bulletin adhésion)Bulletin de l’AFMB N°1 2024
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Depuis l’an passé, deux associations autour de la traction bovine œuvrent pour la promotion et le développement de la pratique. Après la rencontre de l’Ascension 2024 en Creuse à Chatelus-Malvaleix organisée par « L’Association Attelage Bovins d’Aujourd’hui », c’est l’AFMB (Association Française des Meneurs de Bovins) qui organisait ses secondes rencontres désormais itinérantes au fil des années.
Il faut saluer le fait que des membres actifs des deux associations étaient présents tout comme chez Philippe Kuhlmann en Mai.
C’est Agnès et Luc Bernard à Courgenard dans la Sarthe qui accueillaient au sein de « La Ferme d’Héliacynthe », la grosse cinquantaine de participants venus de toute la France. L’itinérance de cette manifestation a le grand avantage de permettre l’accès à la manifestation à un public de la grande région autour du point de rencontre, sans avoir à traverser toute la France. Au fil des ans, toutes les régions aurons cette facilité d’accès grâce au caractère nomade de ces rencontres. Ainsi, cette année, des bouviers et autres personnes de l’Ouest de la France et des Pays de Loire concernés par la traction bovine, étaient présents et élargissaient ainsi le cercle de personnes engagées et désireuses de partager et de promouvoir la pratique.
Ces rassemblements techniques et pratiques sont cependant très conviviaux et l’émulation qu’ils provoquent est évident.
La ferme d’Héliacynthe sur laquelle les propriétaires Luc et Agnès pratiquent la traction bovine depuis 2011, à été l’écrin parfait pour ces trois jours d’échanges. La qualité de l’organisation et de l’intendance de Luc et Agnès et des membres actifs de L’AFMB dont Léonnie Biteau, est à saluer chaleureusement. Elle a permis un déroulement agréable, confortable et efficace de ces trois jours.
Le thème dominant était la sociabilisation, le dressage et la mise au travail de jeunes animaux. Une sixaine d’animaux d’âges différents ont été les acteurs de ces journées.
Jean Léo Dugast, photographe de renom de la traction animale (http://percheron-international. blogspot.com/) et Guy Chapelier un ami de la famille Bernard ont réalisé de nombreux clichés de ces journées. La presse locale ainsi que France 3 Pays de Loire ont couvert l’événement.
Pour cette rencontre, tous les animaux étaient au collier. Deux paires supplémentaires au joug étaient prévues mais, en dernière minute, elles n’ont pas pu être présentes sur la manifestation. Luc et Agnès mettaient à disposition plusieurs animaux à partir de cinq mois dont le boeuf Réglisse. Jo Durand de Gentioux-Pigerolles (23) était venu avec une jeune vache et Marine Ardoin de Baguer-Morvan (35) avait déplacé son jeune boeuf Froment du Léon.
En plusieurs sessions sur la carrière de la ferme, différents intervenants ont décrit et présenté leurs méthodes d’approches et de mise au travail. Laurent Martin de « 2 mains 4 cornes » des Herbiers (85), Philippe Kuhlmann éleveur dresseur de Chatelux-Malvaleix (23), Pascal et Jo Durand paysans de Gentioux-Pigeroles (23) sont intervenus séparément ou conjointement sur les différents ateliers. Une intervention des ostéopathes Laurie Cheramy et David Menu de Bessay sur Braye (72) et de la vétérinaire Clohé Boisseau du Theil sur Huisne (61) ont permis d’aborder l’impact du travail sur l’animal et les bonnes méthodologies à appliquer en conséquence .
Une forêt située au abords de la ferme à permis de débarder des bois de différentes sections en fonction de l’âge et du niveau de travail des animaux.
Un espace « maraîchage » a vu évoluer les bovins avec différents outils dont la Kassine et la forca. Pascal Durand est intervenu en détail pour présenter toutes les possibilités et avantages de la Kassine. Emmanuel Fleurentdidier présentait quand à lui, la forca, outil d’origine espagnol très léger et maniable.
Côté matériels, accessoires et informations, Léonnie Biteau à l’accueil tenait à disposition différentes documentations dont le livre sur l’attelage bovin de Philippe Kuhlmann. Laurent Martin présentait son entreprise autour de l’attelage bovin (prestations, médiation, formation à la traction bovine…) avec documents et matériel ludique. Eline Hoefsloot de Enveitg (66) proposait de nombreux colliers trois points d’occasion remis en état. Emmanuel Fleurentdidier de la région de Montmorillon (86) avait aussi différents jouguets et accessoires en lien avec l’attelage bovin. Léa Rigal, jeune bourrelière de Blanzat (63) avec son entreprise « Les Vaches seront bien Gardées » présentait un licol de sa fabrication et a échangé avec les meneurs afin de cerner les besoins en bourrellerie pour les bovins. Véronique Nioulou, passionnée de travaux de fil, présentait des vire-mouche tressés selon des méthodes traditionnelles et un atelier qui a permis à quelques personnes d’apprendre la technique de tressage de ces indispensables accessoires pour lutter contre les mouches pendant l’attelage . Michel Nioulou présentait différents jougs anciens ou neufs de sa fabrication ainsi que des démonstrations de confection de coussins d’attelage en paille.
Dimanche, animaux et meneurs se sont déplacés au bourg de Courgenard pour présenter le travail avec les bovins sur une terre à proximité de la brocante organisée dans le village. Michel et Véro Nioulou ont présenté des démonstrations (vire- mouche et taille de jougs) Laurent Martin présentait des documents sur son entreprise autour des bovins de travail.
Comme d’habitude lors de ce type de rencontre, la convivialité et la bonne humeur n’ont en rien freiné les échanges techniques et les pratiques de terrain. Le partage de savoir a été intense, les nombreux contacts nouveaux et l’émulation que suscite un tel rassemblement, ont été plus que bénéfiques à tous. Pendant la journée, les repas et les soirées, l’attelage bovin et tout son environnement était LE sujet !!!
Le nombre de nouveaux meneurs ou de personnes en instance de se mettre à l’attelage bovin ne cesse de grandir depuis plusieurs années. A chaque fois la constatation de l’engouement croissant pour la pratique motive chacun d’entre nous et permet de maintenir animaux, lignées de travail, dresseurs, éleveurs, savoirs et savoir-faire. Le milieu est modeste, inconnu de beaucoup, méprisé parfois mais bien vivant, empreint de dynamisme, de bonne volonté et bien ancré dans la réalité d’aujourd’hui. Il vit sa vie au pas, mais avance, sûrement!!!.
Le blog Attelages bovins d’Aujourd’hui, les différents facebook et réseaux permettent le lien et la communication entre chaque rassemblement. Mais les rencontres physiques renforcent ces liens et les concrétisent. Comme chaque fois nous sommes tous regonflés à bloc jusqu’aux prochaines rencontres organisées cette fois ci par l’association ABA pour l’ascension 2025 chez Philippe kuhlmann en Creuse.
Facebook blog ABA: https://www.facebook.com/AttelagesBovins
Association ABA: https://www.facebook.com/profile.php?id=61566358018020
le monde des bovins de travail: https://www.facebook.com/groups/1322217608689601/
AFMB: https://www.facebook.com/profile.php?id=100064865853452
Blog ABA: http://attelagesbovinsdaujourdhui.unblog.fr/
Instagram du bois aux jougs et alentours: https://www.instagram.com/du.bois.aux.jougs.et.alentours/?locale=Google%2B%C4%91%E1%BB%83%2Bl%E1%BA%A1i%2Bd%E1%BA%A5u%2B%E1%BA%A5n%2BSEO[Telegram%3Ae10838].ldf&hl=fr
2 mains 4 cornes: https://www.facebook.com/profile.php?id=61550761745803
Les vaches seront bien gardées Facebook: https://www.facebook.com/profile.php?id=61552726557890
Les vaches seront bien gardées instagram: https://www.instagram.com/les.vaches.seront.bien.gardees/?locale=Google%2B%C4%91%E1%BB%83%2Bl%E1%BA%A1i%2Bd%E1%BA%A5u%2B%E1%BA%A5n%2BSEO[Telegram%3Ae10838].ldf&hl=fr
Photo Jean-Léo Dugast
Une rencontre autour des bœufs de travail
Maillezais, au bord du marais Poitevin, accueillait le 10 Août 2016, la fête des bœufs de travail.
