouvier au Puy du Fou (entre 2014 et 2021), ne se faisaient que sur des matinées ou des journées. Le groupe de bouviers à encadrer était souvent constitué de jeunes entre 14 et 20 ans et d’un effectif de presque 10 en moyenne.

J’ai donc revu totalement mon approche et j’ai organisé l’ensemble des thématiques qu’il m’était important d’intégrer au programme, de manière à offrir une planification cohérente, complète et adaptée pour répondre aux besoins et aux attentes de mes stagiaires sur un format de 4 jours. 

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Pour cette première session j’ai accueilli Véronique, que j’avais eu la chance de rencontrer auparavant à l’occasion du rassemblement de bouviers (organisé par Léonnie et Corentin dans la Creuse chez Pascal et Jo DURAND).

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Véronique avait commencé durant cet évènement, son parcours d’initiation au contact des bovins dressés. De nature très curieuse, elle est cavalière de longue date, mais surtout elle cultive une affinité particulière avec le bovin. Elle est aussi propriétaire de chèvres Angora avec un projet axé sur la valorisation de la laine. Elle se projette à moyen terme avec un bovin pour une utilisation d’entretien de prairies et quelques chantiers de débardage. 

Le début de formation a surtout été axé sur la découverte et l’exploration des comportements des bovins. Il me semble essentiel de maîtriser cette lecture de l’animal avant de chercher à le manipuler. Ceci permet de sécuriser aussi bien le bouvier dans son approche, que l’animal dans sa lecture et son interprétation des interactions de l’homme vis-à-vis de lui-même. Une fois cette lecture des principaux comportements intégrés, nous avons poursuivit avec les premières mises au licol, au pré avec les plus jeunes de mes bovins, qui sont encore en phase d’éducation et de dressage.

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Après avoir réalisé et maitrisé à plusieurs reprises, la prise en longe des différents bovins, nous sommes passés au menage en étant placés derrière avec les longues rênes. Ceci change complètement la perception du menage pour le bovin, n’ayant plus de visuel sur un référent placé devant ou sur le côté. C’est aussi une implication différente pour le bouvier qui doit se faire comprendre et se faire obéir en ne s’appuyant que sur sa voix, les rênes et le stick pour mener à bon port son animal.

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L’avantage d’avoir une diversité de bovins, à différent stades de dressage et avec chacun leur caractère, est un outil précieux lors de ces formations. Cela permet un effet miroir auprès des stagiaires, qui réalisent alors l’adaptation permanente requise pour mener tranquillement et positivement un bovin, à réaliser une action souhaitée.

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Les exercices se sont poursuivis avec la découverte du liage, la mise au joug et le menage en paire.

Nous avons commencé à vide, juste avec les bœufs afin d’intégrer les codes de communication, les bonnes postures ainsi que les placements pour un menage efficace. Ensuite nous avons attelé au tombereau afin que Véronique puisse réaliser et appréhender au mieux la conduite d’un attelage complet (bovins + tombereau). Celui-ci demande une anticipation et une prise en compte permanente du gabarit pour ne pas mettre en danger l’ensemble de l’attelage.  

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L’ensemble des exercices réalisés durant la semaine avaient pour but de mettre en confiance et permettre l’acquisition d’une autonomie au contact des bovins.

Mes motivations en tant que formateur lors de ces sessions, sont surtout de permettre aux participants de s’essayer aux différentes manières d’approcher et de mener les bovins en toute sécurité. Je leur transmets des codes et des clefs pour une future émancipation dans un projet associé aux bovins dressés.

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Je remercie Véronique pour sa confiance exprimée lors de cette formation, pour son implication et son sérieux. Je ne doute pas de ses capacités à mettre sur pied son projet associé aux bovins avec les clefs acquises durant cette cession de formation.

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Je remercie aussi Léonnie pour son passage le mercredi et son travail photographique.

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Je vous ferai part rapidement des dates convenues pour la prochaine session de formation de 4 Jours, qui se déroulera en Mars prochain.

Je reste disponible pour toute demande d’informations et je vous rappelle que je propose également des initiations individuelles (à la ½ journée ou sur 2 jours) permettant d’avoir une première approche exhaustive de la pratique de la traction bovine.

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Rassemblement autour de la traction bovine, 22, 23 et 24 septembre 2023, Gentioux Pigerolles (23)

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    Quand deux jeunes bouviers de 20 ans et 26 ans décident de créer un nouvel événement autour de la traction bovine, on se dit que le renouveau qu’on sent frémir depuis déjà quelques années est en train de se manifester encore plus concrètement.

    Léonnie Biteau, 26 ans, originaire de Vendée, est issue de l’Académie des Bouviers du Puy du Fou, propriétaire de deux bœufs Highlands dressés et dresseuse de deux bœufs maraîchins pour l’association des darioleurs de Vendée (le dariolage est un chant pour mener les bœufs pendant le travail) .

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    Corentin Huber, 20 ans, originaire d’Alsace, attelle des bovins avec son grand-père André Kammerer depuis qu’il a 12 ans, il a peaufiné le dressage d’une jeune génisse Vosgienne. Une rencontre internationale de bouviers a lieu depuis de années en Alsace articulée autour du savoir-faire de Philippe Kuhlmann de Soultzeren (68). Corentin avait l’idée depuis longtemps d’organiser un rassemblement de bouviers qui serait plus central au niveau géographique ou du moins de le rendre itinérant en France d’année en année pour permettre un accès plus facile à de nouveaux publics qui, jusque-là, ne pouvaient y prendre part pour des raisons d’éloignement géographique. Ainsi, la formule permet de multiplier, d’enrichir et de mettre en complémentarité les différentes approches de la traction bovine avec des utilisateurs diversifiés, et des techniques variées. 

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    Après avoir beaucoup attelé avec son grand-père chez eux ou chez Philippe Kuhlmann pour travailler leurs animaux et apprendre auprès de cet incontournable dresseur, Corentin a rencontré la famille Durand, Joseph (Jo) le père et Pascal le fils. Il a découvert auprès d’eux le travail de précision en maraîchage aux guides, en solo et au collier que pratique au quotidien Pascal Durand sur sa ferme de Gentioux Pigerolles. A la découverte du lieu et d’un savoir-faire différent mais complémentaire de celui jusqu’alors rencontré chez Philippe Kuhlmann, l’organisation du rassemblement qu’il rêvait de mettre en place, lui paraît alors évidente à organiser ici. L’idée fait son chemin et, rejoint dans sa démarche par Léonnie croisée lors de précédentes rencontres de bouviers en Alsace, ils décident en concertation avec la famille Durand de mettre en place un rassemblement de bouviers en Creuse pour l’année 2023 avec l’idée de le rendre à l’avenir, nomade d’une fois sur l’autre.

En préambule au rassemblement, les voyages de Corentin, Léonnie et celui de Mathilde et James Prevost

    Trois voyages réalisés avec les animaux ont été entrepris avant le rassemblement pour rallier à pied Gentioux Pigerolles. Les deux premiers, dans le cadre de l’opération nommée « La corne rose » ont permis de collecter des fonds au bénéfice de la ligue de lutte contre le cancer et le second pour l’association « Trait d’union Limoge» qui aide plus particulièrement les enfants malades du cancer. La collecte conséquente de 8000 euros a été une franche réussite.

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    Corentin et son grand-père André Kammerer sont partis d’Alsace avec leur génisse Modestine et ont fait 750 kilomètres. Léonnie est partie avec les deux bœufs Safran et Bouleau de Lathus-Saint-Remy dans la Vienne et a parcouru 150 kilomètres. Mathilde et James Prevost avec leur fille Calli partis de Saint Maurice la Souterraine avec leur taureau Satanas et Perrine une ânesse, ont fait environ 90 kilomètres.

22, 23 24 Septembre 2023 : un rendez vous réussi

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    Le tour de table du vendredi au début de la rencontre permet à la trentaine de personnes de se présenter. On constate que beaucoup des participants ont en projet, sont en cours d’installation ou déjà installés professionnellement et qu’ils ont tous quelque part l’intention d’utiliser la traction animale et plus particulièrement la traction bovine. Certains ont déjà leurs animaux en cours de dressage et d’autres travaillent déjà depuis plusieurs années.

Les autres sont soit utilisateurs de bovins de travail pour les manifestations ou pour une utilisation personnelle hors activité professionnelle, soit sont intéressés à découvrir cette pratique.

Pendant ces journées, une part des participants n’a pu rester les trois jours, mais on peut dire qu’au moins quarante personnes professionnelles, ou en passe de l’être, ont été présentes sur les deux jours.

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    L’après-midi de samedi, on compte soixante quinze personnes sur l’espace du rassemblement. Les deux journées techniques du vendredi et samedi sont plutôt orientées sur le travail en solo et en guide au collier.

Sont présents sur le site, les animaux dressés de  Pascal Durand (Pattuki, Merise et Tomillo), la génisse Modestine d’André Kammerer menée par Corentin Hubert, Jacaranda la vache Pie noire Bretonne et son veau Unefleur de Luc et Agnès Bernard, Bouleau et Safran la paire de bœufs Maraîchin de l’association des darioleurs de Vendée dressée par Léonnie Biteau, Tilia la génisse de Jo Durand, le taureau Jersiais Satanas de james et Mathilde Prevost ainsi que leur ânesse Perrine.

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    Pascal le maître des lieux, tout au long des deux journées techniques, présente et travaille autour de l’utilisation de la Kassine de Prommata, un outil multifonction et modulable. Un accent tout particulier au sujet de la sécurité pendant le travail avec les animaux est souvent mis en avant.

Il met aussi en évidence les différentes problématiques liées au travail avec un animal, les rythmes, la force de l’animal et l’adaptation des méthodes et de l’outil à celle-ci, les comportements à tenir selon celui de votre bovin… Pascal présente aussi le travail de la terre en suivant les courbes de niveau ainsi que les façons culturales en fonction de l’état du sol, de la météo, de la force de l’animal…

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    Dans l’optique d’expliquer comment ménager les animaux, les bons réglages des outils, du harnachement, en particulier du collier, sont abordés à plusieurs reprises. Il explique l’intérêt de l’utilisation du caveçon et de la problématique de sa fabrication. Vincent Grande, sellier à Glange (87), est venu présenter des modèles prototypes qu’il développe en collaboration avec un ferronnier sous les directives de Pascal.

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    Différents animaux à plusieurs stades de dressage permettent de voir l’évolution et les techniques adaptées pour amener progressivement le bovin au travail que l’on souhaite obtenir de lui. Pascal a pu ainsi présenter Tomillo, un jeune mâle Vosgien déjà bien manipulé. Celui-ci mis aux guides lui permet d’aborder la manière de se comporter et de réagir avec un jeune animal en dressage.

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    On peut voir aussi avec Léonnie Biteau, l’évolution du comportement au travail de la jeune paire de Maraîchins mis au joug double de corne seulement quelques jours avant et menés de derrière aux guides. Ils étaient jusqu’alors au joug double de garrot menés de devant ou de derrière. On voit sur ces trois jours l’évolution et les progrès de la paire sur des petits débardages effectués tout au long du rassemblement. Les meneurs de l’Association des Darioleurs de Vendée utilisent la paire avec le joug de garrot et réalisent quelques débardages.

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    Laurent Martin des Herbiers en Vendée est présent le vendredi. Il vient de créer son entreprise « Deux mains quatre cornes »  et propose de la formation sur l’attelage bovin, des prestations, et de la médiation animale. Pendant sa journée de présence, il mène différents animaux, dont la paire de Maraîchins.

