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Reportage photo sur la fabrication d’un joug à Anost (71) en 1977

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Merci à Philippe Berte-Langereau de nous communiquer cette belle série de photos retrouvées dans les archives de « Lai Pouèlée » par son fondateur Pierre Léger.

Ce reportage photographique a été réalisé en 1977 à Varin sur la commune d’Anost en Saône et Loire, chez Raymond Garnier lors de la fabrication d’un joug dans du hêtre qui était resté quarante ans dans un « èzu » (une mare pour rouir de chanvre).
Photos de Louis Jouvet et Philippe Berte-Langereau.
Voici aussi la vidéo qui l’accompagne.

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Vidéo de louis GUIRAL Jougatier de Salles-Curan (12)

Voir le site « Occitan Aveyron » en cliquant ici.

Il y avait toutes sortes de petits métiers sédentaires ou ambulants comme le cordonnier appelé sudre ou pegòt, l’esclopièr (sabotier), lo jotièr (jougtier), lo barricaire (tonnelier), l’estamaire (étameur), l’amolaire, ganha-petit ou agusaire (rémouleur), le tailleur appelé sartre, lo cadièiraire (fabricant de chaises), lo candelaire (fabricant de chandelles), lo matalassièr ou matalassaire (fabricant de matelas), lo pelharòt ou pelhaire (chiffonnier)…

Pour fabriquer les jougs, on faisait appel à un jougtier : lo jotièr.

Habituellement, le jougtier venait sur place pour fabriquer les jougs sur mesure. Il fallait tenir compte de la taille des bêtes (bœufs ou vaches) ainsi que de leur morphologie.

La redonda est l’anneau, maintenu par une cheville (cavilha, ataladoira), qui reçoit le bout du timon (pèrga). Littéralement, redonda signifie ronde.

Las julhas sont les longes de cuir qui permettaient d’attacher le joug sur la tête des bêtes.

Le jougatier, fabricant de joug, article patrimoine sur le site Millavois.com

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Lionel Rouanet nous fait passer le lien de cet article consacré à un ancien fabricant de jougs Monsieur Louis Guiral de Bouloc à Salles-Curan (12).

Il vient de paraître sur le site Millavois.com.

Cliquez ici pour voir.

Merci à Lionel pour son envoi.

Patrimoine. Ces métiers disparus : le jougatier

Marc Parguel

Lecture 6 min.
A La Roque-Sainte-Marguerite, vers 1920.

Jougatier : fabricant de jougs. Un joug est une pièce de bois qui lie les animaux côte à côte.

Sait-on encore ce qu’est ou plutôt ce qu’était, un « jougatier » ? Le mot ne figure ni sur le Larousse ni sur le Petit Robert. Il serait certainement refusé au jeu des Chiffres et des Lettres.

C’est en effet un métier qui a presque totalement disparu puisque le jougatier était l’artisan qui fabriquait les jougs. Métier dont l’origine se perd dans la nuit des temps, mais qui n’existe plus depuis que le bœufs, trop lent pour notre siècle de vitesse, a fait place au tracteur.

jougatier 02Le plus ancien système serait le joug à cornes où une barre en bois était placée entre les cornes d’un bovidé.

J’ai eu pourtant le plaisir de rencontrer tout récemment un des derniers jougatiers de notre région, Monsieur Louis Guiral, de Bouloc. C’est lui qui a sculpté les derniers jougs dont nous avons eu besoin pour notre petite propriété de l’Hospitalet.

Accompagnée de mon fils j’ai passé l’après-midi chez lui ; et là, dans la bonne chaleur de sa cuisine- il faisait très froid dehors- il nous a parlé de son métier.

Ce métier, il l’a appris simplement en regardant travailler un autre jougatier. Pas besoin, à cette époque, d’un C.A.P. Mais il devait tenir de son père une aptitude particulière à ce travail, ce dernier, simple paysan, exécutant de remarquables sculptures sur bois.

Ses outils n’avaient rien de compliquer : la hache, l’herminette (hache à tranchant recourbé), la plane (lame tranchante à deux poignées) et une vrille ou tarière.

jougatier 03Labour d’automne (1922).

Les jougatiers étaient peu nombreux ; aussi leur activité s’exerçait parfois loin de chez eux. De Bouloc, où ils étaient deux, ils venaient jusqu’au Larzac, au causse Noir ou sur les terres de Saint-Affrique. Ils suivaient les foires de la région, rencontrant aussi leurs clients, et fixaient ensemble un jour déterminé. Monsieur Guiral se rendait à son travail à bicyclette. Venir de Bouloc à l’Hospitalet représentait un bon exercice ! Aussi tâchait-il de grouper ses commandes. En été, profitant au maximum de la durée du jour, il pouvait faire deux jougs dans la même journée. Il se rappelle avoir fait à l’Hospitalet onze jougs en une seule semaine.

Le premier travail était de choisir le bois. Il fallait une bille d’environ 1,40 m sur 0,50 de diamètre. Sur notre plateau, c’était le plus souvent de l’ormeau ou du frêne.

Ailleurs, c’était du hêtre ou même du noyer. Il lui est arrivé, sur le causse Noir, et à contrecœur, d’avoir utilisé du pin. L’essentiel était que le bois fût vert car il était plus facile à travailler. Parfois, il allait choisir lui-même l’arbre à couper.

Les deux bœufs étaient alors amenés et placés côte à côte, comme ils devaient être bons à l’attelage. Le jougatier après avoir dégrossi le bois à la hache procédait à des essayages. Travail délicat : le joug ne doit pas blesser la bête ; il doit s’adapter à la forme des cornes, particulières à chaque bœuf.

jougatier 04Bœufs sous le joug.

C’est en effet aux cornes que sera lié le joug à l’aide de deux longues courroies, les « juilles ». Le joug doit être très légèrement arqué- c’est imperceptible à l’œil non averti, pour que chaque bœuf, ayant la tête légèrement tournée vers le centre, puisse voir son compagnon de travail. Ainsi, après des essais de fines retouches, un polissage le joug est terminé. Alors le jougatier le signait à l’aide d’un poinçon à son nom, imprimé par un bon coup de marteau. Ultime travail : il allumait un feu de branches et d’éclats et passait rapidement le joug à travers la flamme afin de durcir le bois trop vert.