Jérome Csubak et son épouse ont organisé cette rencontre sur le site des roulottes de l’abbaye dont ils sont les promoteurs. Emmanuel Fleurentdidier et Solène Gaudin étaient également venus épauler l’équipe d’organisation .
On a pu voir évoluer la paire de Vosgiens d’Emmanuel et la paire de boeufs Parthenay du propriétaire des lieux qui présentait également une paire de jeunes bœufs en début de dressage.
Jérome Csubak
Différentes démonstrations d’attelages ont eu lieu devant un public venu nombreux malgré le déroulement de la fête un jour de semaine.
Des séances de travail avec des chevaux étaient aussi au programme avec en particulier un bel attelage de Manu Davignon.
Brocante, artisans, maréchal-ferrant venaient compléter les animations d’une journée déjà bien remplie.
La naissance de deux jougs.
« Depuis le matin, à l’abri du soleil, sous la stabulation, des coups sonores de haches et d’herminettes viennent régulièrement ponctuer l’ambiance de la journée.
Lionel Rouanet et moi-même avions été invités à venir présenter le travail de la taille des jougs à la fête des bœufs de travail de Maillezais.
Soigneusement enveloppés dans des bâches étanches, nous déballons un peu avant neuf heure nos pièces de bois maintenues humides depuis chez nous à l’autre bout de la France, l’Aveyron pour Lionel et la Saône-et-Loire pour moi.
Le plein été n’est certes pas la meilleure époque pour transporter dans les voitures surchauffées des pièces de bois parfois immergées depuis plusieurs mois et sujettes dès leurs sorties de l’eau à une dessiccation trop rapide et à l’apparition de fentes dans les pièces qui peuvent parfois être rédhibitoires.
Après un déballage et mise en présentation de nos différents modèles de jougs, nous attaquons rapidement le travail.
Très fortuitement, il se trouve que chacun des modèles que nous avons à tailler aujourd’hui est nouveau pour l’un et pour l’autre.
Lionel commence un joug en frêne qui lui a été commandé. Ce dernier, un joug mixte, est destiné à joindre d’un côté un bovin et de l’autre une mule ou un âne.
Photo Jean-Léo Dugast
Ce type de joug a suscité de nombreuses interrogations et questionnements du public.
Pour ma part, c’est un joug double que je taille, un modèle de la Loire, à la limite du Puy-de-Dôme, un joug « de montagne » comme le nomme la personne qui me l’a commandé. C’est avec le modèle d’un joug ancien à proximité que je taille la pièce de frêne.
Je travaille différemment de Lionel en pratiquant un traçage avec un gabarit sur la bille dégauchie.
Bien sûr le traçage n’est qu’indicatif mais permet aussi, au moins au début sur un modèle nouveau, d’avoir des repères précieux. La réalisation du gabarit à l’atelier permet aussi de bien s’imprégner des formes et des subtilités du joug que l’on découvre.
Bien qu’aujourd’hui à Maillezais, le modèle soit nouveau pour lui, Lionel réalise le plus souvent des jougs du type Aveyronnais dont il maîtrise la réalisation du fait de son apprentissage auprès de René Alibert à Laissac dans l’Aveyron.
A contrario, je travaille en autodidacte et j’ai été amené à réaliser de nombreuses formes régionales différentes (Charollais, Velay, Vendée, Loire). C’est aussi pour cela que je réalise des gabarits qui me permettent de mémoriser les formes et les tracés.
C’est donc avec prudence que nous avançons la taille sur nos jougs respectifs.
Bien sûr le public s’interroge et s’étonne de nos réponses lorsque nous leur expliquons que nous réalisons régulièrement des jougs dont la destinée n’est pas de finir en décoration au dessus d’une cheminée ou d’une porte, mais bel et bien d’avoir un usage réel, une fonction de travail chez les différents bouviers qui nous les réclament.
La découverte de la part du public de l’existence encore active de la pratique professionnelle de l’attelage bovin les laissent souvent dubitatifs, certains repartent sûrement en se disant qu’on leur a raconté des mensonges !!! Et pourtant!!
En milieu de matinée, une dizaine de personnes de l’académie des bouviers du Puy-Du-Fou nous rendent visite. Le groupe guidé par le dynamique et motivant Laurent Martin, a échangé sur la technique, les différentes formes de jougs, l’attelage, le liage. Cette rencontre a été pour nous l’occasion de croiser des praticiens, apprentis ou confirmés qui travaillent dans l’environnement très spécifique du spectacle, mais dont l’implication dans l’attelage des bovins est très marquée et passionnée.
La présence en visiteurs de Jo Durand, paysan bouvier au Dresny en Loire-Atlantique et de Nicole Bochet, chercheuse et passionnée par l’attelage bovin, a permis une nouvelle fois, outre l’amitié que nous avons pour eux, de croiser des expériences, des points de vues.
En discussion avec Jo Durand
A la pause de midi avant d’aller manger quelques mogettes pour reprendre des forces, nous mouillons copieusement nos deux pièces de frêne et nous les couvrons soigneusement pour limiter le séchage. La température est forte et le soleil ardent !! Nous devons être vigilants !!
Après avoir repris nos tailles en début d’après-midi, comme une pause dans notre journée, nous prenons le micro devant la paire de Parthenay pour un moment de présentation du travail des jougs, de leur fabrication et de leur utilisation avec différents liages de plusieurs modèles de notre fabrication.
Photo Jean-Léo Dugast
Emmanuel Fleurentdidier
Solène Gaudin
Nous reprenons ensuite le travail, toujours au son des haches, grandes et petites herminettes, planes, ciseaux, gouges et maillets entrecoupé d’explications de notre part, et d’enrichissants témoignages et anecdotes que nous confient les nombreuses personnes de la région qui viennent à nous et qui voici quelques décennies encore, liaient des bovins.
Progressivement, le public se fait plus clair, puis disparaît. Les jougs ont déjà bien pris forme. Les deux lourdes pièces de frêne du matin se sont visiblement affinées et allégées, la finition se fera à la maison dès notre retour.
Le soir est venu et, malgré la fin de la fête, nous taillons encore un peu, comme pour prolonger ce moment, où, malgré le fait que nous nous connaissons déjà depuis plusieurs années, nous avons pour la première fois travaillé côte à côte. Moments rares, intenses où, dans la même passion, nous avons fabriqué chacun un joug qui coiffera des bœufs qui patiemment travailleront dans la discrétion des montagnes du Massif Central et des Pyrénées. »
Michel Nioulou
Toutes photos Véronique Nioulou sauf mentions « Jean-Léo Dugast ».
Un grand merci à Jean-Léo pour sa contribution.
Photo Jean-Léo Dugast
Actes du colloque sur la traction animale bovine du 10 décembre 2014
Au lycée agricole de Montmorillon
« La traction animale bovine : un outil pour l’agriculture d’aujourd’hui et pour celle de demain ? »
Intervenants et témoignages :
Intervenants
Témoignages :
Animation et organisation :
Laurent Imbert : Directeur du CFPPA de Montmorillon
Gérard Coti : Coordonnateur formations traction animale au CFPPA de Montmorillon
Rédaction : Gérard Coti
Déroulement et contenu du Colloque
Le colloque a débuté par un mot d’accueil et de bienvenue de M. jacques Ferrand, directeur de l’EPLEFPA de Montmorillon qui a souhaité que ce colloque aboutisse à des pistes de progrès et d’organisation de la filière traction animale bovine.
Laurent Imbert, directeur du CFPPA de Montmorillon, a ensuite rappelé rapidement la genèse et les objectifs de ce colloque, les interrogations sur la formation notamment et la structuration de la traction bovine. Il a également présenté et rappelé les actions menées par l’établissement de Montmorillon en faveur de la traction animale et comment la traction bovine est venue logiquement se placer dans la continuité de ces actions.
Gérard Coti a cité les personnes excusées: Olivier Courthiade, Jean Bernard Huon, Philippe Kuhlmann, pris par leurs obligations professionnelles, André Kamerer, souffrant, Mathilde Doyen du Parc des Ballons des Vosges, Marc Michel directeur de l’INSIC (Ecole des Mines de Nancy) et Pit Schlechter, président de la FECTU, tous pris également par d’autres obligations. Gérard Coti a précisé que toutes ces personnes approuvaient la démarche du colloque, soutenaient cette action et souhaitaient être destinataires des actes.