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     Corentin Huber travaille avec Modestine à différentes taches dont le passage du rouleau brise- fougères.

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    Eline Hoefsloot dresseuse de bovins et de chevaux, comportementaliste animal, est sur place le samedi pour présenter sont activité. Elle a aussi apporté un stock de colliers suisse anciens à trois matelassure remis en état. Ils permettent ainsi à certains de pouvoir se fournir directement dans la pièce maîtresse du harnachement.

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    Samedi en fin d’après midi, la plupart des attelages prennent la route en direction du bourg de Gentioux Pigerolles afin d’être prêts pour les animations de dimanche lors de la manifestation grand public organisée avec différentes associations de la commune. Le samedi soir, la soirée est ouverte avec un spectacle de contes après lequel s’enchaîne un bal traditionnel Limousin mené par Alexandra Lacouchie (violon) et Anne Riveau (accordéon diatonique), deux des meilleures musiciennes traditionnelles du Limousin.

    Dimanche, un marché de producteur se déroule sur la place du village enrichi de l’entreprise « Randoline concept » qui propose du matériel de randonnée animale comme des bâts, diapasons ainsi que l’escargoline (petite voiture à traction animale adaptée au transport de personnes à mobilité réduite). On peut aussi manger sur place auprès des différents stands de restauration rapides et locales.

 

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     Votre serviteur présente des jougs de sa fabrication et taille en démonstration un joug neuf. Véronique mon épouse présente la fabrication traditionnelle de vire-mouches en fils torsadés. L’après midi Léonnie et Corentin présentent un petit film sur leurs aventures vagabondes et bovines de « La corne rose » qui a permis d’expliquer les raisons d’entreprendre de telles expériences et de vivre le quotidien de plusieurs dizaines de jours de voyage et de nomades avec des animaux. Une parcelle mise à disposition au bas du bourg permet aux animaux et à leurs bouviers de réaliser pour le grand public des démonstrations de travail. A cette occasion, on croise Philippe Kuhlmann qui, en plein déménagement de sa ferme de l’Alsace vers la Creuse, prend un peu de temps pour venir rencontrer toutes les connaissances du milieu et faire aussi de nouvelles rencontres.

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     Ces trois jours confirment le renouveau et le conséquent intérêt croissant pour la traction bovine et animale en générale. Le nombre de projets évoqués lors des tables rondes ou des discussions ne peut que ravir tous les passeurs de savoir-faire. Cependant, la transmission de l’immatériel ne tient toujours qu’au vivant et le vivant est précaire. Il est nécessaire de travailler tous dans le même sens à multiplier les collaboration entre meneurs et dresseurs expérimentés, ainsi que les occasions de transmissions par des formations et des rencontres. C’est un point capital si l’on veut que ces pratiques millénaires, même si elles sont bien ancrées dans « l’aujourd’hui », restent connues, pratiquées et participent de plus en plus à la vie des territoires, au maintien des races de bovins, des paysans, de l’homme .

    C’est pour cette raison qu’il est très encourageant de voir que ce rassemblement est un vrai laboratoire de rencontres et d’échanges. Les nombreux participants peuvent ici à loisir, s’informer, échanger, se convaincre ou se faire peur, partager, prendre des contacts, apprendre, mener des animaux. Bref ils peuvent se faire une idée, conforter leurs projets et se nourrir de l’énergie de passionnés engagés.

Ils pourront ainsi avancer vers un futur où, plus tard, ils transmettront à leur tour leurs savoir-faire acquis avec l’expérience qui, un jour peut-être, a débuté à Gentioux Pigerolles.

     Un énorme merci à Pascal Durand et à Mélanie sa compagne pour la co-organisation, leur accueil et leur gentillesse.

    Merci à Pascal pour sa pédagogie et sa disponibilité auprès de tous.

    Merci à Jo qui motive toujours beaucoup les jeunes à l’attelage et qui n’est pas avare de conseils.

    Merci à Léonnie et Corentin qui, au regard de la participation importante, ont réussi leur première organisation.

    Merci à tous les participants pour leur présence au rassemblement.

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La corne rose, deux voyages sur les routes française avec des bovins pour soutenir la ligue contre le cancer, 2023

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Retrouvez la page de la corne rose pour un don pour la ligue contre le cancer en cliquant ici

« Les rêves ne peuvent être atteints seul »

                Le but de ce voyage est de réaliser nos rêves, tout en permettant rendre hommage à des personnes proches et en faisant notre possible pour aider notre prochain.

                Le projet consiste à marcher plusieurs centaines de kilomètres avec des bovins, en l’occurrence 2 bœufs d’un côté et une petite vache de l’autre. Effectivement le projet se découpe en deux grosses parties avec une finalité commune : un rassemblement en Creuse autour de la traction bovine.
 
                Une première équipe partira d’Alsace mi-juillet avec pour but de réaliser plus de 600 km en compagnie d’une vache, en moins de 60 jours.

                Une seconde équipe partira du département de la Vienne fin-août pour faire plus de 170 km en compagnie de 2 bœufs, en moins de 30 jours.

                Cela fait peu de km par jour mais les imprévus peuvent vite nous faire perdre plusieurs jours de marche. Les bovins ont un rythme de marche particulier, ils vivent au rythme de la nature c’est ce qui rend le voyage incroyable. Chaque pas devient plus paisible que le précédent dans un monde où tout va si vite.
Avant notre départ nous avons posé plusieurs questions à nos voyageur, Léonnie et Corentin qui sera accompagné de son grand-père, André Kammerer.

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                Corentin :

Comment as-tu découvert cette passion ?

                « Je suis tombé tout petit sans le vouloir dans la traction animale. Papy avait un cheval de trait avant de passer au bovin. Ma première rencontre des Bouviers, je l’ai faite en 2009, j’avais 6 ans. Ma passion c’est vraiment déclarer vers 2015. J’ai aidé mon grand-père à sortir du bois en forêt. Je trouvais ça marrant et j’ai essayé de tirer un peu mais cela ne marchait pas vraiment. Il ne se laissait manipuler que par mon grand-père et n’écoutait personne d’autre. Ensuite tout s’est enchaîné très vite car le bœuf s’est fait une jambe de bois. J’ai vraiment compris que ça m’intéressait quand de douleur, il c’est ouvert à moi et m’a fait comprendre le lien qu’il avait avec mon grand-père. Ce jour-là, j’ai eu un sentiment qui m’a donné envie de créer ce lien dans de bonnes conditions.

                J’ai enchaîné à la rencontre des Bouviers les rencontres, j’ai cherché le savoir là où on me le donnait… et me voilà aujourd’hui capable de dresser et mener plusieurs bovins en même temps, je pense que je n’ai pas appris un 1/4 de ce que je vais encore apprendre. C’est pour ça que tous les événements de ce type me paraissent importants à organiser, pour que tout le monde puisse découvrir tout cela. »

 Présentes-nous tes compagnons de voyage.

                « Dans cette traversée, j’aurai deux compagnons de voyage avec un grand écart d’âge. Effectivement, je voyagerai avec Modestine notre génisse et mon grand-père André Kammerer.

                Modestine est la première personnalité féminine bovine, de la famille. Avant elle, nous avons eu 4 bœufs dont un qui tient compagnie actuellement, Tino. Tous nos bovins sont des Vosgiens car nous voulons travailler avec une race locale et aussi car ils ont une très bonne réputation pour la traction. Modestine a un caractère très particulier. Contrairement à beaucoup de bovins, elle s’ouvre très vite aux personnes et apprend tout aussi vite. Cela ne veut pas dire que n’importe qui peut la manipuler, elle a ses préférences. Malheureusement pour moi, elle préfère mon grand-père car il la manipule plus souvent.

                Mon grand-père, pour faire simple, c’est la personne qui m’a appris les bases de la discipline. On pourrait avoir l’image d’une personne très dure au premier abord. En réalité c’est une personne très sensible à ces animaux, il fait tout pour leur bien-être qui est une priorité. Il est toujours présent pour partager des moments importants qu’ils soient bons ou mauvais. C’est marrant de se dire qui m’a transmis sa passion sans le vouloir et que maintenant je suis en train de réaliser son rêve en même temps que le mien. Je le remercierai jamais assez de continuer malgré l’âge juste pour moi. Modestine ne ferait pas partie de notre famille s’il avait arrêté. De plus Tino qui a des problèmes de santé ne serait peut-être plus de ce monde pour lui éviter la potentielle douleur et solitude. »

Comment t’es venue l’idée de ce voyage ? Et pourquoi soutenir la Fondation de lutte contre le cancer ?

               « C’est sur un chantier en Suisse que l’idée m’est paru. En refaisant ma vie en travaillant. Je me suis rendu compte que ma grand-mère avait le cancer en même temps que ma voisine. Après un long combat, ma grand-mère s’en est plutôt bien sortie, malheureusement cela n’a pas été le cas de ma voisine. Quand j’y ai pensé, j’ai directement eu un déclic, il fallait absolument que je soutienne une association pour toutes ces personnes.

                Après une grande réflexion, j’ai décidé de réaliser un rêve en même temps qu’un projet de soutien. Parcourir plusieurs centaines de kilomètres avec une vache. Pour être plus précis, parcourir 600 kilomètres à pied avec elle.  Pour réaliser ce projet, il faut un peu de préparation, à l’heure où j’écris ce texte. Je peux officiellement dire que pour le voyage je devrais avoir tout le matériel nécessaire. Mais pour la rencontre nous manquons de beaucoup de choses que je n’arrive pas à trouver. »

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Départ de la Vienne

               Léonnie:

Comment as-tu découvert cette passion ?

               « En octobre 2016, je suis allé à la rencontre des bouviers pour faire un reportage photo. Ces toucheurs de bœufs transmettent leur savoir et leur passion à tous ceux qui le souhaitent. On m’a accueilli volontiers. J’ai la chance d’apprendre en même temps que de faire des clichés.»

Comment as-tu rencontré Corentin ?

               « Lors du rassemblement des bouviers en Alsace de 2019, j’ai fait beaucoup de rencontres. De nombreuses personnes viennent de toutes les régions de France et des pays alentours ! C’est là que j’ai rencontré Corentin, un jeune qui travaillait aussi bien que les adultes aux contacts des bovins. Depuis on est toujours resté en contact.»

Quel est ton lien avec les darioleurs de Vendée et l’histoire de tes compagnons de route ?

               « Je suis partie à la recherche de nouvelles personnes pour compléter mes connaissances. Au détour d’une conversation, on m’apprend l’existence d’une association non loin là. Elle a pour but de transmettre un savoir, en faisant des démonstrations sur la culture vendéenne dans tous les départements alentours. Les darioleurs aillant une paire de bœufs, Normand, vieillissant, ils ont eu besoin de nouveaux animaux pour prendre la relève. Accompagnés par deux autres personnes, nous nous sommes proposés pour nous lancer dans le dressage de Safran et Boulot.»

Pourquoi partir sur la route avec deux bœufs ?

               «Tout commence lorsque j’ai reçu un appel de Corentin. Il finit par me dire « Tu sais, je pense à un projet fou mais celui-là, il est pas mal. Je veux aller avec une vache à pied chez Jo dans la Creuse pour faire un nouvel événement dans le style de “la rencontre des bouviers d’Alsace” et soutenir une association. » J’ai répondu aussitôt « Moi aussi, je veux faire partie du voyage ». On s’est directement lancé. Maintenant, on est en pleine construction du projet pour fédérer personne, association et organisme autour de la traction bovine et de sa valorisation ainsi qu’une collecte de dons pour la lutte contre le cancer.»

