Le dressage continue de manière assidue chez Agnès et Luc Bernard. Les premiers sillons ont été tracés avec la paire de boeufs Bretons.
Catégorie : Bouviers d’aujourd’hui
Pierre Dubreil, Port-Saint-Père (44)
« la traction animale, une pratique moderne pour une ruralité durable », Mandray (88) 2013
Karine Huguenot, était présente sur les journées de Mandray en 2013
« La traction animale, une pratique moderne pour une ruralité durable » réalisée par le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges dans le cadre de l’expérimentation participative et délibérative sur le Patrimoine Culturel Immatériel.
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Témoignages de professionnels, de formateurs, de personnes ressources, d’élus et d’habitants et démonstrations de traction chevaline et bovine recueillis lors de la journée de découverte de la traction animale à Mandray le 26 mai 2013.
Cette journée était organisée en partenariat avec la commune de Mandray, les professionnels de la traction animale, l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, des centres de formation et des associations locales.
Cette action était proposée dans le cadre de l’expérimentation participative et délibérative sur le Patrimoine Culturel Immatériel portée par le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges où un jury-citoyen a sélectionné la pratique de la traction animale présentée par Emmanuel Fleurentdidier, praticien, pour représenter le Patrimoine Culturel Immatériel de la Déodatie.
Jean Garnier, Lissac (43)
Monsieur Garnier de Lissac en Haute-Loire, Nous communique l’histoire de sa vie avec ses attelages.
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« Permettez-moi de de faire l’historique de cette passion.
J’ai 69 ans, et j’ai travaillé avec une paire de boeufs Aubrac (Murat et Muscat). Je passais le rouleau, la herse et faisais le transport du fumier. C’était la plus belle paire de boeufs de la foire de la Saint-André au Puy-en-Velay en 1951.
Je me rappelle des paysans qui étaient fiers de leurs attelages et qui n’hésitaient pas à donner un coup de brosse avant de les sortir. L’apothéose de leur fierté était de réussir à tirer la batteuse d’un emplacement difficile, là où la paire de leur voisin avait calé!!
En 1953 est arrivé le premier tracteur, un TEA Fergusson. Les boeufs sont restés sur la ferme jusqu’à fin 1956, et en pensant même que le tracteur ne pourrait pas faire tous les travaux, mon père a acheté une paire de vaches Salers très docile. J’ai participé au dressage. Elles s’appelaient Violette et Pervenche.
A contrario des vaches, les boeufs s’achetaient dressés. Ils venaient pour la plupart (à pieds!!) de Lozère, de l’Aveyron ou du Cantal.
Dans notre région, les attelages de boeufs étaient presque tous des Aubracs, un peu plus lents que les Salers, mais plus résistants à la chaleur.
Pour les paires de vaches, c’était plus varié, on voyait même des croisées ou des « Mézines », une race pure du nom de la montagne la plus haute de Haute-Loire.
Cette race a complètement disparu. La race Aubrac a bien failli être dans le même cas. C’est aujourd’hui chez nous la race allaitante la plus en vogue.
Les noms des boeufs les plus usités sont : Ladet, Lebroux, Rousset, Doura, Froment, Clairon, Dragon…
Le retour de l’attelage.
En 2000, en regardant la vidéo-cassette qui s’intitule « Toi l’auvergnat, dernier paysan » (film de René Duranton sur Michel Boudon de Saint-Jean-des-Ollières, un film tourné dans le Puy-de-Dôme, où un agriculteur travaille comme il y a soixante ans avec ses deux paires de boeufs, il m’est venu l’idée de dresser à nouveau des boeufs.
Un pari un peu fou que m’ont lancé un stagiaire et mon gendre.
A une quinzaine de kilomètres de chez moi, j’ai trouvé trois broutards un peu vieux, dans un élevage correspondant aux normes sanitaires souhaitées.
Je les ai fait castrer par le vétérinaire, et j’ai choisi les deux plus réguliers, Rancou et Rabissou.