Etat des lieux de la traction bovine : Michel Nioulou
Michel Nioulou a rappelé qu’il était avant tout un amateur passionné de traction bovine et des races bovines. La création du site internet « Attelages bovins d’aujourd’hui » est issue d’un travail effectué avec l’Institut de l’élevage sur les races à petits effectifs et surtout avec Laurent Avon, hélas actuellement souffrant, dont la collaboration a été et reste très précieuse.
Les résultats présentés en chiffres peuvent comporter, selon M. Nioulou, quelques erreurs, les praticiens de la traction bovine étant particulièrement « dispersés », sachant que pour l’instant il reste à peu près 32 personnes à contacter.
Les chiffres présentés mélangent des personnes n’ayant jamais cessé d’atteler, des amateurs, des passionnés. Il précise qu’une paire sur deux travaille de façon effective et régulière. M. Nioulou souligne également que ces praticiens se situent souvent en zone de montagne.
Il a donc recensé à ce jour :
Environ 198 paires et 21 bœufs en « solo » utilisés par:
M. Nioulou constate que parmi toutes ces personnes beaucoup sont des passionnés, pour la plupart issus du milieu agricole, préoccupés pour certains par le maintien d’une race à faible effectif et du travail avec les bœufs ou la fabrication de jougs et de fers.
Le recensement s’est effectué auprès de particuliers, d’associations diverses, d’écuries, d’organismes de spectacles etc.…
La difficulté du recensement vient aussi du fait que certaines personnes travaillent avec des bœufs et ne participent pas aux fêtes, il y a également ceux qui n’ont jamais cessé le travail en traction bovine.
Il constate également que parmi les meneurs, beaucoup réalisent notamment des activités de débardage…
Il existe visiblement une diversité importante d’activités, très « atomisée », d’où l’idée de M. Nioulou d’élaborer une cartographie des bouviers.
M. Nioulou a ensuite énuméré les atouts dont dispose la traction bovine :
Toutes ces choses font que la traction animale bovine est assez vivante en France, et qu’il s’agit d’une activité normale souvent intégrée au fonctionnement d’une exploitation agricole.
Cependant des questions restent posées notamment sur :
C’est une activité qui doit trouver sa place dans la préservation des races locales menacées et à faibles effectifs et dans le développement durable.
Il est assez compliqué finalement de se faire une image nette et représentative de la traction bovine, car beaucoup de praticiens travaillent et manquent de temps pour communiquer sur leur pratique.
Il faut trouver ou créer des relais sur l’ensemble du territoire, a suggéré M. Nioulou, et ne pas négliger les fêtes et manifestations. Mais il faut bien mettre en avant les gens qui travaillent vraiment en traction bovine, a-t-il conclu.
L’intervention de M. Nioulou a été très applaudie et pas mal de participants dans la salle (notamment M. Jean Bartin) l’ont chaleureusement remercié M. Nioulou pour le travail remarquable qu’il a réalisé pour son site, permettant ainsi de créer un lien et une communication entre les acteurs et de faire accéder les jeunes à la traction bovine.
Il faut souligner également que l’organisation de ce colloque a été grandement facilitée par le travail de M. Nioulou. (Note de G. Coti, rédacteur)
Traction bovine : « Le poids du passé et des traditions, quel avenir ? » Mmes Cozette Griffin-Kremer et Nicole Bochet
Madame Griffin Kremer a débuté son intervention en rappelant que les trois quarts des agriculteurs du monde utilisent la traction animale…
Elle a ensuite souligné l’importance du travail en réseaux, en précisant qu’il existe différentes formes de réseaux aux connections différentes.
Actuellement, on se trouve dans un réseau libre qui communique dans tous les sens. Peut-être faudrait-il trouver un mode de relation plus organisé? L’important dans un réseau c’est le contact, précise Madame Griffin Kremer.
Exemples de réseaux :
Potential but

unconnected partners Network of individuals

or groups that communicate Information diffusion without reciprocity without central oversight
Il existe pourtant, poursuit-elle, beaucoup de connections possibles et de réalisations consacrées à la traction bovine.
Tous ces éléments sont des atouts et des passerelles importantes pour activer un réseau efficace et propice au développement et pour « optimiser la convergence de communication et le maximum de connectivité parmi les acteurs »
Madame Griffin Kremer poursuit son exposé en insistant sur le fait qu’il existe en France une grande diversité de races et de pratiques, et qu’il faut s’appuyer sur cette biodiversité génétique pour valoriser encore mieux la traction animale bovine.
D’autant, dit-elle, qu’« un train peut en cacher un autre », qu’il existe une prédominance du cheval sur le bœuf et qu’il bénéficie d’une meilleure image. Même si certains pays, comme l’Angleterre, ont révisé leur point de vue sur le sujet.
Madame Griffin Kremer souligne l’importance de la conservation des savoirs et notamment de la transmission de ces savoirs par les anciens, ces « passeurs de mémoire » qui, hélas disparaissent ou sont appelés à le faire dans un avenir proche.
Elle met en garde aussi contre la façon de présenter la traction bovine par des démonstrations un peu factices, avec, par exemple, des terrains préparés par des engins pour faciliter le travail des bovins. Les démonstrations ne sont pas du travail et peuvent alors donner une image négative des possibilités de la traction bovine, à l’inverse de ce que l’on voudrait démontrer…
La traction animale bovine offre également beaucoup de défis à la recherche par la grande diversité des attelages et des jougs, mais là aussi une mise en garde : « Ne pas réinventer la poudre ! »
Madame Griffin Kremer estime qu’il y a vraiment un gros travail à faire sur les savoir-faire nouveaux, anciens ou inventés.
Peut-être faut-il « fonder un comité expert international pour définir des standards de compétence, pour trouver et designer officiellement les plus qualifiés parmi les meneurs, ainsi que pour définir leurs devoirs en tant que détenteurs de patrimoine immatériel »
Madame Griffin Kremer a fait aussi un point sur la transmission : comment transmettre et quels objectifs se fixe-t-on ?
Elle a souligné l’important travail et la qualité de ce travail réalisé par les musées, les parcs naturels régionaux et les écomusées. Ces organismes sont d’autant plus intéressants qu’ils ont souvent des « ponts » à l’international, notamment avec l’Allemagne (Musée de Plein Air de la Rhénanie)
Les musées ont cet énorme avantage de posséder et de présenter des collections souvent riches, des répliques de matériel divers et de favoriser les échanges.
Parenthèse : Attention à la désinformation non intentionnelle qu’on peut parfois trouver sur des représentations totalement imaginaires où l’on peut voir des jougs « extraterrestres » ou des matériels n’ayant jamais existé…
La transmission c’est aussi la formation et les démonstrations réalisées lors de rencontres sur les sites de ces musées (en Alsace, en Rhénanie ou dans les Vosges…).
Les musées, c’est aussi une forte contribution à la sauvegarde des structures patrimoniales.
Pour finir, Madame Griffin Kremer s’est attachée aux perspectives et a souligné l’importance d’élaborer un plan stratégique (exposé dans le numéro 62 de Sabots).
Elle a insisté sur la nécessité d’ « obtenir pour ces meneurs soit le statut de « trésor vivant », style UNESCO, ou l’équivalent, et logiquement, des financements pour assurer leurs enseignements et leurs travaux d’auteurs de manuels (démarche déjà réussie par la CFPPA de Montmorillon)
Elle a également précisé l’objectif de proposer le développement d’un programme européen qui pourrait même dépasser les frontières de l’UE. « Développer un programme paneuropéen pour la formation des meneurs, sanctionnée par un diplôme reconnu nationalement et internationalement. Étendre ce programme au-delà des frontières de l’Europe afin d’accroître la conscience de la valeur de l’énergie animale et de ceux qui l’utilisent… »
Elle a conclu son intervention en insistant sur les besoins impérieux des meneurs d’attelages bovins de réaliser un travail qui soit rémunérateur…« Tirer les conséquences de la formation de plus de meneurs experts en créant des emplois ou en subventionnant une partie de leurs activités professionnelles (par exemple, agriculture ou viticulture, entretien du paysage périurbain ou rural)»
Madame Nicole Bochet a ensuite pris la parole pour présenter le travail réalisé avec la Société d’Ethnozootechnie dont elle est membre.
Elle a rappelé l’expérimentation menée sur la traction bovine en zone de semi- montagne avec pour thème principal : « Comment les praticiens ont résisté à la pression de la mécanisation »
Une étude a également été menée avec la société d’Ethnozootechnie sur les risques liés au travail avec des bovins, dont les résultats ont été publiés sur une revue de la MSA sur le savoir-être.