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Les Bouviers d’Alsace 2022 à Soultzeren – la transmission d’abord par Cozette Griffin Kremer

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Corentin Huber, les bœufs et son invention, le joug de garrot et de tête, Soultzeren, Alsace, Photo Léonnie Biteau

D’ici et d’ailleurs, voici les mots clefs de toutes les réunions des « Bouviers « d’Alsace », depuis les débuts en 2005 à aujourd’hui, avec des participants venus cette fois de Belgique, de Suisse, d’Allemagne et des points cardinaux de France, du Massif Central à la Bretagne ou de la région parisienne, pour le week-end de l’Ascension du 26 au 29 mai, chez Philippe Kuhlmann à Soultzeren dans le Haut-Rhin. Lors de notre arrivée à quatre dans la voiture « Bretagne», des travaux sont déjà en cours au bord de la route menant à la ferme, Gesellenmatt, à la sortie du village, où Philippe utilise sa motofaucheuse manuelle et où toute une équipe est déjà en train d’andainer. Les bœufs aussi sont déjà au travail, puisqu’ils transportent les foins vers l’amont pour approvisionner les autres animaux parqués dans les champs près de la maison.

Ainsi, avant même d’arriver à destination, d’anciens et de nouveaux participants se rencontrent, renouant une fois de plus avec ce faisceau de contacts qui composent le réseau des bouviers : agriculteurs et éleveurs locaux spécialisés dans les Vosgiennes et éleveurs d’autres régions qui protègent et affinent leurs souches génétiques à double usage (viande et lait), comme pour la Ferrandaise. Philippe semble être le seul éleveur de France à avoir conservé son cheptel destiné à la triple utilisation (viande-lait-énergie).

Philippe et ses voisins ont mené le plus gros de leurs troupeaux vers les hauts pâturages une semaine avant la réunion, laissant seulement quelques vaches et bœufs dans les champs près de la maison, en amont et en aval de la basse-cour avec sa collection de lapins, de poulets, et d’oies. Ces dernières s’appliquent à surveiller si attentivement la réunion, que chacun finit par être sur ses gardes lors de ses déplacements…

Philippe a déjà disposé sous le balcon du chalet une partie des jougs et des harnais qui seront exposés dans la salle communale du village de Soultzeren pendant le week-end. Nous sommes encore à la veille du début de la réunion officielle, et profitons de ce moment de tranquillité pour discuter avec les voisins et les amis de Philippe. Certains des participants viennent « étiquetés » pour l’occasion – avec des t-shirts ou des gilets indiquant leurs passions, que ce soit « Alsace », « Chevaux de trait belges », « Ferrandaise », « Concours national de débardage au cheval », « Ready to Plough » (en anglais) ou simplement « Bouviers » comme le groupe de la Vendée qui arrivera le lendemain, parce qu’ils faisaient escale le jeudi chez Michel Nioulou, le maître du blog des bouviers, pour un stage intensif de fabrication de jougs.

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Michel Nioulou avec une partie de l’équipe vendéenne, lors du stage de jougtier, Photo Léonnie Biteau

Après la traite matinale à la main dans son étable, Philippe accueille les premiers participants de la journée du jeudi. Tous se présentent et expliquent les raisons très diverses de leur intérêt pour les bovins de travail. Nombre d’entre eux viennent, comme la vétérinaire suisse, pour rencontrer Pauline Ernewein, l’ostéopathe animalière. Grande habituée des chevaux, Pauline relève avec fougue le défi d’aborder les bovins. Elle commence donc à démontrer le savoir-faire des ostéopathes professionnels pour traiter les animaux, ici les bovins, attentive à tout signe d’inconfort ressenti par l’animal, comme de ne pas bien équilibrer son rythme de marche entre le côté gauche et le côté droit. Un tel bœuf est pour ainsi dire « perdu dans ses pattes » et il faut savoir où le masser pour corriger ce déséquilibre.

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Pauline Ernewein, ostéopathe animalière, Photo Léonnie Biteau

Pauline explique aussi quelques-unes des limites légales de la profession de l’ostéopathie animale – un point toujours important dans ces métiers de soin – puis nous montre des pratiques de massage ou des points de pression, correspondant à chaque problème. Tout d’abord, comment passer la main près de la colonne vertébrale pour détecter où se situent des points de chaleur. Elle encourage ensuite plusieurs d’entre nous à essayer, et cela va confirmer que, en général, même un novice total peut trouver les mêmes points trop « chauds » que l’experte. Cette séance étant spécifiquement ouverte aux savoirs des autres, Philippe, Joël Blanc et Guy Chautard nous montrent leur propres « tours ». Par exemple, Guy pratique une technique de massage consistant à soulever la peau du dos. Plusieurs séances ultérieures à la ferme ou au village du Valtin laissent le temps à d’autres encore d’« étudier » brièvement avec Pauline. Quelques membres un peu plus âgés de l’assemblée souffrant d’arthrite, les séances de massage se sont même étendues à un genou humain, ce que le propriétaire du dit genou a qualifié de réel succès, mais c’est une autre histoire… Ce sont surtout les liens entre générations qui sont déterminants, comme l’a dit Guy à un moment donné – « j’aime donner ce que je sais, je ne sais pas tout, j’ai encore beaucoup à apprendre ». Le réseau de bouviers doit réussir à assurer ce partage des savoirs. Citons l’écho venant d’une des jeunes bouvières – « je me rends compte qu’on ne sait pas faire grand-chose et on sent que le monde va changer ».

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Guy Chautard lève la peau, Photo C. Griffin-Kremer

Après le déjeuner, version auberge espagnole, nous montons à l’étable pour laisser place à ceux qui attellent les bœufs – dont un Vosgien rouge et blanc (ces derniers représentant environ 5% des naissances). Philippe insiste toujours sur le fait de ne jamais les monter ou descendre sans faire quelque chose d’utile, par exemple, ramasser une bûche supplémentaire laissée au bord du chemin. Même un petit aparté comme celui-là réunit tout le monde pour s’essayer à porter une bûche de la meilleure façon, celle-ci étant à peu près à la limite du poids qu’une personne seule et de taille moyenne, femme ou homme, peut contrôler, en l’équilibrant sur la hanche. Cet exercice nous procure l’occasion de bien rire ensemble du côté comique des premiers essais, mais tous ceux qui s’y aventurent réussissent à bien faire en peu de temps. Concernant une tâche fréquente de débardage, Philippe nous montre comment ajuster la chaîne de tirage, positionner la paire de bœufs attelés, puis les guider pour tirer la chaîne vers l’avant afin de pousser une bûche entre deux pierres posées dans l’allée de la ferme. Il s’agit d’une répétition en vue de la démonstration publique prévue le samedi dans le village du Valtin, de l’autre côté du col de la Schlucht. Les deux bœufs de Philippe sont tellement habitués à faire cette manoeuvre qu’ils font tout le « tour » en moins de deux : sortir une bûche du tas situé près de leur pâturage, la pousser entre les deux pierres, puis la replacer de nouveau avec les autres.

C’est alors que Gilles Péquignot et Danyèle Besserer du groupe de musique traditionnelle « Au gré des vents » arrivent pour leur première intervention durant ces quatre journées. Gilles est un voisin de Philippe et ami depuis longtemps de Michel Nioulou, au point qu’il s’est décidé pendant le confinement de se mettre aussi à la taille des jougs (voir Sabots N°108 mai-juin 2022). Danyèle et Gilles ajoutent chaque jour à l’ambiance festive et amicale de la rencontre – ​​à la ferme à Soultzeren, au village du Valtin le samedi et à Soultzeren le dimanche. La convivialité étant déjà bien en place, nous recommençons nos échanges sur les enjeux de la traction bovine, sur l’avenir des agricultures à petite échelle à travers l’Europe et au-delà, et surtout sur le sujet crucial de la transmission des savoirs et sur la manière de construire une image positive de la traction animale. Comme le bouvier alsacien André Kammerer, qui à sa retraite s’est lancé le défi de ne plus conduire des trains, mais des bœufs, et qui a transmis cette passion à son petit-fils Corentin. Les conversations entre générations fusent et, à la fin, Guy Chautard, l’éleveur de Ferrandaises, passe à Corentin son béret avec le blason de la race en symbole de la transmission.

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Corentin Huber avec le béret de Guy Chautard, symbole de la transmission, Photo Léonnie Biteau

Alors que nous étions autour de la table, Guy nous a rappelé la disparition au mois de mai de Laurent Avon, autrefois à l’IDELE (Institut de l’Élevage), un des grands défenseurs de l’élevage bovin, des races à petits effectifs, de la diversité génétique et de la traction animale. Comme en écho à sa fidélité à la tâche et à sa passion, la mort l’a fauché alors qu’il était en train de visiter un troupeau de Villard-de-Lans. Nous lui devons, tout comme au soutien de son chef de l’époque à l’Institut, Jean-Maurice Duplan, les nombreux recensements de troupeaux ainsi que celui des bouviers disposant encore d’attelages. Pour Laurent, l’un des points forts des diverses fêtes de ces dernières années était de voir autant de bouviers réunis à la Fête de la Vache Nantaise au Dresny en 2018, où il a rencontré Philippe Kuhlmann, tous deux entourés des labours faits avec des bœufs – une attelée de cinq paires ! – des chevaux et des mules.

Au fur et à mesure qu’avance la journée de vendredi, nous sommes rejoints par d’autres participants, dont Claus Kropp, Président de l’AIMA (Association Internationale des Musées Agricoles), venu de la ferme expérimentale d’archéologie de Lauresham au sein de l’Abbaye de Lorsch dans le Land de Hesse en Allemagne, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Claus compte parmi les nombreux participants à avoir suivi un des stages de Philippe à l’Ecomusée d’Alsace, mais il vient cette fois « armé » d’un dynamomètre pour une expérience technique…

Un aspect frappant de la ferme de Gesellenmatt, c’est qu’il faut beaucoup chercher pour trouver ne serait-ce qu’un tout petit espace plat. C’est une vraie ferme de hautes terres. Philippe a donc délimité un minuscule champ près de son étable « éphémère », inventée à l’occasion du concours à l’Ecomusée d’Alsace sur les constructions portatives en 2017, et utilisé aujourd’hui à côté de l’étable en dur. Ce futur champ de pommes de terre nous a donc servi de site d’expérimentation de labours à l’aide de divers engins, le tout avec l’aide du dynamomètre apporté par Claus. Tous s’accordent à dire que la terre est bien trop sèche pour pouvoir pénétrer le gazon et labourer.