Dans le Languedoc le travail de la vigne s’effectuait avec des chevaux. Mais pendant la cruelle période de 1940 à 1945, la nourriture des chevaux devint si difficile à assurer que certains propriétaires ont eu recours au bœuf, plus rustique que le cheval- pour labourer les vignes. Il a donc fallu sculpter des jougs pour un seul animal. C’est ainsi que Monsieur Guiral nous a fait deux jougs pour les bœufs que nous avons utilisés sur quelques vignes du Midi. L’autre jour il nous rappelait qu’il avait même imaginé, à la demande d’un ami, un joug très large, permettant aux bœufs d’avancer dans la vigne, séparés par une rangée de souches. C’est le principe adapté plus tard par le tracteur-vigneron.

Le jougatier était reçu cordialement par le propriétaire chez qui lui venait travailler. Il y trouvait toujours le gîte et le couvert. Et quand il était d’humeur joyeuse, il chantait.

Texte de Marthe Bergonier,
paru dans la revue « Le Caussenard » n°16,
janvier-février mars 1986 »

Taille d’un joug Charollais, toutes les étapes en vidéo

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Nous vous proposons une suite de quatre vidéos consacrées à la taille d’un joug d’attelage depuis la bille équarrie jusqu’au joug terminé.

Haches, herminettes et planes sont les principaux outils utilisés pour tailler un joug d’attelage sans interventions d’outils mécaniques.

Il s’agit là d’un modèle Charollais dit « découpé » réalisé par Michel Nioulou.

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Fête à Morel, chez Maryse et Michel Berne, bovins de travail et savoir-faire agricole, 5 mai 2019, Bourg-Argental (42)

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Maryse et Michel Berne à Bourg-Argental travaillent sur une petite ferme de montagne en traction animale bovine.

Le 5 mai 2019, ils organisent un après-midi dans leur ferme avec différentes animations autour du milieu agricole traditionnel, cerclage de roues agricoles en bois, taille de joug, fabrication de coussins d’attelage en paille et de vire-mouches. Il y aura aussi des démonstrations de matériel autour du bois (scie mobile, fendeuse, broyeur) et la présence d’une auteure de romans du terroir. D’autres animations sont à confirmer.

Vous pourrez bien sûr visiter le très beau musée agricole « La ferme à l’ancienne », qu’ils ont constitué au fil des années. Venez rencontrer Maryse et Michel qui vous parleront avec enthousiasme de leur métier, du travail avec les animaux et de leurs passions.

Renseignements:

Maryse et Michel Berne, Morel 42220 Bourg Argental,

04 77 39 60 75

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Taille d’un joug par Lionel Rouanet au pôle traction animale de la Fête de la Vache Nantaise, septembre 2018, Le Dresny (44)

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La fête de la Vache Nantaise 2018 au Dresny en Loire Atlantique a accueilli Lionel Rouanet, fabricant de joug pour l’attelage.

Durant la fête, Lionel Rouanet a taillé un joug du type « Aveyronnais» à partir d’une grume de frêne livrée sur le site dès jeudi soir. Les trois jours de manifestations ont permis d’amener la taille presque à son terme. Les questionnements du public et les explications nombreuses apportées par Lionel ont bien sûr ralenti le travail. Mais le fait que le joug n’ait pas pu être terminé complètement sur trois jours, est la preuve de l’intérêt qu’a pu susciter la présence d’un des derniers (et jeune) jougtiers de France, dont l’apprentissage s’est déroulé auprès de René Alibert, fabricant de jougs réputé de l’Aveyron, disparu en Août 2017.

Lionel présentait un beau panel de ses productions de jougs Aveyronnais mais aussi des jougs de garrots, des jougs de parade de départ en estives et des jougs d’homme pour les transports à l’épaule.
On pouvait aussi découvrir tous les accessoires pour l’attelage des bovins (paniers, coussins d’attelage, liens, anneaux d’attelage en cuir torsadé, vire-mouches).

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Fête de la vache Nantaise 2018, pôle traction animale, un grand rassemblement de bouviers

 fête 2018 de la vache Nantaise (114). Fête de la vache Nantaise

Jean-Bernard Huon au labour à deux paires

Au Dresny, Plessé (44), la fête de la vache Nantaise qui a lieu tous les quatre ans, s’est tenue cette année du 7 au 9 septembre 2018.

Le coeur de l’événement s’organise autour des races animales d’élevage à faible effectif. Cette année, le porc Basque en était l’invité d’honneur. L’esprit de ce grand rassemblement est axé autour de l’agriculture, des techniques durables, respectueuses de l’environnement, qui s’orientent vers une transition écologique. La fête s’étend sur 10 hectares souvent à l’ombre de grands arbres.

Le pôle traction animale

Le pôle traction animale sous la responsabilité entre autres de Christine Arbeit et Joseph Durand, paysans en traction animale au Dresny, est l’un des points forts de la fête.

Un hectare de terrain partagé en une surface de vigne, une parcelle de maïs et une grande terre de labour a permis à de nombreux attelages de chevaux, mules, mulets, ânes et bovins de travailler tout à leur aise.

Une seconde parcelle de vigne était placée en dessous de l’espace de débardage sur un terrain en pente.
De nombreux stands aux abords de la parcelle de démonstration, permettaient au public de découvrir et d’échanger autour de la traction animale, du matériel, des structures de formations, des artisans, des structures de promotion et de développement de la traction animale.

Etaient présents:

Entreprise JOURDANT avec Stéphane PARRAIN (Cliquez ici pour voir)

Entreprise EQUINOXE avec Daniel Pasquet (Cliquez ici pour voir)

Entreprise VITI-MECA avec Gilles Duvin (Cliquez ici pour voir)

Entreprise BERNARD MICHON HIPPOMOBILE (Cliquez ici pour voir)

Coopérative d’auto-construction L’ATELIER PAYSAN (Cliquez ici pour voir)

Association HIPPOTESE (avec les mesures de force de traction) (Cliquez ici pour voir)

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Entreprise AFH avec Stéphanie Boudin, bourrelière, pour la sellerie et le harnachement. (Cliquez ici pour voir)

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Emmanuel Fleurentdidier et Jérémy Bulteau

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Jean-Marc Chauveau aidé de Francis

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Emile Fleurentdidier

Les causeries

Deux tables rondes ont été orchestrées par Christine Arbeit et Jo Durand.