Elle a aussi rappelé son travail de 10 ans pour tenter d’aboutir à une nouvelle parution de l’ouvrage «Quand la corne arrachait tout» de François Juston, grâce à l’appui de la DGER.
Madame Bochet a souligné l’importance de cet auteur qui a travaillé sur la traction animale bovine, et elle a souhaité que des chercheurs puissent travailler sur ses écrits.
Mme Bochet a ensuite évoqué des journées consacrées à la traction bovine ayant donné lieu à des publications :
Nicole Bochet a abordé des points très concrets concernant les frais engagés par les praticiens ou les personnes se déplaçant pour enquêter sur la traction bovine.
Les déplacements et les frais liés à ces déplacement posent en effet un réel problème pour les praticiens, obligés de s’absenter de leur exploitation agricole pour des démonstrations ou interventions diverses. Nous en avons trois exemples pour ce colloque en la personne d’Olivier Courthiade, de Jean Bernard Huon et de Philippe Kuhlmann, dont les obligations professionnelles et le coût du voyage ont entraîné les absences malgré leur soutien et leur envie de participer.
Ce fut également le cas lorsque Laurent Avon effectua son remarquable premier travail de recensement des bouviers de France. Les déplacements sur les sites lui ont posé un très lourd problème.
L’intervention s’est terminée par un certain nombre de questions et de sujets à creuser pour faire avancer la recherche et l’aider à travailler.
La création d’un centre de ressources, et l’utilisation plus approfondie d’internet peuvent être des appuis précieux.
Dans les sujets d’étude évoqués citons :
Pour finir Nicole Bochet a évoqué le CIRAD (Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement) de Montpellier, qui pourrait s’intéresser à la traction bovine dans ses thèmes de recherche sur le développement rural par exemple, et qu’il faudrait inviter lors de colloques de ce type.
Elle a conclu en soulignant l’importance de stimuler des réactions et des engagements qui sont fondamentaux pour l’avenir et le présent de l’utilisation des animaux pour le travail.
Témoignages de praticiens
Témoignage de Jo Durant :
Jo possède une paire de bœufs Vosgiens.
Jo a découvert le travail des bœufs chez ses grands-parents. Il a appris à travailler avec les chevaux chez ses parents, mais il a toujours eu une attirance particulière pour le travail en traction bovine.
Il s’est installé sur une exploitation agricole en polyculture élevage.
Il tient à dire d’emblée que travailler avec les bœufs pose un problème dans un contexte économique difficile.
On ne peut pas tout faire avec les bœufs, car il y a trop de travaux qui se superposent et c’est à une trop grande échelle dans la situation actuelle.
Jo précise que cela fait déjà pas mal de temps qu’ils réfléchissent avec Christine Arbeit, sa compagne, à changer de stratégie pour l’exploitation pour pouvoir utiliser les bœufs à 100 %…mais cela suppose, dit-il, une spécialisation de la production.
Ils possèdent des terres difficiles et réalisent très peu de labours. Il faudrait une seconde paire en fait, mais dans le contexte actuel ce n’est pas justifié le reste de l’année…
Par contre, en ce qui concerne les foins, Jo utilise le tracteur par souci de rentabilité économique plus que pour un problème de temps. Le matériel de traction animale est souvent trop cher (il évalue ses besoins à environ 8000 €) et difficile voire impossible à rentabiliser. L’achat d’une auto chargeuse par exemple serait idéal mais c’est un engin totalement hors de prix pour eux…
Tout cela fait que les bœufs sont sous-utilisés, et qu’ils ne réalisent pas un travail assez régulier, ce qui entraîne pas mal de soucis à la remise en route…De plus Jo et Christine consacrent beaucoup de temps à la commercialisation de leurs produits et au travail administratif, ce qui leur laisse peu de temps à consacrer à la traction animale.
Quant à l’emploi d’un salarié, Jo ne voit pas quelle activité pourrait financer un salarié en traction bovine…
Jo reste persuadé que la spécialisation est la clé d’une utilisation rationnelle de la traction bovine. Mais il reste à bien définir cette spécialisation par rapport au fonctionnement d’une entreprise agricole.
Il ne faut pas non plus rêver, dit-il, les jeunes aujourd’hui ne pourront pas travailler comme les anciens…
Une production paraît bien compatible avec la traction bovine, c’est la production maraîchère ou / et la culture des plantes aromatiques et médicinales. L’utilisation de la traction bovine dans ce contexte paraît possible et rentable…mais attention, la notion de rentabilité peut être très différente selon les individus, c’est une notion très personnelle…
En bref dans l’état actuel de son exploitation agricole, Jo pense qu’il faudrait revoir le fonctionnement global de l’entreprise… sachant, en outre, qu’il possède un parcellaire très morcelé et que les déplacements fréquents ne sont pas envisageables en traction bovine car beaucoup trop lents…
Il y a par contre beaucoup d’intérêt à utiliser la traction bovine pour l’impact bénéfique sur le sol, notamment le travail sans labour. Il y a à l’évidence des pistes intéressantes à creuser. Il faut être vigilant aussi au problème posé par la traction animale par rapport à la puissance demandée (le sous solage par exemple ou certains labours…)
Jo conclut en disant qu’il reste persuadé que la traction bovine s’adapte parfaitement à une production maraîchère en permaculture par exemple, c’est-à-dire spécialisée.
Témoignage de Pierre Nabos
Pierre a commencé à travailler en traction animale avec des chevaux de trait, puis s’est intéressé aux bœufs. Il utilise en mixte la traction animale et la traction mécanique mais uniquement en amateur. Il précise qu’il a un travail à « l’extérieur » et qu’il n’a évidemment pas les contraintes liées à l’utilisation professionnelle de la traction bovine et qu’il n’en voit que les aspects positifs. Il dresse également des bovins pour d’autres utilisateurs.
Ceci dit, Pierre estime que l’utilisation des vaches pour la traction animale reste plus simple, que les animaux sont plus maniables, plus robustes et plus résistants à la chaleur notamment.
D’un point de vue économique, il constate que les bovins sont moins coûteux que les chevaux (harnachement), qu’une vache a l’avantage de produire un veau (pour la viande) et du lait, et que les surfaces exigées pour les bovins sont moins importantes.
Il intervient beaucoup à l’occasion de fêtes, de manifestations ou d’animations ce qui lui a permis de faire pas mal de rencontres pour démarrer son activité en traction bovine.
Il insiste sur l’intérêt de ce type de manifestations pour donner au public une première image de la traction bovine, et notamment une image positive.
Il dit avoir de nombreux contacts lors de ces fêtes, mais regrette par contre le peu de continuité constaté par la suite. « Pour que ça marche, il faut partir du début » dit-il.
Pour finir, il lui semble important de préciser que, lorsque l’on veut utiliser la traction bovine sur une exploitation agricole, il est indispensable de bien prendre en compte, avant toute chose, la superficie à travailler.
Témoignage de Christelle de Freitas
Christelle précise dès le début qu’elle a été baignée dès son enfance dans l’élevage bovin, puisque ses parents étaient des éleveurs de bovins charolais.
Elle travaille en traction animale uniquement dans un contexte de loisirs et de démonstrations à l’occasion de prestations pour des manifestations. Elle est salariée de M. Jean Bartin.
Christelle a commencé la traction animale avec des chevaux. Mais les nombreux témoignages entendus sur la traction bovine l’ont incitée à s’y intéresser de plus près et à pratiquer. Elle a commencé avec une paire de vieux bœufs expérimentés pour se « faire la main ».
Quand elle se déplace sur le territoire, elle apprécie tout particulièrement les rencontres souvent chargées d’émotion, qu’elle peut avoir avec des anciens mais aussi des plus jeunes.
Christelle a conscience qu’elle transmet un savoir dans une société qui a perdu beaucoup de ses repères avec l’animal. Elle est convaincue d’être un lien entre le professionnel et le passionné, mais surtout d’être une « passeuse de mémoire » qui va permettre de conserver ce contact primordial avec l’animal.
De plus, le fait qu’elle soit une femme menant des paires de bœufs est un atout et une démonstration que la force physique est secondaire.