Le cinéaste Dominique Garing installe sa caméra pour un premier essai de tournage de ce genre de travail technique, Claus attache le dynamomètre et Batiste Rossius-Gagnon prend les commandes de l’attelage pour le premier essai. Le petit escarpement à côté du champ ajoute du piquant à cette démonstration et bon nombre de participants veulent s’y essayer. Philippe tient particulièrement à encourager les jeunes à se lancer, comme son neveu qui l’accompagne déjà dans l’élaboration de ses projets. Le fait qu’il y ait un beau contingent de jeunes, femmes et hommes, parfois même accompagnés par leurs parents, est d’ailleurs un atout pour la réunion. Pauline, l’ostéopathe, compte elle aussi parfaire son expérience des bœufs et apprendre à les mener lors du labourage. Parmi les outils de labour utilisés, Bertrand Tournaire nous présente une Kassine à disques billonneurs de PROMMATA, avec réglage adapté à la largeur de la raie envisagée, cette fois tractée par un seul bœuf sous un collier. Nous avons également assisté à un moment ludique au début de l’effort, lorsque l’outil a eu un pneu « crevé » (plutôt, tombé). Il est rapidement remis en marche et Claus lui attache le dynamomètre pour assurer une analyse comparative des divers instruments – il a promis de nous en remettre un rapport complet. Une fois tous les novices passés à l’exercice, Joël Blanc, riche de l’expérience de toute une vie, termine la tâche, et un nouveau champ de pommes de terre est planté.

Mais ce n’est pas la fin de la journée, loin de là, puisque d’autres arrivent encore, parmi lesquels Anne Wiltafsky, Allemande et experte en comportement bovin. Elle fait une introduction informelle sur la manière d’explorer les points « timides » d’un tout jeune animal, à l’aide de l’étrille. Chaque moment passé ensemble le vendredi fournit ainsi l’occasion de s’entraîner pour le programme du lendemain au village du Valtin. Tôt le matin à Soultzeren, Daniel Viry, spécialiste de débardage et habitué des fenaisons à l’ancienne, a fauché l’herbe sur le coteau près de la pâture des bœufs pour préparer sa participation à plus grande échelle au Valtin. Mais tout le monde attend aussi un autre « événement »  qui vient à point nommé, le Manuel d’attelage bovin – comment choisir, soigner et débourrer de Philippe, dont nous avons vu la tout première version en 2019. En effet, les cartons contenant les exemplaires de la seconde version du livre sont arrivés juste avant les participants.

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Philippe Kuhlmann Manuel d’attelage bovin scan couverture

Le ciel nous a souri le samedi au Valtin, petite commune de 89 habitants dans le canton de Gérardmer, mais fière d’être la plus haute du Massif vosgien et située dans le Parc Naturel des Ballons des Vosges. Le site est magnifique, tout près du col de la Schlucht, les maisons et l’église « habillées » de bardeaux de bois, portant souvent des dessins subtils, typiques de l’architecture vernaculaire régionale. Le Valtin étant proche de la frontière, il y a bon nombre de touristes allemands. La commune a prévu leur accueil, puisque chaque intervention en français ou en allemand est traduite par l’animateur de la fête. Anne, la spécialiste du comportement bovin, fascine le public, comme d’habitude, avec son « apprivoisement » si rapide de jeunes animaux. Les enfants affluent pour les caresser, même pour monter sur le dos du plus coopératif des bêtes et rester le temps d’un gros câlin. Anne apprend aussi aux enfants comment mener un jeune bovin, puis le faire tourner à gauche ou à droite. Philippe l’accompagne au micro, expliquant que la méthode d’Anne joue sur la sécrétion de l’ocytocine – appelée « l’hormone de l’amour » et produite par l’hypothalamus – qui calme à la fois un jeune bœuf et la personne qui le caresse. Voilà une des raisons pour lesquelles des thérapies de toutes sortes peuvent s’appuyer sur le contact avisé avec les animaux. Dans le travail, ce calme est le signe de l’alliance du respect et de la confiance.

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Anne Wiltafsky rapproche l’enfant et le jeune bœuf, Photo Léonnie Biteau

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Doucement, Photo C. Griffin-Kremer 

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Enfin, le gros câlin tout seul, Photo Christine Arbeit 

NB Les parents du garçon nous ont autorisé à publier ces photos

Ce contact si paisible entre les enfants et les toutes jeunes bêtes représente un événement tout en douceur et un contraste avec le travail de Philippe et de ses partenaires lors des démonstrations plus rapides, plus risquées et spectaculaires : tirer des bûches de très haut sur le flanc de montagne jusqu’au fond de la vallée, en s’assurant que le bœuf est bien en avance sur la bûche, pour que celle-ci ne puisse pas rouler et entraîner l’animal. Tâche délicate, évidemment, pour la sécurité de tous, mais réussie, et à ce propos, le public prend parfaitement au sérieux les avertissements de Philippe et de l’animateur.

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Le terrain de débardage du Valtin et la fête, Photo Léonnie Biteau

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Fanny Boisson au débardage, Photo Léonnie Biteau

Le Valtin étant tout proche de musées consacrés aux métiers du bois, du débardage ou du schlittage, Philippe porte donc une schlitte jusqu’en haut de la pente, tandis que son équipe scie le bois, ramasse les branches et charge le traîneau que Philippe descend au pas de course, seule activité de travail effectuée sans les bœufs.

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 Philippe portant la schlitte, Photo : C. Griffin-Kremer

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Photo Léonnie Biteau

En bas, un public nombreux est venu pour regarder les bouviers, mais aussi pour se détendre en dansant sur la musique de Gilles et de Danyèle. Philippe n’hésite pas à chanter en français et en alsacien – et même une chanson consacrée aux « Bovins d’abord. Tout le monde profite des stands proposés par les bénévoles de la commune où il y a de tout, du crémant d’Alsace aux hotdogs façon valtinoise. Beaucoup s’essaient à un concours de coupe de petites billes à la scie passe-partout. À la fin de la journée, il y effectivement un amas impressionnant de disques en bois, mais il règne une certaine discrétion sur les gagnants, ce qui nous amène à conclure que tout le monde était un champion.

Le groupe de jeunes bouviers vendéens prouve qu’ils aiment chanter, mais ils prennent également le micro pour rendre compte de leur stage chez Michel Nioulou, pilote du blog « Attelages Bovins Aujourd’hui » et jougtier expérimenté. Très naturellement, le ludique se marie avec le pédagogique. Il y a des activités comme la démonstration de fauchage et d’andainage traditionnels sur la pente – une association de travaux intimement liés avec la traction bovine. Christine Arbeit, pilote du groupe Facebook des bouviers, informe régulièrement tout le réseau français des faucheurs sur les événements associés à l’attelage de bœufs, pour encourager tout le réseau de métiers essentiel à l’utilisation de la traction animale.

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Batiste à l’andainage au rateau-faneur, Photo Léonnie Biteau

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Andainage au râteau au Valtin, Photo Léonnie Biteau

Fidèle participant de chaque réunion en Alsace, Jean-Claude Mann, le bourrelier, apporte toute sa panoplie pour la fête, des sonnailles à vaches encore utilisées en transhumance aux exemples de harnachement en cuir qu’il fabrique. Il encourage vivement les enfants et les autres visiteurs à essayer toutes les sonnailles – une belle publicité qui n’a pas besoin de sono… À ce propos, un fermier des hautes terres et expert collectionneur de sonnailles explique que ces cloches étaient surtout destinées à protéger les animaux en effrayant les vipères et permettaient aux vachers de les retrouver, lorsque la brume tombait. Il cultive ce passe-temps avec passion et dévouement, en constituant des archives aussi complètes que possible sur chaque pièce, comme celle datée de 1925 qu’il nous a montrée. À l’époque, on ne rivalisait pas à qui avait le plus grand tracteur. C’était à celui qui avait les plus belles vaches avec les plus belles cloches. En toute logique, il s’intéresse également au vocabulaire laitier de l’alsacien, car chacun sait combien il est urgent de sauvegarder les volets traditionnels de la langue.

Les événements du samedi au Valtin sont désormais disponibles, grâce à Vosges TV dans son émission du 2 juin intitulée « Fort comme un bœuf » où l’on parle surtout de la jeunesse. En effet, tout le monde remarque l’intérêt des jeunes et de leurs parents pour la traction animale, non comme un retour au passé, mais comme une ouverture vers le futur et une autre façon d’aborder l’agriculture et l’élevage.

En accueillant cette fête des bouviers, la commune du Valtin a su relier de nombreux éléments de son propre passé avec la passion du travail des bouviers.

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Photo Léonnie Biteau

Un soupçon de pluie nous accompagne aux premières heures du dimanche (ou comme le dit un participant, «  il pleut mouillé »), mais nous sommes bien à l’abri pour la synthèse finale. Comme tout au long du programme, on fait valoir le principe de souplesse, ne serait-ce que pour s’adapter aux souhaits exprimés par les divers participants. Par exemple, les bouviers vendéens auraient tellement voulu s’essayer à la construction d’une charrette chez Michel Nioulou, mais le temps a manqué. Chez Philippe le dimanche matin, ils tombent sur un châssis de chariot et coupent le bois pour fabriquer presque instantanément une charrette. Effectivement, la veille pendant la nuit, ceux qui dormaient à la ferme ont bien remarqué un bruit un peu mystérieux…

La pluie a décidé que ce n’était pas le moment d’insister, et nous pouvons assister à la toute première présentation d’une création de Corentin Huber. C’est parfaitement dans l’esprit d’inventivité de Philippe, qui construit ou modifie des outils pour ses propres besoins, comme les coussinets frontaux attachés directement au joug, ou son ramé, le chariot élévateur-pousseur, actionné par une paire de bœufs qui pivotent pour faire marcher l’engin – le tirant ou le poussant. C’est parfait pour convoyer des grumes ou des branchages, des bottes de foin et autres. À plusieurs reprises, Philippe nous rend attentifs à des détails. Ce sont précisément ces détails qui comptent pour la sécurité des meneurs et le bien-être des animaux. Par exemple, trouver des courroies pour les jougs de têtes qui ne gênent pas les bœufs. Pour un attelage « éducatif » à trois bêtes, composé de deux jeunes derrière un bœuf expérimenté, comment sécuriser la chaîne qui les relie pour ne pas accrocher les cornes ni toucher l’oreille ? En effet, une chaîne laissée trop lâche pourrait prendre la bête sous la mâchoire. Ajoutons que le meneur lui-même doit faire attention. S’il met les pieds des deux côtés de la chaîne, et que les bêtes démarrent rapidement, il peut avoir une surprise douloureuse…

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Photo Léonnie Biteau

De son côté, Corentin est parti sur une tout autre piste en se laissant inspirer par une observation attentive des avantages et des inconvénients du joug de garrot et du joug de tête. Donc, il invente une transition du premier au deuxième. Or, les bœufs n’ont pas l’habitude du joug de garrot et passent par quelques moments d’hésitation. Pourtant, ils réagissent rapidement et bien à la nouveauté, surtout parce qu’ils ont l’habitude de travailler ensemble, et que Corentin est un meneur expérimenté. Il lui suffit de leur mettre le joug de garrot, de dérouler le coussin feutré sur le front, d’attacher la courroie-ceinture à boucle sur le front, d’enlever la goupille pour détacher les arcs et, voilà, qu’un joug en devient un autre !

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Le joug de garrot va passer à un joug de tête, Photo Christine Arbeit

La plupart des participants devant se mettre en route pour rentrer chez eux, le dimanche au village voisin de Soultzeren passe trop vite. Mais la salle communale propose une exposition de matériel de traction bovine et nous goûtons tout de même à un bon moment de convivialité autour du repas de midi. Ensuite, Daniel Viry peut faire travailler ses deux bœufs avec le joug « innovation » de Corentin, et Philippe continue l’animation avec une démonstration de chargement de foin. Il nous reste un témoignage important : la vidéo faite par le cinéaste Dominique Garing restitue admirablement les échanges bien trop riches pour les décrire tous ici et contient des séquences très détaillées sur les aspects techniques, sans oublier les moments de détente et d’humour partagés.