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Christine Arbeit

La première faisait le point sur la traction bovine, la manière de transmettre les savoir-faire par les formations et la promotion sous toutes ses formes.

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La seconde était axée sur l’utilisation de la traction animale dans un système d’agriculture durable. Il a été question de la pertinence de l’introduction de la traction animale dans un système de production. Le discours très réaliste qui s’est dégagé de cette causerie a bien mis en évidence que faire de l’agriculture autrement ne signifie pas de la faire n’importe comment.

Un jeune en installation doit à la fois trouver des terres, mettre en place un système de production, un système de vente, la technicité, la gestion et l’organisation de l’ensemble. Si dès le début, il veut à
tout prix intégrer de la traction animale uniquement par conviction, mais sans connaissances, il ajoute une grande difficulté technique et une perte de temps à la mise en route de son projet.

De fait, il est apparu qu’il vaut mieux, dans un premier temps, s’installer dans un système de petite mécanisation pour avoir le temps d’apprendre à gérer techniquement la production et la vente, puis d’intégrer progressivement la traction animale. Il apparaît ensuite qu’il n’est pas forcément économiquement intéressant d’entretenir un animal pour quelques heures de travail par semaine, d’autant plus pénalisé au début par un manque de maîtrise et d’efficacité compromettant la réussite de l’installation et la crédibilité du système.

A contrario, pour qui maîtrise l’attelage et l’animal, l’investissement est moindre qu’en agriculture mécanisée.

Le problème du foncier et de la possibilité d’avoir des terres pour exploiter a aussi fait l’objet de discussions. Plusieurs exemples concrets ont été évoqués en présentant des solutions alternatives qui permettent d’échapper à la main mise de la SAFER sur les cessions de terrain qui bloquent la mise en place et le développement de projets hors agriculture « conventionnelle ».

Le coin des bouviers et les démonstrations

La traction bovine était bien présente sur les stands comme sur le terrain.

Emmanuel Fleurentdidier, en plus d’avoir sa paire de boeufs au travail sur le champs de démonstration, présentait son activité de « Traits malins » ainsi que les formations qu’il propose autour de la traction animale en particulier celle en traction bovine réalisée du 17 au 21 septembre 2018 à Moulismes (86).

20180907_130318De gauche à droite, Christine Arbeit, Jérémy Bulteau, Thomas Lippolis, Laurent Martin

Thomas Lippolis de l’Ecomusée d’Alsace a pu expliquer et promouvoir le travail fait autour de la traction animale au sein de la structure ainsi que les formations traction bovine qu’il propose depuis un an avec Philippe Kuhlmann comme formateur. Deux stages ont déjà eu lieu fin 2017, un au début 2018 et un autre organisé du 5 au 9 novembre 2018 à Ungersheim (68).

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Durant la journée du vendredi, ce sont les scolaires de tous niveaux qui sont passés sur les stands et vers la parcelle de démonstration du pôle traction animale. La visite de plusieurs lycées agricoles a permis aux élèves de découvrir le travail agricole en traction animale. Suite à de nombreuses questions, plusieurs jeunes se sont d’ailleurs rapprochés des structures de formations pour envisager de faire des stages et de s’orienter dans cette voie.

On peut noter aussi que plusieurs jeunes fils d’agriculteurs locaux organisateurs de la fête, sont restés durant les trois jours auprès des bouviers. Certains ont observé, d’autres ont pris l’aiguillon pour mener, sous l’oeil prudent de leur propriétaire, des paires de bovins en particulier avec Pierre Nabos qui, avec Emile Fleurentdidier, était l’un des plus jeunes des bouviers de la fête.

La découverte et la pratique de ces jeunes ont sûrement  fait naître des vocations qui feront, à l’avenir, perdurer la pratique .

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Laurent Avon à gauche en compagnie de Philippe Kuhlmann, deux militants pour les races anciennes et la traction animale bovine

Nous avons aussi eu la chance de croiser Laurent Avon en visite sur la fête. C’est la personne incontournable du milieu de l’attelage bovin et des races locales à faible effectifs en France. C’est grâce à son travail que nous avons pu développer le blog en contactant les bouviers qu’il avait répertoriés.

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Démonstration de liage du Morbihan

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Une apprentie adroite!! 

L’Académie des Bouviers du Puy du Fou, sous la houlette de Laurent Martin accompagné de Léonie Biteau, Jérémy Bulteau, Julien Siaudeau, Lionel Rapin et Simon Robet, abordait également le volet formation traction bovine proposée aux bénévoles qui la rejoignent. Cette académie uniquement réservée aux Puyfolais, rassemble de très nombreux jeunes très motivés, et assure une formation soutenue de meneur avec une ouverture vers la pratique professionnelle chez les paysans bouviers par des stages d’un à plusieurs jours en situation dans les fermes (Jo Durand, Jean-Bernard Huon…).

On pouvait également sur le stand pratiquer et apprendre le liage des bovins sur une tête cornée.

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Lionel Rouanet, jougtier

Durant la fête, Lionel Rouanet a taillé un joug du type « Aveyronnais» à partir d’une grume de frêne livrée sur le site dès jeudi soir. Les trois jours de manifestations ont permis d’amener la taille presque à son terme. Les questionnements du public et les explications nombreuses apportées par Lionel ont bien sûr ralenti le travail. Mais le fait que le joug n’ait pas pu être terminé complètement sur trois jours, est la preuve de l’intérêt qu’a pu susciter la présence d’un des derniers (et jeune) jougtiers de France, dont l’apprentissage s’est déroulé auprès de René Alibert, fabricant de jougs réputé de l’Aveyron, disparu en Août 2017.

Lionel présentait un beau panel de ses productions de jougs Aveyronnais mais aussi des jougs de garrots, des jougs de parade de départ en estives et des jougs d’homme pour les transports à l’épaule.
On pouvait aussi découvrir tous les accessoires pour l’attelage des bovins (paniers, coussins d’attelage, liens, anneaux d’attelage en cuir torsadé, vire-mouches).