Six mois plus tard, j’ai commencé à mettre le joug que nous avions conservé. Petit à petit, aidé de mon gendre, nous avons avancé dans le dressage, une demi-journée par semaine. Ils traînaient, au début, un bloc de ciment.
Puis, plus tard, nous les attelions au tracteur mis au point mort pour les faire tirer!!
Nous les utilisions de nouveau à la maison pour le débardage du bois de chauffage. C’était leur plus gros travail chez nous.
Bien sûr, j’ai été demandé pour animer des fêtes et des concours de labours, la plupart du temps bénévolement. Je labourais au brabant et à la charrue à mancherons.
Après soixante ans, je pensais avoir plus de temps libre et faire diverses animations. Mais j’avais un problème pour le transport, avec la nécessité d’avoir le permis poids lourds car la paire pesait deux tonnes deux cent kilogrammes.
Fin 2008, Rancou a été pris de paralysie incurable. Après de nombreux soins, il est mort à la maison. Il était impensable de le remplacer, et j’ai dû me séparer de Rabissou, pas facile et trop lourd (612 kg de viande).
Je ne regrette pas cette expérience. Le plus important était, à mon sens, de faire connaître à nos enfants et petits-enfants, le travail d’agriculteur en traction animale. J’espère avoir livré mon expérience et mes sentiments. »
« Les vaches de François », article d’Eric Rousseaux à propos de François Ladet (12)
Sur une petite route, aux environs de Saint Eulalie d’Olt, dans l’Aveyron…
Texte et photos Eric Rousseaux Paru dans la revue « Sabots » numéro 17, mars / avril 2007.
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Les vaches de François.
Souvent présents lors des moissons à l’ancienne et autres fêtes traditionnelles, les attelages de bœufs et leurs conducteurs enchantent généralement le public. Imaginez alors le bonheur qui vous attend si un jour vous avez la chance d’entrer dans l’intimité de l’un de ces passeurs de mémoire !
Au détour d’une petite route.
Nous en avions pourtant vu, des vaches Aubrac sur les petites routes de l’Aveyron au cours des jours précédents ! Nous venions d’assister à la transhumance qui anime chaque année les Monts d’Aubrac au retour du printemps. Nous aurions dû en être rassasiés…
Ces deux là avaient cependant quelque chose de plus. Telles deux sœurs siamoises, solidarisées par le joug placé sur leur nuque et lié à leurs cornes, elles suivaient docilement un homme marchant devant elles, l’aiguillon posé sur une épaule, la fourche sur l’autre.
Le temps de trouver un emplacement pour se garer, quelques virages plus loin, tout le monde avait disparu. Avec le chant des oiseaux pour seule compagnie, nous marchions, mon épouse et moi-même, à la recherche de cet équipage. Il était forcément dans les parages !
Et puis enfin, un indice : des andains de foin à flanc de coteau… Ce devait être là !
Suants, soufflants, nous avons fini par retrouver « nos vaches » au sommet d’une colline. L’homme était en train de les atteler à une remorque maintes fois rafistolée, comme en témoignaient les composants hétéroclites de sa structure. Après avoir échangé quelques civilités, nous l’avons accompagné et regardé travailler.
Maintes fois rafistolée…
Essentiellement utilisée pour la production extensive d’animaux de boucherie, et de façon plus marginale, pour la production de lait destiné à la fabrication du fromage de Laguiole, la race Aubrac a longtemps été employée comme bête de trait, spécialement pour les travaux de la ferme, les moissons, le transport du foin et des céréales, mais aussi pour le débardage.
Une paire de bêtes comme celles que nous avions devant nous peut tirer une tonne à la vitesse de 4 kilomètres par heure en travaillant 8 heures par jour et 250 jours par an. Ces animaux, agiles, calmes et appliqués, commencent à travailler à l’âge de 30 mois, ils pèsent en moyenne 700 kg.
Après avoir été coupé avec une moto faucheuse, le foin a été fané puis andainé avec un râteau faneur tracté par les vaches.