Lors de ces démonstrations elle se déplace non seulement au niveau national mais aussi européen. Elle constate une forte demande venant de multiples organismes. Cela crée de nombreux déplacements avec des problèmes sanitaires parfois difficiles à gérer. En ce qui concerne le ferrage, ils bénéficient de l’assistance d’un maréchal-ferrant qui se déplace avec eux.
Christelle pense qu’il y a un gros travail à faire pour transmettre ces savoirs aux jeunes, un travail indispensable.
Elle évoque des pistes de réflexion, notamment sur la fin de vie des animaux qui sont finalement plus que des outils de travail…Faut-il les envoyer aux abattoirs, Faut-il avoir des scrupules après 14 à 15 ans de bons et loyaux services ? Bien sûr cela ne fait pas plaisir de les voir partir mais n’est-ce pas leur destin de bovins ?
Mais Christelle insiste aussi sur l’importance de beaucoup travailler la communication et l’image de la traction bovine, pour pallier la méconnaissance et parfois l’ignorance du public. Elle est persuadée notamment de la nécessité de faire toucher les animaux aux gens…
Enfin, elle conclut sur la possible introduction des bœufs en zone urbaine et de la traction animale en général, sachant qu’il faudra gérer les problèmes de propreté, ce qui peut être un facteur négatif aux yeux des citadins…
Témoignage d’Emmanuel Fleurentdidier
Manu fait un rapide rappel de son expérience personnelle et professionnelle en traction animale précisant que ses débuts en traction animale se sont faits de façon autodidactique et avec les chevaux.
Il a réalisé de nombreuses prestations et interventions avec les chevaux de trait pour à un moment se diriger vers les bœufs. Mais cette nouvelle pratique s’est développée presque « par défaut », pour le loisir et dans le but de « se détendre » de l’utilisation professionnelle des chevaux.
Au début Manu a le sentiment d’être un peu seul, puis il participe à la « rencontre des bouviers » en Alsace en 2007 ce qui lui permet d’entrer en contact avec des bouviers et notamment Philippe Kuhlmann.
En 2008, il participe à un travail sur la transmission des savoirs avec l’UNESCO sur le Parc des Ballons des Vosges. Plusieurs propositions d’animations sont proposées, la traction animale est retenue et particulièrement son projet sur la traction bovine. Cela a donc permis l’intégration des bœufs de travail au Parc des Ballons des Vosges.
Puis Manu rappelle son arrivée au CFPPA de Montmorillon en décembre 2009 sous l’impulsion de Gérard Coti, pour assurer la formation CS Utilisateur de chevaux attelés…
Il souligne qu’il était toujours fortement intéressé par la traction bovine, et qu’il rapatrie ses bœufs Vosgiens l’année suivante à Montmorillon, mettant il est vrai le CFPPA un peu devant le fait accompli…mais dans l’objectif de monter une formation.
En 2011 a donc lieu la première formation à la traction bovine à Montmorillon.
L’idée de Manu est de travailler sur l’amélioration et la modernisation du matériel utilisé en traction bovine et notamment les jougs. Il entreprend alors une recherche avec les élèves ingénieurs de l’INSIC (de l’Ecole des Mines de Nancy) sur les matériaux composant les jougs, dans l’objectif de les alléger et de faciliter leur mise en place sur l’animal. Cette recherche aboutit à la fabrication d’un prototype. Les élèves ingénieurs sont d’ailleurs venus tester ce matériel et prendre des mesures dynamométriques à Montmorillon.
Depuis peu la formation CS a intégré, dans son programme, une période de 35 heures consacrée à la traction bovine.
Pour conclure, Manu suggère de réaliser un travail sur le dressage, et l’influence des différents types de jougs (joug de garrot ou de cornes). Il pense également qu’il faut plus communiquer et valoriser les différents types d’animaux en fonction des utilisations.
Témoignage de Solène Gaudin
Solène se présente comme prestataire en traction animale. Elle réalise des chantiers divers : du débardage, des prestations attelage, du maraîchage et intervient également sur certaines manifestations et fêtes.
Elle utilise une paire de bœufs Vosgiens et une paire de chevaux de trait.
Elle s’est formée en 2013 au CFPPA de Montmorillon où elle obtient son CS Utilisateur de chevaux attelés qui lui permet de s’intéresser aux différentes thématiques abordées durant la formation.
Elle suit également un stage en traction bovine, ce qui lui fait découvrir avec intérêt l’utilisation du bœuf de travail.
Solène a pu comparer lors de ses prestations le bœuf et le cheval : elle considère le bœuf comme plus économique que le cheval.
Elle souligne aussi que les bœufs sont plus endurants au travail et plus simples d’utilisation, avis qui semble partagé par de nombreux praticiens.
Solène a également réalisé des expérimentations sur les vignes. Le gros avantage des bovins semble être leur entretien par rapport aux chevaux, certainement plus exigeants et au fond plus coûteux si l’on en revient aux critères économiques.
Par contre, Solène précise que les bœufs posent plus de problèmes lors de déplacements surtout lorsque d’autres bœufs sont présents notamment en ce qui concerne les papiers d’identifications et vétérinaires.
Un autre problème est le ferrage, il n’est pas évident de trouver un maréchal-ferrant sachant ferrer les bœufs.
Autre souci, selon Solène, le matériel neuf pour traction bovine, est encore peu répandu malgré les efforts de certains constructeurs comme AMB 88.
En ce qui concerne le ferrage, Solène suggère d’inclure le ferrage des bovins dans les parcours de formation sur le ferrage ou le parage.
Témoignage de René Dudognon
Note du rédacteur : M. René Dudognon est un ancien praticien en traction bovine. Sa présence à ce colloque s’explique par sa rencontre avec Mme Monique Gésan, directrice de l’Ecomusée du Montmorillonnais. Mme Gésan travaille beaucoup sur la mémoire vivante et sur les témoignages d’anciens qu’elle enregistre pour l’Ecomusée. Au courant de la tenue de ce colloque, elle nous a contactés pour proposer son intervention. La rencontre d’anciens et de nouveaux praticiens est toujours fructueuse et intéressante et permet de se faire une idée de ce qu’était la traction animale à une époque où elle faisait encore partie du quotidien agricole. Il nous a semblé aussi que M. Dudognon pourrait trouver du plaisir et une certaine fierté à parler de ce qui fut sa vie, durant de longues années. Nous le remercions de sa présence.
M. Dudognon commence par expliquer qu’il a travaillé avec des bœufs jusqu’en 1960, l’arrivée de la mécanisation ayant entraîné rapidement le déclin de l’utilisation des bœufs.
A cette époque tout se faisait avec les bœufs.
Il y avait plus de vaches au travail que de bœufs car les vaches présentaient l’avantage de faire un veau.
René Dudognon se souvient d’avoir aussi travaillé un peu avec les chevaux, mais leur usage était moins courant dans les fermes parce que plus coûteux sans doute…
M. Dudognon parle du dressage des bœufs en précisant que les fermes n’achetaient presque jamais de bœufs dressés et qu’ils prélevaient des veaux élevés sur l’exploitation, et que les fermiers dressaient eux-mêmes.
Ils confectionnaient de petits « jougs », parfois de simples morceaux de bois, qu’ils attachaient sur la tête du veau pour l’habituer tout jeune au joug de travail.
M. Dudognon poursuit en expliquant que les futurs bœufs de travail étaient castrés tôt, entre 4 et 6 mois, qu’ils commençaient à travailler à partir de 2 ans, et pendant 3 à 4 ans, période à l’issue de laquelle on les renouvelait.
Le dressage à l’époque était plus simple et plus rapide, car le nombre important d’animaux de travail permettait de lier ensemble un jeune bœuf inexpérimenté avec un plus âgé déjà dressé. Le jeune n’avait pas le choix et suivait…
En ce qui concerne l’alimentation des animaux de trait, les bœufs étaient nourris avec des topinambours, des betteraves et du foin, mais le plus souvent ils étaient à l’herbe.
Pour le ferrage, il se faisait beaucoup en fonction du terrain… Parfois, par exemple, on ne ferrait que les antérieurs, ou seulement les onglons externes…
Bien entendu le dressage pouvait poser un problème à certains fermiers et dans ce cas là ils achetaient un animal dressé, mais c’était peu courant.
M. Dudognon nous explique aussi qu’en général les jougs étaient fabriqués « maison », et que lui-même en fabriquait.
Par contre les bœufs étaient lents et cela posaient aussi des problèmes de déplacements surtout en évitant les routes.