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Véronique Nioulou, fabrication de coussins d’attelage en laîches

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Véronique tresse à 4 pour la fabrication des vire-mouches tressés en fil de lin

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Emilie une toute jeune apprentie assidue durant les trois jours, tresse à quatre des vire-mouches en fil de lin

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Vire-mouches tressés

Véronique Nioulou fabriquait des coussins d’attelage de bovin en laîche du modèle « Charollais » et des vire-mouches tressés (modèle Haute-Garonne). Emilie, fille d’éleveur de moutons d’Ouessant exposant sur la fête a été fascinée par le tressage du lin pour réaliser les vire-mouches que Véronique réalise. Elle est restée dès le premier jour sur le stand et a fabriqué aussi bien des coussins d’attelages que les vire-mouches.

J’ai personnellement présenté sur le stand de Lionel et Véronique un film « synthèse » sur l’attelage bovin en France réalisé à partir des documents présents sur le blog.

Que ce soit pour les jougs ou pour les accessoires d’attelage, ces techniques maintenues grâce à quelques uns, mais cependant nécessaires aux bouviers, ont été le sujet de nombreux questionnements et étonnements, en particulier sur le fait que ces objets soient réalisés dans un cadre utilitaire. Il faut noter que les mêmes questions revenaient aussi pour les attelages, qu’ils soient bovins ou équins. En effet, le public a souvent découvert que la traction animale n’est pas, comme ils le pensent, une pratique ancienne et d’hier, mais bien une réalité qui s’inscrit dans une pratique actuelle et quotidienne, professionnelle et maîtrisée.

Les attelages bovins comptaient un bel effectif rassemblé pour ces trois jours.

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Presque tous les bovins présents (il manque deux génisses Vosgiennes)

Pas moins de 13 boeufs, génisses et vaches étaient au travail avec leurs bouviers.

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Emmanuel Fleurentdidier de la Vienne et sa paire de boeufs Vosgiens qui travaillent également en solo.

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Jean-Bernard Huon de Riec-sur-Belon (Finistère) avec ses deux paires de boeufs Nantais et Pie-Noire Breton.

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Pierre Nabos du Gers avec sa paire de vaches Béarnaise.

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Jean-Marc Chauveau de Chaumes-en-Retz (Loire-Atlantique) avec sa paire de jeunes vaches Nantaises.

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Jo Durand, le régional de l’équipe, avec ses animaux Vosgiens, un boeuf solo et deux génisses en guides.

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Philippe Kuhlmann, à gauche

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Francis Bazerque à gauche et Joseph Durand à droite

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A gauche, Guy Chautard, éleveur, dresseur et meneur de Ferrandaises, en discussion avec Joël Blanc (au fond)

Bien qu’ils soient venus sans animaux, la présence de bouviers référents comme Philippe Kuhlmann du Haut-Rhin ou Joël Blanc de l’Aveyron, tous les deux paysans utilisateurs de la traction bovine et de Francis Bazerque de Haute-Garonne (Cliquez ici pour voir), bouviers utilisateurs de vaches Lourdaises, a permis aussi d’échanger avec eux autour de la traction animale, en particulier lors des « causeries ».

On a pu aussi croiser Guy Chautard, éleveur, dresseur et meneur de Ferrandaises, mais plutôt occupé au stand de la Ferrandaise, au village des races.

Cozette Griffin Kremer et Nicole Bochet, observatrices et promotrices actives du milieu, étaient également aux côtés des bouviers.

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Jo Durand et son boeuf en dressage au collier en solo dans la vigne

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Les jeunes Nantaises de Jean-Marc Chauveau au sarclage

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          Jean-Marc Chauveau affiche la satisfaction du travail de ses jeunes animaux

Au cours de ces trois jours, on a pu voir évoluer des animaux qui ont l’habitude de travailler. Seule la paire de jeunes Nantaises de Jean-Marc Chauveau et les bovins Vosgiens de Jo Durand avaient moins d’expérience que les autres puisqu’ils sont en fin de dressage, mais les animaux ont rapidement intégré la situation inédite pour eux et n’ont en rien abaissé le niveau de travail. On
peut même dire que trois jours de travail à la fête de la vache Nantaise comptent largement pour trois semaines de dressage à la maison !!!

Durant ces journées, les paires se sont partagé les matériels anciens et modernes pour labourer, herser, sarcler, butter.

Jean-Bernard Huon qui travaille chez lui ses quinze hectares de terre uniquement avec ses deux paires de boeufs, a labouré tantôt à une paire, tantôt à deux, avec différentes charrues, brabant, Dombasles à rouelle, mais aussi avec des outils modernes proposés par les constructeurs.

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Jean-Bernard Huon et son aide au labour avec les boeufs Nantais devant et les boeufs Pie Noire Breton derrière

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 Les Nantais de Jean-Bernard Huon au labour

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Les Pie noire tirent la raie au maximum sans dévier

On pouvait bien noter l’habitude de ces animaux au labour surtout au moment des demi-tours où, successivement, les deux paires emmènent bien l’attelage au bout du rang avant de virer. Le travail des Pie-Noire placées à la charrue en deuxième position est caractéristique : imperturbables, bien que les Nantais du devant aient déjà viré, ils tirent parfaitement le rang jusqu’au bout, le nez dans la barrière, sans dévier. Il faut noter que pour des raisons de sécurité, ces deux paires étaient menées à eux sur la fête, alors que chez lui Jean-Bernard laboure seul et réalise les demi-tour à la voix en restant derrière au brabant pour détourner.

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Manu Fleurentdidier manipule des troncs

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« La Forcat » au travail avec un boeuf solo d’Emmanuel Fleurentdidier

Outre le travail en paire qu’il a mis en oeuvre sur différents matériels et en débardage, Manu Fleurentdidier ainsi que son jeune fils Emile, bouvier depuis l’enfance, a aussi travaillé avec ses boeufs attelés en solo en sarclage, petit labour et buttage avec, entre autre, « la Forcat », un petit porte-outil espagnol à brancards, simple et léger, idéal en maraîchage.

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Pierre Nabos avec ses deux belles vaches Béarnaises a démontré une nouvelle fois ses qualités de dresseur et de meneur avec deux animaux calmes, parfaitement aux ordres et volontaires au travail.

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Jean-Marc Chauveau et ses deux jeunes vaches Nantaises qui ont encore besoin de travail et d’expérience vu leur jeune âge, a parfaitement bien assuré ses démonstrations et la rencontre avec les autres bouviers a été aussi pour lui un grand moteur de motivation pour la suite de son travail.