Au moment du départ, nous pensons au mot d’ordre « les bœufs d’abord » qui n’exclut en rien toute la diversité de l’énergie animale, mais rappelle – comme la chanson du même nom – que l’art rupestre de la préhistoire européenne montre les bovins comme les premiers partenaires de travail des champs de l’être humain. L’enthousiasme pour la transmission dont la réunion à Soultzeren a fourni la preuve, nous permet de tourner nos regards résolument vers l’avenir et de nous inspirer du mot d’un des participants : « Le passé instruit l’avenir, c’est l’avenir qui est important. »

Cozette Griffin-Kremer

 

Notes

Gilles Péquignot « On se construit des rencontres que l’on fait » sur la taille des jougs, Sabots N°108 mai-juin 2022, pp. 56-57, et sur le blog Attelages Bovins Aujourd’hui Cliquez ici pour voir 

Hommage à Laurent Avon par Pierre-Louis Gastinel, ancien chef du Département Génétique de l’Institut de l’Élevage sur site Internet de « La Chèvre des Pyrénées » Cliquez ici pour voir 

Pauline Ernewein, ostéopathe animalière, Cliquez ici pour voir 

Philippe Kuhlmann, Manuel d’attelage bovin – comment choisir, soigner et débourrer, 2022, ISBN 979 10 699 9483 6, illustrations noir-et-blanc et couleurs, 222 pages. Cliquez ici pour voir

Vosges TV émission du 2 juin, « Fort comme un bœuf »  Cliquez ici pour voir

Jean-Léo Dugast. Fête de la Vache Nantaise, Sabots N°87, 22-31.

« La traversée des bouviers », voyage estival chez des bouviers français, Corentin Huber (67)

"La traversée des bouviers"

A presque une année de notre première rencontre, au détour d’une soirée, il aura suffit d’un simple message lancé sur le ton de la rigolade pour que nous nous lancions le défi de partir à la rencontre des bouviers à travers la France. C’est grâce à cela que, le mois d’août suivant, nous avons commencé notre incroyable aventure « La traversée des bouviers ».

            Le but a été de partir de la Vendée pour rejoindre l’Alsace et la Lorraine, en sachant que les détours risquaient d’être plutôt nombreux.

C’est donc un an après notre rencontre, jour pour jour, que nous nous sommes retrouvés près de Guérande pour partir, deux jours plus tard, vivre une expérience unique en son genre, avec comme règle d’or pour le voyage : “Le programme c’est qu’y a pas d’programme” . On avait juste des adresses et des jours de passage. Le reste s’est décidé au jour le jour, en fonction de nos envies et des opportunités.

 

Voici donc le petit journal de bord tenu par nos soins :

 

–       Mardi 9 Août : Un grand voyage

“Hoppla sech gut*, pour le grand départ”.  Direction le Puy du Fou pour y retrouver plusieurs amis bouviers de l’académie des bouviers du Puy du Fou.

 *C’est bon

            Après une visite guidée de ce site aussi surprenant que magique, nous avons assisté à un enchaînement de spectacles plus beaux les uns que les autres. Une seule et unique réponse nous venait à la fin de chaque spectacle : “WWWWOOOOUUUAAAHOUUU!”

            Non, non, on ne rigole pas, ça a vraiment été la réaction de l’un de nous deux qui n’a eu que ce mot à la bouche tout au long de la journée.

            Nous avons clôturé cette première journée avec l’ensemble des bouviers du Puy autour d’un repas bien arrosé et riche de partage. La nuit fut donc courte pour certains, qui avaient reçu comme un coup de massue sur la tête. (On mettra évidemment tout cela sur le dos de la fatigue)

 

–       Mercredi 10 août : La visite vue de l’extérieur

Après un réveil compliqué pour certains … nous avons pu découvrir à quel point le Puy est immense. L’espace foulé par les spectateurs n’est rien comparé à la superficie totale du parc. Des prairies immenses entourent le site, sans compter les coulisses, les divers bâtiments et les hôtels. Nous avons profité de cette journée pour rencontrer les protagonistes au cœur de notre projet : Les bœufs du Puy-Du-Fou. Ces derniers sont grands et d’une couleur proche du blanc “pour être un maximum visibles lors des spectacles nocturnes”.

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            Pour ce qui est du dressage dressage, les bœufs sont achetés généralement par paires en cours d’apprentissage ou déjà dressés pour réduire le travail des académiciens et aller directement à l’essentiel : obtenir des bœufs prêts pour les spectacles ! Participer aux spectacles leur demande un grand travail de contrôle et un sang-froid incroyable en toute circonstance pour rester stoïques malgré l’agitation, le bruit, les simulations d’explosions, les jeux de lumière… En aucun cas cela ne facilite l’apprentissage, les seuls avantages sont d’avoir des bœufs déjà grands et donc plus rapidement disponibles au travail.

            Pour ce qui est du menage, cela reste standard, comme nous pourrons en voir par la suite lors de notre périple : une personne à l’avant de leurs têtes, et une autre à l’arrière lors des spectacles.

 

            La journée se termine encore rapidement, et quoi de mieux qu’un labyrinthe de maïs géant pour finir ?

 

–       Jeudi 11 août : Premier changement d’environnement

“Direction l’Ecosse, et on pensait pas que c’était si proche de la Vendée”!!

            Comme nous sommes plutôt chanceux, on va dire que l’Ecosse est venue à nous en Vendée. Nous y avons rencontré Vigoureux et Caramel, deux supers Highlands.

 

            Ces deux highlands sont en cours de dressage. Ce qui est intéressant à voir dans leur fonctionnement est plutôt simple à constater mais moins facile à appliquer. Leur corde, qui nous permet de les tenir, et ne sert qu’en cas de danger lors de promenades où nous nous retrouvons à l’avant. Nous avons donc appris à les mener et marcher avec eux sans les tenir, simplement grâce à un bâton que nous n’utilisons que pour avoir un léger contact et demander aux boeufs d’avancer et les cadrer. C’est plus un outils préventif qu’autre chose, car nous l’utilisons de manière vraiment restreinte, le but étant d’avoir un animal marchant de manière coopérative et calme, et non sous la contrainte.

Une seule personne suffit pour mener la paire sans joug. Autant vous dire que les manœuvres sont plutôt intéressantes et compliquées lorsque Caramel décide de n’en faire qu’à sa tête.

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Dans la journée Pauline avouera : «C’est dur d’être à l’aise avec d’aussi grandes cornes derrière soi »

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On va pas se mentir, ce jour-là, il a fait chaud. Donc quoi de mieux qu’une balade dans le marais Poitevin pour se rafraîchir. Et là encore, pour changer, nous avons vu quelques bovins en train de se rafraîchir au bord de l’eau.

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Cela nous a permis de clôturer la journée par un petit restaurant sympathique avec des spécialités Vendéennes.

–       Vendredi 12 : Le retour du grand Wwoouuuuaaahouuu

« Ohhh yeeeeh c’est quand même impressionnant le Puy du Fou »

Nous sommes retournés en Écosse. Ce matin, nous nous sommes levés plus tôt que d’habitude pour aller nous balader à la fraîche. Nous avons pu tester la balade en solo sans corde, de nouveau sur une longue distance. Cela nous a permis de voir comment se déplacent ces bovins, dans les forêts, avec des grandes cornes, en montée et en descente, dans les virages, entre les arbres, proches de clôtures… et croyez-nous, Vigoureux et Caramel sont loin d’être aussi maladroits qu’on pourrait le penser au vu de la taille de leurs cornes. Quand la chaleur est arrivée, après deux heures de marche, nous sommes retournés à l’étable.

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Après une pause à midi, nous y sommes retournés pour essayer le joug vendéen. Julien, qui est à l’académie du Puy du Fou, nous a montré comment lier les bovins à la méthode Vendéenne.

Nous avons enchaîné sur les prototypes de joug de l’un de nos deux aventuriers. Cela a permis à Léonnie, Pauline et Julien de voir la différence de technique entre la plaine et la montagne. En Vendée, où le terrain est principalement plat, les cornes sont stabilisées et bien fixes sur le joug alors que dans l’Est et dans les pays montagneux, nous laissons plus de jeu au niveau des cornes, ce qui permet de limiter les contraintes sur la nuque du bovin sur des terrains escarpés… Mais là n’est pas le sujet de cet article.

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La journée se termine finalement sur la Cinéscénie, et là encore, un seul mot à dire « Wwoouuuuaaahouuu » c’est si impressionnant de voir tout ce monde bouger, toutes ces mises en scène, le décor qui change au fur et à mesure de l’histoire. On va pas mentir, ça nous a mis des étoiles dans les yeux et nous nous sommes vite rendu compte qu’il nous faudrait bien plus qu’un spectacle pour assister à toutes les mises en scènes se déroulant lors d’une Cinéscénie.

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Le spectacle se termine finalement, et nous retrouvons la majorité des bouviers du Puy autour d’un dernier verre (de jus de fruit cette fois, oui ça nous arrive parfois !)

 

C’est sur ces dernières notes que nous avons clôturé cette étape vendéenne riche en rire et aventures.

 

–       Samedi 13 : C’est les Deux-Sèvres ou le Sahara?

« Vingt dieux, c’est pas aujourd’hui qu’on va faire une raclette »

 

Eh oui, une chaleur étouffante nous a pris de court. Heureusement, les bœufs Vosgiens sont résistants ! On vous présente Max et Gaston, deux bœufs Vosgiens encore en cours de dressage. La paire est magnifique, et ces deux mastodontes sont complémentaires.

Cette rencontre a lieu au Musée du Tumulus de Bougon, lors d’une journée de reconstitution sur un site archéologique.

La journée a été rythmée par beaucoup de discussions et d’échanges sur la pratique de la traction bovine avec Jo Durand, Laurent Martin et notre chère Léonie qui a souhaité réaliser un petit bout de l’aventure avec nous. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’aujourd’hui presque tous les bovins utilisés (je cite) « manquent de précision ». À vrai dire, nous en sommes convaincus, la barre est suffisante pour assurer du spectacle, mais en aucun cas elle n’est assez haute pour faire de la précision de la précision avec les bovins.

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Le soir, après un petit piquenique, nous avons tenté de dormir à la belle étoile. Cela n’a pas été une grande réussite car au bout de quelques heures, l’orage est venu nous taquiner. Heureusement, Pauline a pu se réfugier sous la tente de Léonnie et Corentin dans notre cher Kangoo.

 

–       Dimanche 14 : Un nouvel arrivant dans notre séjour

« Papy nous a rejoints pour nous faire un petit schmoutz *»

 *Bisous

Vous vous demandez peut-être qui est papy ? Ce n’est personne d’autre qu’André Kammerer, le grand-père et premier partenaire d’aventure de Corentin. Il a fait le choix de quitter l’Alsace quelques jours pour nous rejoindre sur le parcours pour une étape pleine de remise en question et d’échange.

Toujours dans les Deux-Sèvres, il nous a retrouvés pour suivre quelques jours notre périple avec nous. Ce jour-là, il a fait moins chaud et nous avons donc pu voir un peu plus de monde sur le site afin de réaliser et assister à des démonstrations de battage des céréales grâce aux bœufs. Nous avons pu découvrir le fonctionnement d’un tribulum et de quelques autres inventions historiques, après avoir fait un petit essai longues rênes et en paire.