Pour finir M. Dudognon évoque les moments où ils allaient chercher les bœufs pour le travail. Il souligne que, bien entendu quand les bœufs logeaient à l’étable, la préparation était plus facile et plus rapide; mais il arrivait aussi que les bœufs restent au pré et il fallait les attraper pour les lier, cela prenait un peu plus de temps, mais beaucoup d’animaux étaient dociles et se laissaient attraper sans problème.
On les liait en commençant toujours par celui de gauche.
A une question de M. Mic Baudimant (spécialiste du Briolage: chants accompagnant le travail des bœufs) qui demandait à M. Dudognon si cela leur arrivait de chanter en menant les bœufs, celui-ci répondit qu’en effet cela arrivait, « notamment le matin pour montrer au voisin qu’on était au travail plus tôt que lui ! ». Cependant René Dudognon n’a pas osé « brioler » pour nous… Puis il a cité deux ou trois noms donnés aux animaux comme par exemple « Mariolle » au caractère un peu vif, « Pompon » etc.…
Pour finir, René Dudognon se souvient des deux derniers bœufs Limousins qu’il a connus et qui pesaient 1 tonne 2 chacun ! Et il conclut en disant qu’à l’époque le temps s’écoulait à un autre rythme et que c’était les animaux qui donnaient le rythme…
Travail par ateliers
Atelier 1 : « Peut-on tout faire avec un bœuf ? »
Animateur : Emmanuel Fleurentdidier
La réponse à la question posée par le thème de l’atelier a été clairement: oui.
Les participants ont ensuite énuméré les différents travaux pouvant être réalisés avec des bœufs en les commentant.
Le travail de débardage a d’abord été abordé : il a été souligné que c’est peut être le travail qui correspond le mieux aux capacités des bovins de trait. Ils vont bien dans ce contexte par leur maniabilité d’abord, leur adaptation aux types de reliefs rencontrés, en sachant qu’aujourd’hui le matériel de débardage est suffisamment bien conçu pour être opérationnel. Les bovins s’adaptent très bien en zones naturelles sensibles (zones humides et sols fragiles) grâce, notamment, à leurs onglons qui évitent l’effet « ventouse » rencontré avec les chevaux.
Le travail du sol : le travail en viticulture est tout à fait possible et efficace si le menage des bœufs se fait par l’arrière. En maraîchage, beaucoup de possibilités, travail facilité par une vitesse d’avancement lente et plus contrôlable. Surtout en ce qui concerne le labour, qui se révèle de qualité supérieure en vitesse modérée.
De plus, en travail du sol, on peut sans difficulté alterner un attelage en paire, travailler en solo, utiliser un joug, un collier ou un frontal…
Le voiturage : l’utilisation du bœuf pour réaliser un travail de collecte / ramassage / distribution sur une ferme est tout à fait concevable sur de courtes distances où elle reste équivalente (en coût et rapidité) à celle réalisée avec un cheval.
On peut donc faire pratiquement tout, ou du moins beaucoup de choses avec un bœuf, y compris en agglomération (le bœuf territorial, pourquoi pas ?) sachant tout de même que dans un contexte citadin, il faut soigner l’image que l’on va donner, car le bœuf ne bénéficie pas d’une image aussi favorable que le cheval de trait. Notamment au niveau des déjections (les sacs à crottin pour les chevaux ont réduit en partie le problème) car les bœufs produisent des bouses…C’est sans doute un faux problème pour notre atelier car cela peut se gérer de façon simple : en changeant d’alimentation avant la prestation, en calculant le temps de transport pendant lequel les déjections peuvent être « évacuées » et en travaillant en se calant sur le calcul du cycle alimentaire…
Mais cet atelier a lui aussi insisté sur cette image à donner primordiale pour faire accepter le bovin par le public en général.
Atelier 2 : Organisation
Animateur Jo Durand
(Note du rédacteur : les rapporteurs désignés des différents ateliers ont eu l’excellente et généreuse idée de me faire parvenir le compte-rendu de l’atelier auquel ils ont participé ou qu’ils ont animé. Je les en remercie grandement, et restitue donc chaque contribution dans son intégralité (ou presque…), ayant trop peur de ne pas respecter ou d’omettre une partie de ce qui a été dit et échangé lors de ces moments riches et conviviaux.)
Les discussions vives et fructueuses de cet atelier ont souvent rejoint les thèmes abordés dans les Ateliers 1 et 3. Les participants étaient d’accord sur les points suivants :
1) Il faut travailler sur l’image de la traction bovine qui est soit méconnue, soit moins bien perçue que la traction chevaline.
2) Les utilisateurs de traction bovine sont si peu nombreux (en France) qu’il y a un manque de main-d’œuvre: par exemple, certaines tâches entreprises par une seule personne devraient l’être par deux ou trois, ce qui donne fréquemment lieu à une situation de sécurité insuffisante.
3) La formation est, elle aussi, souvent insuffisante, à la fois pour le travail purement technique, comme pour obtenir une efficacité dans les réponses aux exigences pratiques telles l’émission de devis, l’explicitation d’arguments, etc., au sein de qualifications globales. Il y aurait nécessité de faire des recherches sur la mutualisation.
4) On constate aussi un fossé considérable entre l’expertise dans l’utilisation de la mécanisation et celle concernant l’énergie animale, surtout au niveau de la recherche sur cette dernière qui n’a pas suivi le rythme des investissements dans les équipements mécanisés, laissant ainsi un hiatus d’une cinquantaine d’années et un manque de structures pour soutenir des progrès techniques.
5) Au lieu d’insister sur le débat cheval versus bovin, il serait bien plus sage de souligner leur complémentarité, tout comme la complémentarité énergie animale/motorisation (sauf, très probablement, dans le transport).
6) Il ne faut pas oublier que le plombier travaille sur une matière inerte, tandis que le bouvier travaille avec le vivant, ce qui l’amène à une vision bien plus écologique de respect du sol dans tous les sens de ce terme.
Cozette Griffin-Kremer
13 décembre 2014
Atelier 3 : la formation
Animateur : Gérard Coti
(Note du rédacteur : je me suis permis de « raccourcir » le compte rendu de M. Baudimant non pas dans le but inavoué de le censurer mais pour des questions de lisibilité et de clarté en rapport avec le thème de l’atelier et pour des questions de place. Il est vrai que cet atelier a été marqué par de nombreux échanges, un peu dans tous les sens et que la tâche du rapporteur n’a pas été chose aisée. J’espère de tout cœur que Mic Baudimant ne prendra pas ombrage de cet élagage un peu sévère sans doute, mais nécessaire…)
Aux trois questions initialement posées en préambule – une formation pour qui ? Une formation par qui ? Une formation comment ?- est venue s’ajouter une quatrième : pourquoi une formation ?
Question récurrente et question de fond : Pourquoi utiliser la traction bovine en ce début de XXI ème siècle ? Comment en vivre ? S’engager dans une formation technique de cet ordre nécessite une motivation et un « horizon » suffisamment clair pour le demandeur d’apprentissage.
UNE FORMATION POUR QUI ????
Devant la « confidentialité » des pratiques de traction bovine, en France, aujourd’hui, la promotion tous azimuts ne semble pas porteuse, ni même souhaitable : « On s’époumonerait à rien » dit une des participantes de la table ronde.
1/ Cibler les circuits spécialisés s’impose :
Journaux agricoles locaux (trouver des relais dans chaque région par l’intermédiaire de passionnés. Revues nationales spécialisées : « SABOTS », ‘VILLAGES »… revues « BIO ».
L’activation des réseaux « traction bovine » en place est un point majeur mis en évidence par Cozette GRIFFIN KREMER, dans la présentation du matin. « La sollicitation du réseau des musées d’agriculture est un très bon système » précise Nicole BOCHET de la Société d’Ethnozootechnie.
2/ « De l’oeuf et de la poule » …. Quel élément au départ des choses ?
Dans le groupe, la réflexion court sur l’origine souhaitable de la formation :
Faut-il développer la traction bovine de manière graduelle et non ostentatoire, pour servir de modèle à des volontaires qui s’engageront à la suite, de façon croissante et durable ? (situation actuelle, considérée par certains comme un peu trop lente)
Ou
Faut-il chercher des stagiaires (promotion de formations par voie de presse – diffusion ciblée de documents d’appels pour stages en région) … afin de construire un « bataillon » d’initiés, capables de développer la traction bovine ?