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Jo Durand a pris en guide un jeune boeuf Vosgien qu’il a progressivement mis à la traction, en particulier au griffage dans l’espace des vignes. Il avait aussi deux jeunes vaches Vosgiennes utilisées par une équipe de réalisation de torchis en terre. Les deux bêtes menées en guide brassaient la terre humidifiée en la foulant aux pieds au fond d’une tranchée circulaire. Les bêtes ont été menées sans encombre par les membres de l’équipe des maçons, malgré le travail répétitif en rond serré que les animaux ont ordinairement parfois du mal à réaliser sans énervement.

La grande attelée 

Le dimanche, l’équipe des bouviers a décidé de réaliser, pour se faire plaisir, une grande attelé avec les cinq paires disponibles sur le site.

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Elle a été mise en oeuvre au labour avec un brabant. De la tête de l’attelage à la charrue se succédaient, la paire de boeuf Vosgiens d’Emmanuel Fleurentdidier, la paire de vaches Béarnaises de Pierre Nabos, la paire de vaches Nantaises de Jean-Marc Chauveau, la paire de boeufs Nantais de Jean-Bernard Huon et sa paire de Pie-Noire Bretons.

Bien sûr la taille du brabant, la qualité du sol et son état ne nécessitaient en rien autant de puissance de traction, mais l’image était symbolique et le reflet d’un dressage des animaux et du savoir-faire de leurs meneurs. C’est sans difficultés que le labour s’est effectué pendant une bonne demi-heure avec de nombreux demi-tours, tous réalisés par les cinq paires sans problèmes malgré des chaintres assez courtes. La situation était assez rare pour que les spectateurs nombreux et les acteurs de la traction bovine s’en imprègnent et savourent à la fois la réussite technique de menage et l’image rare et majestueuse de cinq paires attelées au labour.

En attendant la prochaine !

C’est sur cette belle et rassurante expérience que s’est achevée une fête sans égale et parfaitement réussie.

Chez les bouviers, un tel rassemblement est une aubaine pour les rencontres et les échanges. Trois jours permettent aussi de créer des liens pour ceux qui ne se connaissent pas. De l’avis de beaucoup, tous ont humainement passé des moments forts et chargés de positif.

Les 60000 spectateurs ont eu l’occasion, entre autres, de découvrir la traction animale sous un aspect professionnel et non « folklorique » comme souvent dans des démonstrations publiques.
Les échanges qu’ils ont pu avoir avec les meneurs et les artisans leur ont permis aussi de repartir avec une autre vision de la traction animale.

Face aux rapport alarmistes récents des experts du GIEC, la pratique professionnelle de la traction animale que les visiteurs ont pu voir à l’oeuvre, est sûrement, à son niveau, une des solution pour relever les défis écologiques qui s’imposent à tous pour la sauvegarde de l’humanité. Il est aussi parfois bon de rappeler à tous que la mécanisation de l’agriculture ne concerne que 3% des agriculteurs mondiaux, elle paraît maintenant marginale ici alors qu’elle est commune ailleurs.
La traction animale peut participer en complément aux autres systèmes de traction, à réduire l’impact sur les sols de la sur-mécanisation, limiter l’impact sur la qualité de l’air et toutes les pollutions induites qui apparaissent de plus en plus néfaste à l’avenir de l’Homme.

Avec une bonne maîtrise technique, un mode de production et de commercialisation adaptés et réfléchis, la traction animale contribue aussi en limitant le sur-investissement, à ne pas entrer dans un système de sur-endettement et une dépendance aux systèmes financiers qui est l’un des handicaps de l’agriculture actuelle. A la condition qu’elle soit mise en place sérieusement, de manière pensée et techniquement adaptée, il apparaît qu’elle a sa place et la capacité à se (re) développer au sein de systèmes de productions modernes, plus respectueux de l’environnement et de l’Homme au sens le plus large.

Rendez-vous dans quatre ans pour, nous l’espérons tous, une aussi belle fête réussie, grâce à la présence de meneurs professionnels et performants qui font la fierté d’un milieu en devenir.

Michel Nioulou

Vidéo consacrée à Jean-Bernard Huon:

Les trois jours en images pêle-mêle

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De nombreuses vidéos sont à venir le temps (long) du montage!!

Travail avec des boeufs, ferrage et taille de jougs au canada

 

Gordon Lohnes a travaillé avec des boeufs pendant plus de 70 ans dans le comté de Lunenburg en Nouvelle-Écosse au Canada.

René Alibert, dernier jougtier professionnel d’Occitanie, a rejoint ses aïeux par Lionel Rouanet (article enrichi)

rené alibert portrait ok ok. jougtier professionnel

René nous a quittés le vendredi 25 Août, à l’âge de 90 ans. Depuis un peu plus d’un mois auparavant, il avait vu son état général se dégrader rapidement.

Fils d’un jougtier professionnel, après avoir passé trois ans complets comme « valet », employé agricole dans une grande ferme du Lévezou (Monts séparant, à l’Est, le Nord du Sud du département de l’Aveyron), il prit à 18 ans, le chemin au côté de son père, jougtier de métier, à temps plein.

C’était une chose peu courante, que d’être jougtier de cette façon dans ce pays-là (au sens petite région). Jougtier dans l’Aveyron, c’était plutôt une activité complémentaire pour de nombreux petits paysans ou artisans du bois. Marius, de son prénom d’usage, le père de René, était vraisemblablement le seul dans sa profession, déclaré à la chambre des métiers en ce temps-là.

René débuta donc l’apprentissage de ce métier itinérant avec son père, ce qui donna à ce dernier l’occasion d’agrandir sa tournée et entre autres de monter travailler sur l’Aubrac aux alentours de Laguiole, connue pour son fromage. Dois-je préciser ? Pour y aller, sur l’Aubrac, point d’automobile, le trajet se faisait à bicyclette. Inutile de dire qu’il ne fallait pas y aller pour trois clients ! Ils partaient pour la semaine, parfois deux. Il fallait compter quasiment une journée de trajet aller et autant pour le retour, encore que dans ce cas, ça descendait. Là-haut, ils dormaient dans les fermes, c’était ainsi coutume : les jougtiers étaient nourris et logés. Bien nourris même ! La maîtresse des lieux, tenait à ce que la réputation de la maison soit bonne. Lorsque la tournée était aux alentours de Laissac, ils rentraient chaque soir, ce qui laissait du temps pour s’occuper d’un jardin, de la volaille et même d’un ou deux cochons selon les années.