Un homme heureux.
Tout en chargeant son foin, François Ladet, c’est le nom de notre homme, nous résuma sa vie en quelques mots. Aujourd’hui âgé de 67 ans, il avait logiquement succédé à son père sur la petite exploitation familiale, à Sainte Eulalie d’Olt (un des plus beaux villages de France), tandis que ses 5 sœurs quittaient la ferme. L’exploitation comptait alors 40 brebis, 24 vaches et 2 bœufs attelés. Cela suffisait à faire vivre la famille. En hiver, cependant, le père de François débardait avec ses bœufs pour le compte d’une scierie des environs.
Le joug frontal est maintenu par une lanière de cuir d’abord enroulée autour du joug et de la corne externe, puis sous les cornes, autour du joug et du front sur lequel on a placé un coussin, puis autour du joug et de la corne interne. La lanière est enfin amarrée à un tenon placé à l’extrémité du joug.
François (qui n’avait jamais utilisé un tracteur, précisa-t-il), nous expliqua ensuite comment, chaque année, il dressait un bœuf à l’attelage. Il avait même fait réaliser un joug triple par le menuisier du village. Ce joug, d’un modèle peu commun, était destiné à recevoir un élève que le meneur plaçait entre 2 bœufs expérimentés.
Un peu d’exercice !
On comprenait bien à l’entendre, que son existence n’avait pas toujours été une partie de plaisir, « j’ai vu de la misère toute ma vie ! ». Mais il semblait que cela soit dit sans amertume, juste pour en faire le constat.
Là, pour les animaux, il ne s’agit plus de tirer, mais de retenir la voiture, une manoeuvre qui suppose une certaine expérience du travail en montagne…
Enfin, après avoir hissé une dernière fourche de foin en haut de son chargement, le visage illuminé d’un large sourire, François nous avoua qu’il avait maintenant une compagne, du même âge que lui, qui lavait son linge, lui faisait à manger… et que s’en était fini pour lui de vivre « seul comme une bête ».
Retour à la ferme où ce foin d’excellente qualité sera entreposé pour l’hiver.
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Merci à Eric Rousseau pour nous avoir si gentiment communiqué son article.
Roger Constant, Saint-Alban-sur-Limagnole (48)
Exploitant à la retraite, Roger Constant a toujours eu des boeufs attelés sur l’exploitation.
Il travaille encore aujourd’hui avec une paire de vaches Aubracs dans les bois, et va bientôt préparer au dressage une paire de jeunes génisses pour la relève de la paire au travail actuellement.
Roger Constant nous a envoyé un courrier qui décrit son travail:
« Pendant longtemps, j’ai dressé et fait travailler des paires de boeufs.
Maintenant je possède une paire de vaches Aubracs que je soigne et fais travailler au ramassage des bois dans mes plantations difficiles d’accès aux engins mécaniques.
Je le fais pendant la saison d’hiver, de la Toussaint au mois de Mai. Pendant l’été, elles sont à la pâture.
J’ai eu la chance de pouvoir élever une paire de génisses Aubracs de dix-huit mois, issues de mon étable: il faut penser à la relève!!
J’ai un fils qui s’occupe de mon exploitation agricole, et des petits-fils de 12 et 15 ans qui sont passionnés par les bovins attelés. Je leur apprends à passer les courroies en dehors de leurs heures d’études. »
Joël Blanc, Marcillac-Vallon (12)
Joël Blanc à droite, aux rencontres des bouviers en Alsace
Joël Blanc, la cinquantaine, est exploitant. Il a repris la ferme familiale derrière son père, parti à la retraite en 1988.
L’attelage des bovins n’a jamais cessé sur l’exploitation et Joël utilise encore beaucoup et régulièrement ses vaches « mules » Salers.
Située de 300 et 600 mètres d’altitude, avec une partie en causse, l’exploitation de Joël compte aujourd’hui 25 hectares, 21 vaches, 5 hectares de céréales, 1 hectare de vigne (voir les vins de Marcillac ici) et 11 hectares de bois.