Les deux voies sont sans doute à prendre, pour un maximum d’efficacité.
3/ Constat est fait de l’intérêt porté à cette pratique par des personnalités « atypiques », en rupture de ban avec la société « normalisée » qui prévaut, aujourd’hui.
Le « feeling » avec l’animal est nécessaire et au départ des motivations et réussite.
Si la force physique peut ne pas compter, un « caractère » affirmé est capital ! (Exemple de la jeune bouvière Solène GAUDIN)
4/ Des expériences du type « EQUI TRAITS JEUNES » seraient à promouvoir dans le milieu bovin.
Dans un premier temps, la fusion entre initiatives équines et bovines simplifierait la mise en place.
Hélas, avec la « crise » un ralentissement de cette pédagogie ouverte se fait sentir.
Rassembler 400 jeunes – accueillir, nourrir, et faire s’affronter amicalement – met en œuvre des fonds importants, souvent à la charge du lycée organisateur.
Son avenir est remis en cause selon monsieur COTI. Les instances supérieures de l’Enseignement Agricole ne voient pas forcément d’un « bon œil » cette facette de l’enseignement : « ça fait rigoler » … « ça parait être un retour au Moyen-âge !!! ». L’inspection y opposerait un NON catégorique.
UNE FORMATION PAR QUI ????
La phalange des formateurs reconnus (Olivier COURTHIADE, Philippe KUHLMANN…..) est actuellement très réduite et peut se compter sur les doigts d’une seule main ! Ils se sont formés par eux-mêmes et n’ont pour eux que l’antériorité de la passion et quelques bons conseils d’anciens qui les ont précédés: l’observation fine et le temps ont fait le reste. Ils dispensent une formation sur le terrain mais non reconnue par un diplôme ou une qualification officiellement répertoriée.
Emmanuel FLEURENTDIDIER, formateur au Lycée Agricole de Montmorillon est actuellement le seul à dispenser une formation qualifiante.
Le renouvellement et l’élargissement du groupe des formateurs paraissent nécessaires. D’anciens bouviers, en petit nombre, proposent de manière encore officieuse un échange de savoirs et de savoir-faire. Une liste des propositions serait à établir et sans doute utile pour former les novices au plus près de leur résidence et au moindre frais.
L’idée d’un COMPAGNONNAGE basé sur des contacts multiples dans divers territoires parait séduire le plus grand nombre des participants au groupe 3. Les pédagogies propres à chaque formateur pourraient être synthétisées et répondre ainsi, plus efficacement, à la singularité du bouvier formé.
UNE FORMATION COMMENT ???
La FÊTE de la VACHE NANTAISE 2014, a fait apparaître le besoin de s’organiser pour proposer divers types de formations. Le colloque TRACTION BOVINE de Montmorillon est le premier temps de cette organisation.
Il arrive après l’annulation récente de 3 stages de formation au lycée de Montmorillon.
Par trois fois, les difficultés à rassembler, dans ce lieu dédié à la traction animale, des gens motivés avaient pour cause :
Les rencontres informelles d’Alsace (Ecomusée), d’Ariège (Ecomusée) et de Nantes (Fête) sont au départ d’un désir accru d’échanges (théorie et terrain) autour de la traction bovine.
Elles ne peuvent prétendre à une formation détaillée, qualifiante, et restent pour beaucoup de participants un très agréable échange, une sensibilisation, une initiation qui demande sa suite.
Pratique de l’aller-retour, expériences individuelles en alternance avec la formation … pourrait permettre de «donner du temps au temps», ont dit certains…
On se verrait bien, alors, suivre un Tour de France « des gens passionnés qui reçoivent » un compagnonnage formateur mais qui pose le problème de l’accueil et ses contraintes matérielles, de la rémunération éventuelle ou du dédommagement du bouvier formateur …..Des accidents toujours possibles et des diverses responsabilités. (Où l’on voit à nouveau les réactions généreuses et spontanées de « marginaux » – fréquentes dans le milieu des défricheurs d’idées neuves ! – s’opposer à la législation en vigueur)
La mobilité des formateurs plutôt que celle des bouviers à former serait-elle une avancée de taille ?
Un regroupement minimum est nécessaire : à nouveau le problème du lieu et de son accueil, tant au plan de l’hébergement que des moyens techniques à mettre en œuvre (bêtes d’attelage et matériels en nombre suffisant).
Malgré un frémissement perceptible dû aux évolutions récentes de la « bio-attitude », la traction bovine reste encore aujourd’hui assez confidentielle. Sa formation, comme on vient de le voir, est difficile à mettre en place. Elle implique la nécessité de S’ORGANISER.
Le prochain SALON INTERNATIONAL de l’AGRICULTURE est proposé comme le cadre obligé de cette naissance, lui qui a profité, depuis plus de 20 ans, à l’essor – mesuré – de la traction avec chevaux, ânes et mulets.
Mic Baudimant
Bilan de la journée, questions, réponses et pistes évoquées…
A l’issue de ce travail des ateliers, beaucoup d’échanges ont eu lieu, résumés par cette remarque de Cozette Griffin Kremer qui a dit : « Beaucoup de fils se sont rejoints entre les groupes de travail » ce qui montre bien, en effet cette volonté commune, cet élan commun vers l’unité des discours et la similitude des préoccupations.
Cozette a même suggéré de traduire les actes du colloque en anglais afin de « rejoindre le reste du monde »…cela est révélateur aussi de la nécessité d’une communication accentuée et qui aille dans le même sens pour tous mais qui préserve la « culture » de chacun.
MM. Coti et Fleurentdidier ont ensuite pris la parole pour tenter de faire un bilan de la journée en reposant la question de départ, à l’origine du colloque: « La traction bovine, un outil pour l’agriculture d’aujourd’hui et pour celle de demain ? »
A-t-on finalement répondu à cette question ? D’une certaine façon, oui, et sans doute positivement mais peut-être certaines conditions restent à définir pour concrétiser.
Certes le bilan de la journée s’est révélé positif, les fils ont tendance à se relier, les témoignages de la matinée ont été un apport fructueux, et, pour les personnes extérieures au domaine de la traction bovine, ce colloque a été aussi très enrichissant.
Mais il reste à faire et poursuivre dans ce sens, et notamment :
Beaucoup de choses ont été évoquées, échangées, proposées, bref, il s’est passé quelque chose ce 10 décembre 2014 à Montmorillon…
Conclusion :
Pour finir, (et sans doute par déformation professionnelle), je vais tenter de résumer en quelques phrases l’ensemble de ce qui est ressorti de ces échanges, selon moi, et tenter de souligner les points sur lesquels l’unanimité s’est faite.
Voilà, je crois, les points importants sur lesquels les participants à ce colloque ont trouvé un consensus. D’autres points bien sûr ont été abordés, mais résumer, c’est faire un choix…et puis les actes sont là pour retranscrire tout (ou presque) ce qui a été dit, il suffit de s’y reporter pour en apprendre plus sur tel ou tel point.
Enfin, je voudrais dire que la traction bovine possède en elle-même les ferments de son développement futur et des atouts incomparables tant humains que matériels, que ce colloque a permis de mettre en évidence. A nous, à présent, de « relier tous ces fils » et de propulser la traction animale bovine vers l’avenir…
Le 14 janvier 2015
Gérard COTI
« Tranquilles et leur ombre allongée sur les champs,
Les grands boeufs descendaient au profil d’un coteau,
Traînant les moissons d’or sous les feux du couchant,
Et tout l’été passait dans les lourds chariots. »
Paul FORT, Ballades françaises, 1922-1958
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Pour télécharger les actes du colloque rédigés par Gérard Coti, cliquez ici: actes-du-colloquetab-1
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Photo Véronique Nioulou
Le colloque sur la traction bovine s’est tenu à Montmorillon le 10 décembre 2014, accueilli au sein du lycée agricole et du CFPPA par Jacques Ferrand, directeur du lycée, Gérard Coti, professeur et chargé de communication, Laurent Imbert, directeur du CFPPA et Emmanuel Fleurentdidier, formateur traction animale à Montmorillon.
Presque une cinquantaine de personnes se sont retrouvées autour du thème de la traction bovine en France. Etat des lieux, avenir, formation et témoignages ont permis aux différents acteurs présents de confronter leurs expériences et leurs points de vue sur le sujet.