Dès que René commença à être un peu autonome, son père qui néanmoins l’accompagnait toujours, le laissait chez un client le matin, l’aidait à commencer le travail, puis partait, pour lui aussi, faire un joug de son côté, chez un paysan des alentours. En fin d’après-midi, son travail fini, le père repassait chez le premier client pour retrouver son fils et l’aider à terminer, en vérifiant que le travail, sur mesure, convenait bien. Car, oui, dans ce pays comme dans beaucoup d’autres cela dit, un joug, c’était du sur mesure ! Dans l’Aveyron particulièrement quand même. Il fallait qu’elles présentent bien, les bêtes, au joug ! Surtout les bœufs, sas qué1 (m’aurait dit René) dans les grandes fermes, ils faisaient la fierté des bouïèrs2. C’était à qui avait une paire dont les cornes se croisaient le plus élégamment au-dessus du timon ! Dans les petites fermes, on joignait plutôt des vaches. Il fallait que ça puisse travailler, ça oui ! Mais après, l’esthétique ne primait pas toujours autant.

 

Et donc, quand le père retournait trouver son apprenti, il pouvait le conseiller pour la phase délicate qu’est l’ajustement final. Puis : « le trou paye » se disait-il. C’est-à-dire le trou du passage de la méjane3. C’était la dernière étape, ou plutôt l’avant-dernière, car avant de recevoir la paye, tout jougtier à l’activité suffisamment conséquente, signait son travail par un coup de poinçon dans le bois encore tendre.

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Poinçon de René Alibert

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Poinçon de Joseph-Marius Alibert son père

Encore tendre, vous exclamez-vous peut-être ? Et oui, bien sûr ! Un joug, du moins les jougs de ce genre-là, ne sont pas faits en bois sec. Qui a déjà tenu une hache, sait bien qu’elle ne rentre pas de la même manière dans du bois vert ou du bois sec. Il n’y a pas que cette raison, mais ce n’est pas spécialement le propos ici et j’ai déjà écrit assez en détail sur le sujet (article  sur le blog, ou Sabot n°71). Je rajoute néanmoins que si le bois était tendre, c’est qu’il provenait donc d’un arbre tout fraîchement abattu, parfois le matin même, ou alors d’un morceau réservé spécialement à cet effet, espérant le jougtier dans le bassin ou la mare de la ferme.

Fréquemment, l’été notamment, le joug terminé, ce n’était pas pour autant fini. Il fallait le « flambusquer ». Chose pour laquelle le paysan pouvait éventuellement se débrouiller tout seul. Cela consistait à cuire le joug sur un feu vif, très rapidement mais très intensément. Il avait au préalable été enduit de gras, traditionnellement du lard de cochon, puis plus tard avec … de l’huile de vidange. Cette opération permettait à l’eau contenue dans le bois de s’en aller, sans que le joug n’éclate, car une pellicule protectrice se formait par la combinaison du gras, de la chaleur et du noir de fumée. Cela durcissait aussi le joug, et en le fumant, devait participer à le rendre inappétant pour les insectes xylophages que nous appelons dans le sud plus simplement et génériquement « cussous ». Ce devait être une forme de garantie multi-décennale. Car le bois, s’il avait trempé assez longuement avant d’être mis en forme, s’était lavé de sa sève. Celle-ci contenant amidons et autres matières sucrées, il perdait ainsi quasiment tout son intérêt pour les insectes à tarière.

Pour René, arrivèrent vite les vingt ans et l’appel sous les drapeaux. Après un service dans la musique, comme clairon, René regagna son Aveyron et repris le travail au côté de son père, mais très vite il fut complètement autonome. Ils continuèrent à faire tournée ensemble mais le père gagnait la tranquillité de n’avoir plus à repasser chaque soir valider le travail de son fils. L’achat, pour chacun d’eux, d’une petite moto Terrot, leur permit d’agrandir encore un peu la tournée, mais pour une courte durée ! Ils n’étaient pas les seuls à investir dans ce genre d’engins, dernière génération des « machines à feu » comme on les appelle parfois en histoire des techniques. Leurs lourds ancêtres fumants, les locomobiles, non pas encore goulues d’essence mais d’eau et de bois, avaient déjà investi les campagnes depuis quelques décennies, depuis grosso modo le retour de la soit disant Der des Der pour ce qui est de l’Aveyron. Ces locomobiles, rarement automobiles ou routières comme on disait, avaient eu l’obligeance de garder du travail pour tout le monde, les femmes, les hommes, et les bêtes. Et oui, les femmes, on les oublie souvent. C’est qu’ils ne mangeaient pas qu’un peu les hommes pendant les dépiquages ! C’était du travail, d’une part, mais c’était aussi la fête, la joie de fin des sègas4, dans l’entraide ! Mardi chez Gustou, mercredi chez l’Achille. Enfin, pour en revenir aux bêtes, qui elles aussi avaient du travail, j’en passe par les petites : ces jours-là, ce n’était pas la fête pour la volaille ou les lapins ! Et les grosses donc, elles attrapaient souvent quelques braves suzades5. Il fallait les tirer ces monstres-là de locos, tout d’acier et de fonte, avec aussi un peu de laiton qui les embellissait ! « De cuivre » comme disent les mamies. Il faut dire que les bœufs, tirer des trucs pareils par les travers de ce pays-là, « ils s’en plaisaient mieux » que les chevaux. Ces derniers, s’il faut maintenir la traction d’une lourde charge à l’arrêt dans une montée, puis repartir, ça ne leur convient guère. Les petites locos pesaient déjà souvent 4 tonnes à vide, les batteuses n’étaient pas franchement plus légères ! Et puis les bœufs, ou les vaches, tout le monde en avait. Et s’il était trop difficile de passer tel rampaliou6, on allait chercher les bêtes d’Emile « per far prodel 7».