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Par la suite, nous avons laissé Laurent Martin, et nous sommes partis avec Jo et André pour la Creuse.

–       Lundi 15 : La Creuse c’est dépaysant

« On a l’impression d’être seul et perdu mais tout le monde se connaît, c’est très accueillant »

Il faut dire que Jo est une personne très familière pour Corentin et son papy. Cela fait depuis 2009 que notre pèlerin connaît Jo et son grand-père l’avait rencontré bien avant.

Après un ramassage de haricots, nous avons échangé sur l’agriculture actuelle, et sur le fait que les bovins sont de plus en plus sensibles et fragiles, donc moins aptes à faire de la traction animale. Cet échange nous a pris presque toute la journée, nous avons découvert l’endroit où Jo vit en presque totale autonomie.

Par la suite, nous sommes allés voir les quelques bovins qu’il possède.

Cette rencontre nous a permis d’échanger les connaissance, mais dans un échange, le principe est de repartir avec avec, comme dans tout échange, un partage des savoirs. Et justement, ces derniers temps, Jo rencontrait un problème avec sa vache favorite qui marchait mal et refusait souvent le travail.

Pauline, en a donc profité pour nous faire un cours rapide sur les séances d’ostéopathie, autour des impacts du travail, du matériel, du milieu de vie et des irrégularités locomotrices sur l’animal. Tout le monde a donc pu assister et participer à un petit atelier permettant de commencer à développer son ressenti afin de localiser des zones douloureuses, chercher, aider et soulager l’animal. C’est loin d’un diplôme mais ça peut toujours être utile.

La journée s’est terminée vers 1h du matin après avoir monté une tente dans le noir sous la pluie. Bref… on est définitivement toujours aussi bien organisés!!

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–       Mardi 16 : Déjà une semaine que nous sommes partis

« La Creuse c’est humide même sans pluie »

Aujourd’hui, nous avons eu un cours sur les longues rênes, la source principale de travail de Jo, Pascal (son fils) et Mélanie. Le travail aux longues rênes est très intéressant et totalement opposé à celui consistant à tenir l’animal au licol par devant. Il faut apprendre à l’animal à faire son propre chemin et ne pas nous suivre.

Ce voyage, nous permet vraiment de découvrir énormément de choses car le travail aux longues rênes sur des bovins est très rare contrairement au monde équin…

Pascal et Mélanie nous ont raconté leurs histoires et la raison pour laquelle ils sont devenus autonomes en utilisant le travail avec des bovins. Cela nous a permis d’avoir un regard différent sur la société actuelle et le monde dans lequel nous vivons. A noter que la cuisine de Mélanie était excellente !!

 

–       Mercredi 17 : L’heure est à la pratique

« Maintenant ta schness* et on pratique »

C’est bien beau de parler, mais la pratique c’est encore mieux pour comprendre. Avec l’une des vaches appelée Patuki, nous avons fait un petit peu de travail de maraîchage. Pour certains, une initiation aux longues rênes, pour d’autres une initiation au sous-solage et une mise en place de buttes.

*Ta gueule, ta bouche

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Mais pour tout le monde ce fut un grand cours de maraîchage ! Avec une explication du cycle de l’eau, de la terre et de l’environnement d’un potager ou d’un verger. L’apprentissage est intéressant voire même captivant et étonnamment, en l’espace de quelques instants, tous ces vastes sujets ont été abordés avec simplicité.

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Sur sa lancée, Corentin a pris une jeune génisse tout juste au début de son apprentissage et cela pour un long trajet. Le but était d’aller de chez Pascal à chez Jo. En la tenant toujours aux longues rênes. Il faut dire que pour le meneur comme pour la génisse, le trajet est long et éprouvant. Le cerveau est en perpétuelle réflexion chez les deux individus et la force est mise un peu à l’épreuve quand les deux esprits ne s’accordent pas.

 Pour finir, chez Jo, nous avons mangé entourés de woofers qui ont pu rajouter de la richesse à nos échanges.

 

–       Jeudi 18 : L’Écosse ne serait-elle pas un peu de retour

« L’évolution d’une séance d’ostéopathie n’est-elle pas incroyable au fils des jours »

Au fil des jours chez Jo, nous avons pu constater l’évolution de la séance d’ostéopathie faite le lundi. Pour récapituler, suite à la séance, la vache a commencé à boiter encore plus jusqu’au mardi en fin de journée. Le mercredi, elle s’est mise à remarcher plus normalement et son bassin commencé à se remettre droit. On voyait clairement le soulagement apporté à cette vache. Pauline a fait quelques derniers exercices pour être certaine de partir en laissant une vache bien dans son corps derrière elle, avant que qu’elle et Corentin ne plient bagage.

 

Nous sommes allés rencontrer Andy Gadet, un éleveur de Highland, lui aussi bouvier faisant de la traction animale avec des Charolais. Après un échange autour de quelques produits faits par ses soins grâce à son élevage de Highlands, il nous a montré, encore une fois, que les Highlands sont de merveilleux bovins très intelligents.

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Par la suite, nous sommes allés voir sa paire de Charolais extrêmement impressionnante par sa taille, mais les boeufs sont justement si grands que cela finit par rendre leur travail trop épuisant.

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Nous avons fini notre journée vers Allanche.

–       Vendredi 19 : Un peu de repos

« Aujourd’hui, je garde les pieds dans mes schlopps* »

Faut dire ce qui est, on n’a rien fait ce jours-là, mais c’est tout aussi plaisant que de voyager par moments.

Un peu de tourisme, quelques rencontres, … et puis l’appel d’une sainte brasserie qui nous a accueilli pour une visite avec dégustation… Un conseil, si vous passez par Allanche, arrêtez- vous à la brasserie des Estives, vous y serez bien accueillis, parole de dégustateurs !

 *chaussons

–       Samedi 20 : Une rencontre inattendue et si belle

« Faut dire que des bovins sur un site de concours modèles et allures pour chevaux c’est inattendu surtout quand ils appartiennent à un bouvier différent de la personne que nous sommes venus voir »

Alors là, on ne pensait vraiment pas que ça allait arriver. En faisant le tour du concours, on est tombé sur une paire de Salers. On a cru un instant que c’était la paire de André Varay, mais non… Sortis de nulle part, Maurice Chevalier était là, dans un coin du terrain, accompagné de Gaston et Mignon, ses deux bœufs Salers de 10 ans.

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 Nous pensons réellement pouvoir affirmer que ces deux bœufs sont les plus imposants rencontrés durant le voyage. Ils sont magnifiques … et une fois n’est pas coutume, nous avons pu lâcher un autre WAAAAAAAAHOUUUUU !

Maurice est un personnage incroyable qui partage la même passion que Corentin et Pauline : les bovins : il ne peut pas arrêter de pratiquer, ça lui paraît impossible !

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La journée a été très chaude et sans ombre. Tout le monde n’en est pas sorti indemne, les coups de chaleur ont été de la partie. Mais aucune perte à déplorer.

Par curiosité, Pauline a réalisé une séance sur l’un des bœufs, qui s’est avérée sportive vu leur taille et leur corpulence mais pour une première, elle s’en est bien sortie. On aurait dit une enfant devant le nouveau jouet de l’année, des paillettes dans les yeux à l’idée de poser ses mains dessus et d’essayer ses techniques manuelles. Un tabouret n’aurait clairement pas été de refus vu la taille…

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–       Dimanche 21 : C’est la fin, ne partez pas si vite, la dernière journée réserve une surprise et une remise en question.

« Sniff on peut pas arrêter maintenant si ? »

Eh oui c’est le dernier jour de ce périple.

Pour finir en beauté, nous sommes allés voir Jean Luc Guerringue.

En arrivant, il n’était pas seul. Il avait en effet invité un ami apprenti bouvier de quelques mois et une personne avec une année d’expérience aussi !

Notre échange s’est porté vers toute la traction animale avec un regard différent en fonction du panel d’expérience de chacun. Jean-Luc a profité de cette rencontre pour nous montrer sa paire, ses chevaux, son jardin, tout…

jl guerringue traversée corentin. La traversée des bouviers

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C’est sur ces dernières notes que s’achève finalement cette première aventure. Des animaux attendent Pauline pour leurs soins en Lorraine et Corentin aussi doit repartir pour différents rendez-vous et son travail. Mais cela n’est certainement pas une fin en soi, plutôt un entracte avant la suite de nombreuses aventures.

Corentin rajoutera juste :

          « Vers la fin de la journée, je me suis rendu compte de ce que nous avons vécu et appris. C’est passé si vite que j’ai oublié de penser à la suite : qu’est-ce qu’on va faire de cette histoire ? Faut-il la partager ? Faut-il changer quelque chose dans cette pratique ? Dans notre monde ? …

    Personnellement, je veux partager ces moments, c’est pour cela que vous avez pu lire cet article. C’est aussi suite à cet échange que je voulais partager avec vous une petite réflexion personnelle. Pourquoi faut-il toujours ramener le savoir en Alsace lors des rencontres annuelles de l’ascension, pourquoi ne pas aller aussi le chercher aux nombreuses sources existantes ? »

Les jeunes de l’académie des bouviers du Puy du Fou en journée de découverte/formation à la taille des jougs chez Michel Nioulou, Charnay-lès-Mâcon (71)

malgré la fatigue la satisfaction est sur les visages

Jougtiers, la relève arrive…

Vendredi 27 Mai 2022 au matin, Charnay-lès-Mâcon, sept heure trente, sept Jeunes de l’Académie des Bouviers du Puy du Fou arrivent les bras chargés de brioches Vendéennes, de pain frais et de viennoiseries pour un petit déjeuner copieux chez nous.

Lionel Rapin, l’encadrant du groupe, m’avait dit, tu fais juste le café, on amène le reste !

Ce matin là, Véronique mon épouse et moi même accueillons sept passionnés de bovins et de traction bovine.

Sur la route de l’Alsace pour se rendre aux quatre journées «  Les bovins d’abord » organisées par Philippe Kuhlmann à Soultzeren et au Valtin pendant le long pont de L’ascension, les jeunes Vendéens profitent de leur déplacement loin de leur région pour s’arrêter chez nous et consacrer une journée complète à la découverte de la taille de deux jougs Vendéens.

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Dès huit heures passées, les forces emmagasinées pour la matinée, nous nous dirigeons vers le bac où trempent depuis trois ans des billes de hêtre. Nous choisissons les deux meilleures en prenant en compte tous les critères de qualité nécessaires à la réalisation de deux jougs sans défauts de bois.

Les billes de hêtre sont sorties de l'eau

La première chose qui surprend les jeunes stagiaires est le poids conséquent des pièces pourtant de sections raisonnables de treize par quinze centimètres et d’un mètre soixante dix de long. Elles sont immergées depuis leur abattage pour qu’elles restent tendres lors de leur taille. Leur séjour prolongé dans le bac les a bien sûr saturées en eau. Depuis au moins deux ans, le bois est « coulé », c’est-à-dire qu’il n’a plus besoin d’être chargé de poids pour rester immergé. Ils peuvent ainsi rester des dizaines années sous l’eau sans s’altérer.

 la journée va débuter

On dépose les deux futurs jougs sur le chantier éphémère installé au milieu du jardin.