Photo Jean-Léo Dugast
Le projet d’association d’utilisateurs en traction bovine a été évoqué. Si pour le moment rien n’est encore ni clarifié, ni formulé, cette journée a déjà eu le bénéfice de faire se rencontrer de nombreuses personnes qui œuvrent chacune de leur côté, et de prendre conscience qu’elles ne sont pas seules à pratiquer. Au cours de la journée, dans les débats ou dans les pauses, le sujet était à 100% la traction bovine, pratique, technique, dressage, élevage, rentabilité, préparation, matériel, joug.
Exploitants, prestataires de services, amateurs, structures de spectacles, tous ont témoigné et partagé leurs expériences.
Un état des lieux de la traction bovine en France a été dressé par votre serviteur au vu des infos recueillies par le blog Attelages Bovins d’Aujourd’hui.

De gauche à droite: Gérard Coti, René Dudognon, Emmanuel Fleurentdidier, Christelle de Freitas, Jo Durand, Pierre Nabos (Photo Mic Baudimant)
De gauche à droite: Michel Nioulou, Nicole Bochet, Cozette Graffin kremer, Laurent Imbert (Photo Mic Baudimant)
Ensuite, Nicole Bochet et Cozette Graffin Kremer, chercheuses et investies sur le sujet, ont présenté les différents réseaux qui se mettent en place en Europe, l’avenir, les actions à mener.
Puis les acteurs de terrain sont intervenus:
Pierre Nabos et Christelle de Freitas durant leurs interventions (Photo Jean-Léo Dugast)
René Dudognon pendant les pauses parle de son travail avec les boeufs jusque dans les années 1960 (photo Mic Baudimant)
L’après-midi, trois ateliers thématiques étaient proposés aux participants.
Atelier technique: Peut-on tout faire avec un boeuf?
Atelier organisation: Avantage de la traction bovine aujourd’hui et demain
Atelier formation: Formation pour qui? Par qui? Comment?
On aura pu regretter l’absence d’incontournables comme Philippe Kuhlmann et Olivier Courthiade tous les deux retenus et excusés en début de séance. Malgré l’intérêt des débats et la réactivité des participants, l’expérience et le recul que ces deux piliers représentent pour la promotion de la traction bovine, aurait été du plus grand enrichissement pour tous.
Parmi les participants, on comptait entre autres bouviers, Jean Bartin, André le Faou, ATEA 33, Pierre Gatard, Richard Maillet, Gilles Blaudeau et Carole Lombardot, Laurent Martin et Renaud Sorin, Antoine Dugué…
(note: vous pouvez retrouver l’expérience de la plupart des personnes citées en tapant leur nom dans la fenêtre « Recherche » dans la colonne de droite du site)
Des personnes ayant des projets d’attelage de bovins étaient aussi présentes pour en savoir un peu plus, pour pouvoir croiser des utilisateurs et échanger avec eux.
Mic Baudimant, musicien, brioleur et amateur de traction bovine a participé aussi activement en soulevant quelques questions intéressantes.
Sophie Arlot, réalisatrice de documentaires (voir « La vache fantôme » et les informations sur « le grenier d’images » sur le site) était présente pour en savoir plus, afin de peaufiner le projet d’un film consacré à la traction animale aujourd’hui en France.
Bien sûr, Jean-Léo Dugast couvrait le reportage photographique et nous suivrons ses articles sur son excellent blog et peut-être dans « Sabots » Magazine.
Un panel de jougs et de colliers étaient présentés et ont fait aussi l’objet de confrontations d’expériences d’utilisation.
Christelle de Freitas, Jo Durand et Emmanuel Fleurentdidier examinent un joug de garrot
(photo Jean-Léo Dugast)
Discussions sur le matériel autour de René Dudognon (photo Jean-Léo Dugast)
Un rendez-vous a été donné au Salon de l’Agriculture pour continuer la réflexion et croiser d’autres bouviers dresseurs présents au salon avec leurs animaux.
Nous vous ferons part du contenu des discussions lors de la publication des Actes du Colloque qui sera réalisée prochainement.
A suivre!!
Michel Nioulou
Un grand merci à Jean-Léo Dugast et à Mic Baudimant pour nous avoir communiqué leurs clichés
Cliquez sur les images pour les agrandir
Contacts:
Site: www.vachenantaise.fr
A voir l’article du blog « Percheron international » de Jean-Léo Dugast, sur la fête de la vache Nantaise de 2010 en cliquant ici.
Homesteader équipé du Cover-crops relevé pour accéder à la parcelle
Solène Gaudin, nous communique un article consacré au porte-outil Homesteader de chez « Pioneer », modifié à l’attelage de boeufs par AMB88 cliquez ici pour voir.
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« Le Matériel Homesteader est prévu à la base pour les chevaux, une modification sur la partie avant du timon (modification faite par AMB 88) permet l’attelage d’une paire de boeufs au grand joug.
Les premiers essais sont réalisés sur une parcelle destinée à devenir une surface de maraîchage l’an prochain.
L’objectif du passage du cover-crops est de faire un premier pseudo-labour, de façon à décoller le plomb (plomb = herbe enracinée) avant d’épandre un fumier composté avant l’hiver, pour réaliser soit un labour de printemps ou un pseudo-labour.
Boeufs attelés au homesteader
Le Homesteader permet le travail assis. (Alicia en formation Gestion et Protection de la Faune et de la Nature venu en stage pour la découverte de la traction animale)
Le Homestaeder étant équipé d’un siège permet le menage par l’arrière
Au travail vec le cover-crops
Avis sur l’utilisation du Homesteader avec le cover-crops:
Une largeur de travail intéressante pour les grandes surfaces. Cependant l’outil étant moins large que la voie, l’utilisation doit se faire avec beaucoup de passages et de croisements pour travailler toute la surface. Le confort du bouvier est amélioré par la position assise avec une conduite par derrière, l’outil étant devant, il évite au bouvier de se retourner pour voir son travail.
Sur un travail avec une terre précédemment travaillée, le passage du cover-crops laisse une bande de terre non décollée. L’outil doit repasser sur le précédent passage, pour travailler les bandes côte à côte. L’investissement reste lourd pour un travail moyen par rapport à mes attentes. »
Solène Gaudin
Allez voir aussi l’article qu’y a consacré Jean-Léo Dugast sur son blog « Percheron international » en cliquant ici.
La revue « Sabots », publie dans son dernier numéro, plusieurs articles sur les attelages de bovins.
Un article qui présente notre blog et la situation actuelle de l’attelage bovin en France analysée à partir des éléments collectés par le blog.
Un article sur les boeufs du Château Pape Clément et ses bouvières Tifenn Vital et Pauline Réaux, par Jean-Léo Dugast.
Un article sur la journée technique qui a eu lieu chez Philippe Kuhlmann, à la veille des rencontres de l’écomusée d’Alsace 2013.
Un article sur les bouviers Malgaches.
Un article sur un attelage vache/âne qu’on a pu voir au grand rassemblement d' »Autrefois le Couseran » en Ariège.
On peut saluer cette excellente revue qui publie régulièrement des articles sur les attelages bovins.
Récemment, le numéro 55 présentait les rencontres 2013 des bouviers (par Jean-Léo-Dugast), ainsi que la formation de Lantignié (69)
Le numéro 54 proposait un très bel article sur les jougs par Etienne Petitclerc.
Château Pape Clément (33), Blanc et Marel travaillent en solo dans les vignes
Photos Tiffen Vital
Blanc et Marel, les deux boeufs acquis par le domaine « Château Pape Clément » sont au travail sur le domaine viticole.
Photo extraite du blog de Jean-Léo Dugast
Allez voir sur l’exceptionnel blog de Jean-Léo Dugast, « Percheron international », le reportage consacré aux boeufs de Château Pape Clément en cliquant ici.
Un second article nous présente aussi les bouviers de Pape Clément à voir en cliquant ici.
Cet article présente les deux boeufs achetés par le grand domaine viticole Bordelais pour travailler sur le domaine.
Voici des articles du blog de Bernard Magrez, propriétaire du domaine Pape Clément. Pour voir les voir http://www.bernard-magrez.com/fr/le-carnet/lart-du-vin/marel-et-blanque-nos-deux-travailleurs-gascons-de-la-vigne
Photo Jean Léo Dugast
Jean-Léo Dugast vient de mettre un bel article sur les huitièmes rencontres de bouviers à Ungersheim les 11 et 12 mai.