Enfin, tout ça pour dire que les motos, c’était bien-sûr le début de la fin. Si les jougtiers pouvaient se payer une moto, c’est parce que les paysans pouvaient se payer un tracteur, et/ou étaient incités à le faire. C’est vrai que si on se remet dans le contexte : vous vendez une paire de bœufs et vous pouvez acheter un tracteur tout neuf, tout fraîchement arrivé d’outre atlantique, ça fait réfléchir. En tout cas, ça fait moderne et en cette période d’après-guerre, on peut comprendre qu’il y avait besoin de renouveau. Donc bœuf, vaches, chevaux et autres mules furent rapidement débauchés par la croissance fulgurante de l’ère motorisée. Seuls quelques vieux « oritsinaux », (prononciation locale : originaux, marginaux) ne voulurent pas entendre parler de cette filiation des chars d’assaut qui n’ont pas vraiment la même odeur que le bétail ; ne « caguent8 » pas des bouses, mais de l’huile ; ne mangent pas de l’herbe, mais boivent un liquide à l’odeur douteuse ; ne vous font pas un veau par an (que vous pouvez vendre au foirail), mais vous coûtent des pièces détachées. Ces rares rebelles, peut-être par bêtise ou pensées arriéristes, mais aussi et certainement par philosophie et poésie, laissèrent quelques petites années de sursis à Marius (le père). Cependant, il n’y avait plus de travail pour deux et René dut poser et remiser la piasso9 et lou capaïssol10 : la hache et l’herminette.

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Hache de jougtier au fer plus long et plus ouvert

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Modèle « commun » de hache, courant chez tous les artisans du bois

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 Herminette spécifique de jougtier à fer double et à manche très court

Il resta néanmoins « dans le bois », mais ses copeaux changèrent de forme, ainsi que d’odeur ! Après une courte période à fabriquer des coffrages sur chantier durant laquelle il trouva que l’ardeur de ses collègues à arroser les fins de journées en rentrant du boulot n’était pas potentiellement propice à vieillir vieux et en bonne santé, il atterrit à la maison Balard à Rodez. Là, jusqu’à la fin de sa carrière il fut chef d’équipe à la parqueterie et je pense que personne n’eut à se plaindre de son travail ou de ses services.

Une fois à la retraite, il dépoussiéra les outils manuels. Des jougs neufs se remirent à naître de ses mains, assurant la relève de ceux qui depuis trop longtemps dans l’attente d’un peu de soleil juché sur un chignon d’Aubrac, avaient vu leur fonctionnalité altérée par les « cussous ».

Chez lui, à Laissac, dans le Nord Aveyron, entre Monts du Lévezou et Causse, René n’était pas seulement connu pour ses jougs. Infatigable, il était très apprécié de tous pour son implication bénévole dans différents domaines. Il fut musicien à la « clique », pompier, avait participé à la vie d’un musée local, aida tant qu’il le put le mardi matin au foirail … Mais surtout, René, c’était un jardinier, occupation qu’il garda jusqu’à ses derniers jours de validité. Et pourtant, il ne jardinait pas vraiment pour lui. Il jardinait pour la famille, les amis et les voisins mais aussi pour ses poules et lapins. Ces derniers mangeaient très certainement une nourriture de bien meilleure qualité que nombre de personnes entassées dans les grandes villes. Les légumes, lui, suite à des ennuis de santé, il y avait plus de vingt ans qu’il ne pouvait plus trop en manger.

Pour ma part, René était déjà sur ses vieux jours lorsque je le rencontrai. C’était durant l’automne 2009, il avait 82 ans, de l’énergie dans les bras et de la souplesse dans les jambes. Je passai alors le voir pour faire sa connaissance suite à un bref coup de téléphone. J’y passai par l’intérêt que je porte aux savoir-faire manuels anciens, par curiosité, et sur conseil d’un ami, paysan de montagne en Ariège, alors dresseur de mules, chevaux, et bœufs : Olivier Courthiade. Il m’avait dit « Vas-y, c’est le dernier ». Il exagérait à peine ! Ainsi, dès mon passage suivant, une paire de mois après, je devins son apprenti. Le premier, d’une certaine manière, car un ou deux autres avaient eu essayé je crois, mais l’expérience avait été courte. (Un charpentier des environs, retraité, vint ensuite pour voir la méthodologie). Je pense que ce fut une forme de soulagement pour lui. En effet, je crois que s’il avait une crainte, c’était celle de partir un jour sans avoir transmis (même si le mot n’est pas particulièrement juste, car lorsqu’on transmet, on n’a plus soi-même) le savoir-faire qu’il tenait de son père. Ce savoir-faire que son père avait eu le temps de tant affiner durant la dizaine de milliers de jougs qu’il tailla dans sa vie. Un peu plus de 300 ans par an, soit un par jour ouvrable, pendant une trentaine d’années.

S’il continuait de tailler des jougs à un âge si avancé, on se doute qu’il ne faisait pas partie de ces vieux grincheux se plaignant : « Ouh, avant qu’est-ce qu’on a pu trimer, qu’est-ce que c’était dur, heureusement que c’est terminé tout ça ! » Certes, il ne niait pas cet état des choses qui avait pu en aigrir d’autres. Lui, néanmoins ne s’en plaignait pas, au contraire même, il rajoutait souvent : « c’était le bon temps ». Peut-être tout bêtement parce que c’était le temps de sa jeunesse ! Et qu’elle semble avoir été heureuse, malgré les difficultés qu’il ait pu rencontrer, comme tout le monde, notamment une, épineuse pour sa génération : la guerre. Je le cite encore, d’après un enregistrement lors d’un collectage d’anecdotes, il parle justement du temps d’avant ses 18 ans, pendant les années où il était valet de ferme :

– « Oh il y avait une bonne ambiance, on se tutoyait, c’était … pute ! [à considérer comme une virgule, comme une verbalisation de l’exclamation] C’était … quand il y avait un coup [d’activité] à donner, on le donnait, tout le monde donnait un coup et puis s’il y avait cinq minutes à prendre on les prenait. C’était la belle vie, enfin la belle vie en travaillant ! Mais c’était la belle vie. »

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L’explication de cette gaité, de cet enthousiasme, est peut-être la suivante : il savait que ce travail tantôt autonome, tantôt collectif, correspondait au niveau de vie qu’ils avaient. Et puis, sortant de sa bouche, le mot travail n’avait pas tout à fait le sens habituel, qui dans notre civilisation de souche judéo-chrétienne, n’a toujours pas vraiment perdu le sens de ses origines latines, à savoir : tripalium. Pour lui, le travail, c’était l’occupation qui permet de vivre, simplement. L’Œuvre en fait ; que ce soit cultiver la terre, récolter, soigner lapins et volailles, transformer, bricoler … et bien sûr tailler des jougs. Chose qu’il fit, si je ne me trompe pas, jusqu’à l’hiver où il fêta ses 88 ans. Il avait encore la souplesse et la force juste nécessaires, la technique faisait le reste.