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Nous sommes en pleine ville et pourtant, fondus dans la végétation et sous des toiles tendues qui nous tiennent au frais, nous allons vivre une journée de travail qui restera mémorable tant pour l’ambiance très conviviale qui c’est installée dès le matin que par l’essence même de cette rencontre :apprendre à tailler des jougs en 2022 et transmettre un savoir-faire dont l’avenir reste précaire.

haches et herminettes sont à disposition

On sort les gabarits et nous décidons de tracer deux jougs de tailles différentes. Le tracé terminé, les axes repérés, nous entamons la taille de dégrossi.

premiers coups de haches pour Julien et Corentin

Au début, les gestes sont hésitants. Peu de gens, qui plus est des personnes jeunes, ont encore l’usage régulier de la hache et encore moins de l’herminette. Mais au fil de la journée, à force de conseils et par la confiance acquise progressivement par chacun dans l’usage des outils, le geste devient meilleur et plus précis.

On commence par l’évidement des têtières, le travail est physique, la hache tombe avec force et les copeaux volent. Je leur conseille de s’économiser, d’avoir des gestes réfléchis et de ne pas travailler en force mais plutôt en souplesse avec les jambes fléchies.

sous l'oeil du chef

sept Vendéens au travail en Bourgogne

Benjamin et Lionel chacun sa technique

Xavier et Benjamin

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on reprend quelques repères

Mais l’enthousiasme est tel que nos jeunes qui travaillent à trois ou quatre par joug en se relayant, restent très dynamiques et rapidement les quatre voûtes de têtière des deux jougs sont creusées.

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Après un nouveau petit casse-croûte vers neuf heure trente (la Vendée et la Bourgogne ont la réputation de bien se tenir à table!!), nous attaquons le dégagement de l’arrière des têtières. La pièce commence à ressembler à un joug. Tous se réjouissent de voir apparaître progressivement la forme de l’objet qu’ils utilisent chaque semaine avec les paires de bœufs qu’ils attellent ou qu’ils côtoient. Ils prennent aussi conscience de l’investissement physique nécessaire à la réalisation d’un objet qu’on peut parfois considérer comme bien banal.

on dégage l'arrière des têtières, le joug commence à apparaitre

calage du joug pour travailler au bon angle

Je veille à ce que la taille des deux pièces avance à la même vitesse. Je prends aussi parfois la hache ou l’herminette pour rattraper un petit retard et parfois montrer à nouveau les gestes.

Michel Nioulou montre le geste avec une grande herminette

A midi, après avoir remis les pièces dans l’eau, la pause est la bienvenue.

à midi on remet les jougs à l'eau

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Un repas Mâconnais préparé par Véronique avec saucisson à cuire, pommes de terre et gaufrettes Mâconnaises est plutôt apprécié. Le repas est un moment de partage, on parle, on rit, on échange. Je sens avec moi un groupe uni où chacun paraît toujours très motivé par le projet malgré le côté physique de la taille.

petit souvenir

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le repas de midi avec la forêt de petits plans de frênes

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Nous avions préparé un petit cadeau, en l’occurrence un petit plant de frêne à planter symbolisant en partie l’avenir de la planète, mais aussi des futures billes de bois dans lesquelles pourront se tailler des jougs : pas d’arbres, pas de jougs !!! Y était joint un petit porte-clef de cuir en forme de vache réalisé par une amie.

La symbolique de l’avenir du climat ainsi que l’avenir de la taille des jougs en passant par un arbre à planter me semblaient importants. La lenteur de la pousse d’un arbre, le temps nécessaire à la réalisation d’un joug, le pas lent des bœufs, tout se rejoint !!

Le départ pour l’Alsace est prévu à dix-sept heures, le temps est compté !!

Nous ne finirons pas les jougs c’est sûr, mais nous allons tout faire pour bien les avancer. En effet, Christine Arbeit, co-organisatrice de la rencontre en Alsace, a demandé à ce que l’équipe présente le travail réalisé au cours de cette journée de taille lors d’une intervention le samedi au Valtin.

La journée ici en Saône-et-Loire est un peu un événement décentralisé des rencontres Alsaciennes, car Véronique et moi ne pouvions pas être présent dans la haute vallée de Münster cette année.

tombée des oreilles à la grande herminette

Benjamin commence à tailler la piotte

Chacun se remet donc au travail pour avancer la taille, on tombe les oreilles, on taille la piotte (le corps central du joug). En fin de journée, je montre rapidement quelques étapes suivantes mais, du fait du temps trop restreint à la maison, à leur retour en Vendée, les jeunes devront finir seuls avec l’appui d’un document écrit que je leur ai communiqué avant même leur venue. Ils seront aussi aidés par les sept vidéos de la taille d’un joug Vendéen de A à Z, qui sont en ligne sur le site « Attelages Bovins d’Aujourd’hui » (cliquez ici pour voir).

On enveloppe les deux jougs humides dans une bâche et l’équipe recharge le camion avant de reprendre la route pour Soultzeren et rejoindre l’Alsace et la rencontre « les Bovins d’abord ».

Fin d’un moment rare !!

Parmi Benjamin, Corentin, Hugo, Julien, Léonie, Lionel et Xavier se trouvent peut-être le ou les futurs passeurs du geste. Leur implication et leur engagement se ressent dès les premiers contacts.

Même si la bonne humeur et les blagues fusent sans décesser, l’objectif du projet n’est jamais perdu de vue et le découragement jamais de mise. L’humour n’a jamais freiné le travail et la journée a été très constructive. Leur détermination dans leurs projets autour des bovins d’attelage me paraît rassurante.

A ma connaissance, depuis les disparitions ces dernières années de René Alibert, Pierre Mougin et Marius Saint Léger, il n’y a plus d’anciens jougtiers « de tradition ». Depuis 2005, nous sommes trois à avoir repris la fabrication des jougs de travail : Lionel Rouanet dans les Pyrénées, Gilles Péquiniot en Alsace et moi-même en Bourgogne. Lionel est le plus jeune, Gilles et moi-même approchons la soixantaine, il faut absolument que des jeunes reprennent le flambeau. Lionel a déjà eu quelques stagiaires et moi les sept de cette journée. Je suis bien sûr prêt à réitérer l’opération.

L’avenir de la fabrication des jougs est peut-être en partie passé par Charnay-lès-Mâcon ce 27 Mai 2022 et, sans vanité aucune, j’en suis très heureux et rassuré.

Merci les jeunes, ces moments de partage ont été forts !!

Michel Nioulou

team bouviers jougtiers

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on se concentre sur les explications

côté Corentin la têtière est déjà bien évidée

Hugo et Corentin appliqués et concentrés

le chantier bien à l'ombre va attaquer

Léonnie passionnée de photo et bouvière a pris de nombreux clichés au cours de la journée

Léonnie Biteau (85)

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Léonnie Biteau est une jeune passionnée d’attelages de boeufs. C’est aussi une photographe émérite .

Elle nous présente aujourd’hui son parcours.

Merci à elle pour ce texte ainsi que pour sa précieuse, régulière et importante collaboration au site en nous faisant partager ses clichés.

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Je m’appelle Léonnie, et en octobre 2016, je suis allée à la rencontre du monde des bouviers pour faire un reportage photo. Ces toucheurs de bœufs transmettent leur savoir et leur passion aux jeunes de l’association dans un célèbre parc en France .

On m’accueille volontiers, je suis la seule femme cette année-là. J’ai la chance d’apprendre en même temps que de faire des clichés.

Les premiers bœufs que j’ai menés sont Heureux et Hasard. J’ai mordu à l’hameçon. Après la première année, le reportage est fini et je signe à nouveau pour les années qui suivent.

A la fin de l’été 2018, j’entends pour la première fois parler de « la Fête de la Vache Nantaise » 

On recherche des bénévoles pour tenir un stand afin de présenter la traction bovine. Je me porte volontaire pour les trois jours en septembre. Je ne sais pas à quoi m’attendre.

Merveilleusement bien accueillie, j’ai rencontré beaucoup de passionnés de toute la France. On est continuellement en échange sur des sujets très variés, des remises en question sur certaines pratiques. Beaucoup de moments forts, de souvenirs notamment avec la grande attelée (jusqu’à cinq paires en même temps!). Le prochain rendez-vous est donné dans quatre ans.

Quelques mois plus tard, je suis en Alsace et plus précisément à l’Ecomusée d’Alsace d’Ungersheim. Tous les ans, à la même période pendant le pont du jeudi de l’Ascension, le site accueille le rassemblement national des bouviers

Beaucoup de surprises, des personnes venant de toutes les régions de France et des différents pays alentours. On vient chercher des réponses ou découvrir cette pratique singulière dans l’échange.

Fin 2019, j’ai envie de découvrir d’autres techniques, gagner en expérience et rencontrer de nouvelles personnes.

Sur le site « Attelages Bovins d’Aujourd’hui », j’avais repéré une annonce assez particulière. Une personne cherchait quelqu’un pour l’aider à dresser une paire de Highlands de trois ans, pas si loin de chez moi.

Je me suis lancée, et j’y suis allée. J’ai découvert un travail au joug-cadre et l’instauration d’une base pour démarrer le dressage. Un jour, le propriétaire me fait la proposition de me céder ses bœufs. C’était inattendu, je ne pensais pas acquérir une paire à quelques mois de mes vingt-trois ans. J’accepte après réflexion de me lancer dans l’aventure. Je vais pouvoir grandir avec eux, apprendre, évoluer. Dans les prochaines années j’aimerais sortir, faire des animations et quelques événements autour de chez moi, montrer cette paire atypique et sensibiliser les personnes sur la traction animale et la relation que j’ai avec Caramel et Vigoureux, mes Highlands.

En quatre ans, j’ai fait beaucoup de chemin, mais une chose est sûre. Je n’ai jamais été aussi heureuse de m’adonner à cette passion. Ainsi le hasard fait bien bien les choses.

Rencontres de bouviers 2019 en Alsace, reportage photographique de Léonnie Biteau

Voici en dix-sept parties publiées au fil des jours, des clichés réalisés par Léonnie Biteau aux rencontres de bouviers 2019 à l’Ecomusée d’Alsace d’Ungersheim.

Elle a laissé traîner discrètement son oeil et son cadre sur quatre jours de rencontres riches et diverses.

Merci à elle pour sa remarquable contribution et son travail de qualité.

 Partie 1 

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Partie 2

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Partie 3

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Partie 4

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Partie 6

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Partie 7

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Partie 8

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Partie 9 

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Partie 10

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Partie 11

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Partie 12

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Partie 15

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Léonnie BITEAU-série 8 (10). Rencontres de bouviers

Reportage photographique de Léonnie Biteau sur le pôle traction animale à la Fête de la vache Nantaise 2018

Léonnie Biteau est une excellente photographe (Voir son Instagram en cliquant ici) et côtoie la traction bovine au sein de l’académie des bouviers du Puy du Fou.

Elle était présente à la Fête de la vache Nantaise 2018 au Dresny et nous a permis de publier son travail réalisé sur l’événement.

Nous la remercions très chaleureusement de cette collaboration.

Partie 1 : La grande attelée de boeufs

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Partie 2 : Les boeufs de Jean-Bernard Huon. 

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Partie 3: Jérémy Bulteau 

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Partie 4 : Jean-Marc Chauveau

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Partie 5: Joseph Durand 

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Partie 6: Lionel Rouanet, jougtier 

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Partie 7: Emmanuel et Emile Fleurentdidier 

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Partie 8: Pierre Nabos

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Partie 9 : quelques ambiances autour des boeufs et des bouviers

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Quatorzième rencontre de bouviers en Alsace, Ungersheim 2019 (68)

2019 EMA 9. Du 30 Mai au 2 Juin 2019, la quatorzième rencontre de bouviers

Du 30 Mai au 2 Juin 2019, la quatorzième rencontre de bouviers à l’Ecomusée d’Alsace d’Ungersheim, s’est révélée cette année comme un cru du renouveau et de l’avenir ! 

Si chaque session est à chaque fois un événement qui permet à chacun de repartir chez soit revigoré, avec le plein de dynamisme et de projets, on peut constater que celle-ci est au dessus de toutes les autres par sa richesse.

Vidéo des rencontres, première partie

Vidéo des rencontres, deuxième partie

Vidéo des rencontres, troisième partie

Philippe Kuhlmann, paysan éleveur/dresseur/utilisateur de bovins attelés à Soultzeren (68), élément moteur des rencontres, est à remercier grandement. Son engagement dans la transmission des savoirs autour de l’attelage des bovins est quotidien et les rencontres lui permettent de favoriser encore plus cette passation par l’émulation qu’elles suscitent.

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Le site exceptionnel de l’Ecomusée d’Alsace, l’investissement de ses dirigeants, de son personnel et de ses bénévoles, l’intendance, la mise à disposition des animaux, l’utilisation du matériel, des locaux et de l’espace, sont aussi des facteurs primordiaux de la réussite de l’événement, tous les participants en sont conscients et reconnaissants.

Le noyau dur des rencontres constitué au fil des années était bien sûr présent autour de Philippe : Emmanuel Fleurentdidier, Christine Arbeit, Agnès et Luc Bernard, Jean Luc Guerringue, André Kammere , Cozette Griffin Kremer, Nicole Bochet, Véronique mon épouse et votre serviteur…

De nombreuses « nouvelles têtes » comme Serge Capmas ou Fréderic Grivel, sont venus renforcer par leur présence le cercle grandissant des bouviers venant aux rencontres.

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Frédéric Grivel éleveur et meneur de bovins Vosgiens, après des années de double activité devrait prochainement s’installer à plein temps en agricole avec un projet de centre de formation en traction bovine, épaulé par Philippe dans la continuité du travail que ce dernier mène depuis des années chez lui.

Plusieurs paysans, travaillant déjà en traction animale ou non, sont venus pour découvrir ou affiner un projet de mise en route de la traction bovine sur leurs fermes comme Marc Van Overschelde  venu de Belgique ou Laure et Dominique Darphin venus de la région de Dijon.

Pour cette édition, dont le thème central était «Travailler réellement avec des boeufs au XXIème siècle », on a pu constater l’investissement autour de la pratique de nombreux jeunes entre 16 et 30 ans.

Etaient présents, entre autres, Léonnie Biteau venue du Puy du Fou, Corentin Huber qui attelle dans les pas de son grand-père André Kammerer, Mélusine Bailloux-Arbeit la fille de Christine Arbeit, Emile Fleurentdidier qui mène des bovins depuis son plus jeune âge avec son père Emmanuel, Nils Bolt, jeune maréchal-ferrant Suisse Allemand qui, pour se former, rencontre tour à tour toutes les personnes en France qui ferrent les bovins. Enfin, plusieurs autres jeunes Suisses, Belges et Français, ex-stagiaires en traction bovine aux stages à l’écomusée, étaient venus avec le projet d’atteler prochainement….

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Les rencontres sont l’occasion de prendre le temps de parler, d’échanger, de partager ses expériences.

Le jeudi matin, chacun a pu se présenter à l’occasion d’un « tour de table » suivi du repas qui favorise largement les échanges.

Merci aux bénévoles de l’écomusée pour leur accueil si plaisant et leur cuisine de qualité comme à chaque fois.

L’après-midi était consacré dans un premier temps à une démonstration de ferrage « sur pieds mort » par Philippe Kuhlmann, enrichie par la pratique déjà assuré de Nils Bolt, fort de son expérience professionnelle dans les chevaux et de son passage récent auprès de praticiens français du ferrage des bovins.

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Préparation du pied, ajustement en fonction de l’état de la corne, de la morphologie, corps étranger, infection, soin, choix du fer, utilisation des clous de ferrage, coupe didactique pour comprendre la construction d’un pied avec sa corne, le sujet est vaste, mais la plupart des aspects de la spécialité ont été abordés au cours de cet atelier.

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Après un passage auprès de l’atelier participatif mené par Véronique Nioulou sur le savoir-faire patrimonial de la fabrication de coussins d’attelage en paille et la celle de vire-mouches tressés du type « sud-ouest », le groupe c’est dirigé vers la scierie pour une démonstration de chargement de grumes à la chaîne sur un char avec les boeufs. C’est Corentin Huber et Philippe qui ont mené la paire de Vosgien de l’écomusée pour le chargement et le charroi des troncs.

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Ces activités menées par les participants aux rencontres

permettent aussi aux visiteurs du site de profiter de ces moments de travaux avec les boeufs.

Vendredi, projets et journée technique à Soultzeren.

Vendredi matin, une réunion très positive avec les responsables de l’écomusée s’est tenue pour envisager une édition des rencontres à venir plus conséquentes et plus ouvertes encore au public. Pour ce faire, une association des bouviers doit se créer afin d’avoir une structure pour en permettre l’organisation.

Elle pourrait porter le nom du blog « Attelages Bovins d’Aujourd’hui » que votre serviteur tient depuis 2013 et pour lequel Mélusine Bailloux-Arbeit a proposé d’ouvrir une page Facebook afin de lui donner une autre dimension de diffusion.

On comptait 45 personnes le vendredi pour la journée technique sur la ferme de Philippe Kuhlmann à Soultzeren dont quelques responsables de l’écomusée qui sont venus participer à cette journée « hors les murs » malgré le peu de temps que leur laissait l’organisation d’un événement capital le soir même à l’écomusée .

Une visite rapide du troupeau de Vosgiennes et de leurs veaux au pré à proximité de la maison, a permis d’apprécier la sociabilisation des animaux que pratique Philippe. Les animaux à l’étable pendant l’hiver, le curage manuel, le contact de l’homme et la manipulation quotidienne des jeunes pour les mener à leur mère ou à l’abreuvoir, ainsi que quelques séances de travail au licol sont des facteurs qui permettent d’aller vers le dressage avec beaucoup moins de difficultés qu’avec des animaux qui n’ont jamais été manipulés.

Dans un second temps, Philippe à mis au joug un boeuf en cours de dressage avec un autre bien dressé, qui a déjà beaucoup travaillé. Ainsi, cet attelage a permis de montrer l’utilisation d’un boeuf au dressage en situation de travail en voyant les précautions à prendre pour la sécurité du meneur, des boeufs et de l’environnement.

Philippe explique alors que l’apprentissage de la traction et la ténacité avec laquelle le boeuf doit s’investir à tirer ne s’acquièrent que progressivement afin de ne pas le rebuter en lui en demandant trop au début.

Les premiers travaux de traction sont fait au bois en tirant de petites perches puis en augmentant progressivement le poids de la charge. Vient ensuite la mise au timon. Là aussi, en liant un jeune boeuf avec un autre plus expérimenté, il utilise un joug excentré afin de mettre plus de charge sur le boeuf avancé en dressage pour soulager le plus jeune en adaptant la charge à sa force et ne pas le rebuter au travail.

Toujours dans la même optique, on peut aussi utiliser une chaîne de traction accrochée au joug du côté du boeuf qui sait tirer.

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En illustration de ces propos, un tombereau de fumier a été chargé et emmené par cet attelage dans un pré à quelques centaines de mètres de la ferme. Pour le passage sans difficultés de la grande montée qui précède l’entré du pré, la paire a été aidé par un boeuf attelé en arbalète au collier à l’avant de la paire et mené par Corentin Huber.

A midi, après un apéritif pris en musique grâce à des amis musiciens voisins de Philippe, le repas partagé convivial a permis à nouveau des échanges souvent techniques entre les participants.

Nous remercions chaleureusement Anne Catherine et Philippe pour leur accueil chez eux.

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Jean-Claude Mann, bourrelier à Muhlbach-sur-Munster (68) était présent. Il est fabricant de colliers d’attelage « trois points » pour bovins et de jougs Vosgiens avec leurs garnitures. Il a d’ailleurs livré ce jour là un joug neuf et ses garnitures à un couple de Suisse qui venaient d’acheter une paire de boeufs chez Philippe.

En fin de repas, Philippe a présenté une épreuve en tirage limité de son  « Manuel d’attelage des bovins » qu’il écrit depuis des années et qui devrait être disponible à la vente sans tarder.

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Il en a lu l’introduction et la conclusion qui illustrent à elles deux toute sa démarche de consignation des savoirs et de leur transmission.

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Chacun a hâte de voir sortir l’ouvrage définitif qui augure d’un intérêt majeur au vu du premier tirage.

Après quelques dédicaces incontournables, une paire de bœufs est de nouveau mise au joug pour une démonstration d’un épandeur à fumier en traction animale. L’outil a été offert à Philippe par Jean-Jo Herman, homme de cheval de travail réputé en Belgique. Bien qu’assez lourd, son utilisation, au contraire du transport au tombereau ou au char, gagne un temps considérable grâce à l’épandage mécanisé.

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La topographie de montagne de Soultzeren impose de ne pas trop charger et il faut une bonne paire de boeuf pour une utilisation optimale. Outre le poids, la mise en route du hérisson nécessite beaucoup de force. Mais la paire choisie par Philippe a bien fait le travail. On peut noter aussi l’avantage d’un centre de gravité très bas qui est un atout majeur dans cette région de montagne aux déclivités importantes.

Pour finir la journée, Philippe a fait une démonstration d’arrachage de piquets de clôtures grâce à un avant-train doté à l’arrière d’un système de relevage par levier, mise en route mécaniquement par les boeufs en traction par l’intermédiaire d’une chaîne prise au joug sur un crochet.

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On fait reculer les bœufs afin que le joug soit bien en arrière sur le timon. Après avoir fixé au plus court la chaîne au crochet du joug, on fait avancer les boeufs de quelques dizaines de centimètres jusqu’à la cheville de traction, la chaîne en tension actionne ainsi le levier du relevage auquel on avait préalablement attaché le piquet avec une chaîne fine.

Ces quelques lignes consacrées aux deux premiers jours des rencontres sont l’illustration de ce qu’il s’y passe, mais rien ne vaut de le vivre sur place.

Les présentations in situ de Philippe n’ont pas leur pareil, sont très didactiques et quoi de mieux que d’avoir comme guide un meneur/dresseur de bovin avec un recul de presque 40 ans de pratique ?

La présentation de son manuel d’attelage des bovins attendu par tous est aussi un élément positif pour le devenir de la pratique.

Le projet d’installation de Fréderic Grivel associé à un centre de formation traction bovine est encourageant pour la transmission.

L’organisation d’une édition « augmentée » des rencontres permettrait d’exposer un peu plus notre pratique.

Le projet de création d’une page Facebook du blog « Attelages Bovins d’aujourd’hui » qu’a proposé Mélusine Bailloux-Arbeit et la création d’une association donneront plus de visibilité au travail de chacun.

Devant toutes ces ouvertures, ces rencontres étaient extrêmement motivantes grâce à l’investissement croissant de tous.

Enfin, la présence de nombreux nouveaux acteurs impliqués et motivés, tout comme la « grande équipe » de jeunes présents à ces rencontres, augurent d’un bel avenir !

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