René avait un sourire joyeux. Néanmoins, ces dernières années, une forme de tristesse le gagnait parfois. Lui qui aimait tant la nature, répétait souvent : « on est allé trop loin, on a trop abimé de choses, y a qu’à voir … »

Une partie de ses gestes a été archivée par un film documentaire de Gilles Charensol : Le bois : Gestes d’Artisans 

Le matin où j’appris la nouvelle par téléphone, Georgette, sa sœur, me dit qu’elle lui souhaitait un paradis entre autres plein de fleurs, car il les aimait beaucoup. En mon nom, et j’espère pouvoir dire au nom de tous les proches du milieu des bouviers et paysans, je lui souhaite de même.

Lionel Rouanet, son ultime apprenti.

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 Le 14 juillet à Laissac devant son présentoir lors d’une présentation/animation taille de joug

In Memoriam :
Comme je l’ai mentionné dans ce texte, une partie des gestes de René a été archivée dans un film de Gilles Charensol. Pour ma part, pendant plus de deux ans, suite à la partie pratique durant laquelle j’appris la fabrication des jougs, j’ai passé beaucoup de temps avec René pour discuter de son apprentissage avec son père et du mode de vie dans sa jeunesse.
J’ai pris des notes, puis enregistré les discussions que j’ai ensuite écrites. Je pensais au début faire un article pour un magazine spécialisé tel que celui-ci, le blog de Michel ou pour la presse locale, mais très vite, j’ai eu beaucoup trop d’infos, de pages. Alors, j’ai continué, en me disant que je verrai bien … !
À ce jour, le texte issu de la mise en forme du collectage, comporte un peu plus de 230 pages au format 16×24. Quelques dessins et photos en niveaux de gris agrémentent le texte. Je pense en ajouter encore quelques autres, mais il me manque à les dessiner. Un cahier couleur, devrait aussi présenter quelques photos. Il y aura aussi sûrement quelques annexes, qu’il me faut terminer.
Pour diverses raisons, notamment professionnelles et de déménagement, voici un peu plus d’un an que j’avais ce projet au point mort. René me disait pourtant : « si tu veux que je le vois, dépêche-toi … » Hélas, ces injonctions seront restées vaines.
Tout cela verra peut-être le jour en 2018. Un partenariat d’édition se dessine …

1 sas que – sas qué – tu sais que … Expression bien typique, en occitan. Et même en français occitanisé !

2 boièr – bouïèr – bouvier

3 mejana – méjanò – méjane : forte courroie de cuir soutenant les rédoundes : anneaux de cuirs dans lesquels passe le timon.

4 sègas – sègòs – moissons (par endroits aussi : meissons – méissous)

5 brava suzada – brabò suzadò – brave suzade : bonne suée

6 rampalhon – rampaillou ou rampaliou – raidillon

7 per far prodel – pér fa proudél – pour faire proudel : c’est-à-dire utiliser le proudel, la chaîne de traction qui permettait de rajouter une paire devant la ou les autres. Par extension : venir aider à l’effort.

8 troisième personne du pluriel de : cagar – caga – caguer : déféquer

9 pi(g)assa – pigasso ou piasso – la hache

10 capaissòl – capaïssol – l’herminette

René Alibert, dernier jougtier professionnel d’Occitanie a rejoint ses aïeux, par Lionel Rouanet.

rené alibert portrait ok ok. dernier jougtier professionnel

Hommage à celui qui m’a enseigné son Art 

C’est avec tristesse, mais sans surprise, que je viens d’apprendre ce samedi matin, la disparition de René Alibert le dernier jougtier professionnel, voici déjà une semaine. Il nous a quitté le vendredi 25 Août, à l’âge de 90 ans.

René, depuis un peu plus d’un mois, avait vu son état général, se dégrader rapidement.

Fils d’un jougtier professionnel, il avait été lui-même jougtier de métier au côté de son père durant son jeune âge. Puis, bœuf, vaches, chevaux et autres mules, débauchés rapidement par la croissance fulgurante de l’ère motorisée, René dû poser et remiser la piasso et lou capaïssol : la hache et l’herminette. Il resta cependant « dans le bois », mais ses copeaux changèrent de forme, ainsi que d’odeur.

Une fois à la retraite, il dépoussiéra les outils manuels. Des jougs neufs se remirent à naitre de ses mains, assurant la relève de ceux qui depuis trop longtemps dans l’attente d’un peu de soleil juché sur un chignon d’Aubrac, avaient vu leur fonctionnalité altérée par les « cussous » (vrillettes).

Chez lui, à Laissac, dans le Nord Aveyron, entre Monts du Lévezou et Causse, René n’était pas seulement connu pour ses jougs. Infatigable, il était très apprécié de tous pour son implication bénévole dans différents domaines. Il fut musicien à la « clique », pompier, avait participé à la vie d’un musée local, aidait le mardi matin au foirail … Mais surtout, René, c’était un jardinier, occupation qu’il garda jusqu’à ses derniers jours de validité.

Sortant de sa bouche, le mot travail, n’avait pas tout à fait le sens habituel. Pour lui, le travail, c’était l’occupation qui permet de vivre, simplement, l’Oeuvre ; que ce soit cultiver la terre, récolter, soigner lapins et volailles, transformer, bricoler … et bien sûr tailler des jougs. Chose qu’il fit, si je ne me trompe pas, jusqu’à l’hiver où il fêta ses 88 ans. Il avait encore la souplesse et la force juste nécessaire, la technique faisait le reste.

René avait un sourire joyeux. Néanmoins, ces dernières années, une forme de tristesse le gagnait parfois. Lui qui aimant tant la nature, répétait souvent : « on est allé trop loin, on a trop abimé de choses, y a qu’à voir … »

Une partie de ses gestes a été archivée par un film documentaire de Gilles Charensol : Le bois : Gestes d’Artisans.

Georgette, sa sœur, m’a dit ce matin au téléphone qu’elle lui souhaitait un paradis entre autre plein de fleurs, car il les aimait beaucoup. En mon nom, et j’espère pouvoir dire au nom de tous les proches du milieu des bouviers et paysans, je lui souhaite de même.

Lionel Rouanet, son ultime apprenti.

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