Il avait, jusqu’à cette année, sa paire de Salers et une paire de Ferrandaises, mais l’une de ces dernières est morte après le velage.
En vue du remplacement de ses Salers qui ont aujourd’hui 14 ans, Joël va prochainement reprendre au dressage une paire de génisses Ferrandaises.
Bien que mécanisé, il continue de travailler régulièrement avec les animaux: Fumier, tirage et roulage de bois, ramassage des pierres dans les terres cultivées, labour, roulage des cultures, parfois travail à la vigne.
Les travaux dans les parcelles les plus proches des bâtiments d’exploitation, sont souvent faits avec les vaches (labour, hersage, roulage, fumier, charrois divers).
Les terrains accidentés sont aussi difficiles d’accès en tracteur, certaines parcelles sont inaccessibles du fait de la pente, l’utilisation des animaux y est donc plus fréquente.
Le manque de temps et de main-d’oeuvre (ses parents sont maintenant âgés, et il y a moins d’entraide car moins d’exploitations sur la commune), limitent un peu Joël dans une utilisation encore plus fréquente des vaches, mais à la fois les contraintes techniques et sa passion pour les bovins et pour l’attelage, dans la continuité de ses parents, font que les animaux sont très souvent au travail sur l’exploitation.
Il utilise, entre autres, un joug Alibert père et un Alibert fils
Nous attendons des photos.
Ramassage des pommes avec les boeufs d’Agnès et Luc Bernard à Courgenard (72)
L’attelage bovin sur « Vachement fidèles », le blog des élèves du Lycée des Métiers de la montagne d’Oloron-Sainte-Marie (64)
Les élèves du lycée agricole d’Oloron ont la possibilité de participer à une activité « Traction bovine » grâce à leur professeur Emmanuel Larré.
Ils tiennent un blog qui présente la vie, les activités au lycée et en particulier la préparation du Trophée National des Lycées Agricoles:
Le Trophée National des Lycées Agricoles est un concours regroupant plusieurs lycées agricoles de la France entière. Il est réparti en 5 épreuves préparées au long de l’année scolaire, et évaluées au salon de l’agriculture de Paris.
Six élèves du Lycée des Métiers de la Montagne ont été sélectionnés pour y participer, en compagnie de Mignoune et Iluro, la vache et son veau, qui seront la base de présentation et d’évaluation de ce concours !
Leur activité « traction bovine » est bien sûr aussi abordée.
Pour aller découvrir leur sympathique blog « Vachement fidèles » Cliquez ici
Sébastien Bonnot, le bugue (24)
Sébastien Bonnot attelle pour le plaisir.
Après avoir emménagé dans la ferme de son grand-père, il a dressé depuis 2007 plusieurs paires de bovins, comme il se l’était toujours promis.
Après avoir travaillé avec une paire de boeufs Salers qu’il a vendus en 2011, il termine le dressage d’une paire de femelles Salers.
Voici la présentation de son parcours qu’il nous a communiquée:
« L’envie de travailler avec des bovins me tenait à cœur depuis longtemps car j’ai passé tous les jours sans école de mon enfance, chez mes grands parents.
Ceux-ci avaient une petite exploitation agricole avec quelques vaches, une basse-cour…L’entretien des vaches m’a toujours plu et les récits que me faisaient mes aïeuls des travaux effectués avec les bœufs ou les vaches ont aiguisé ma curiosité.
Lorsque les conditions professionnelles l’ont permis, mon épouse Béatrice et moi avons aménagé l’ancienne grange en maison d’habitation et nous avons racheté des bovins en 2007.
Il s’agissait d’une paire de veaux Salers nés en 2006 que j’ai commencé à dresser dès l’âge de 8 mois. Pour me guider dans cette entreprise, deux voisins âgés et mon grand-père m’ont prodigué leurs conseils.
Le dressage a mis du temps car je ne lie que le samedi et le dimanche, à condition que la météo et le planning familial le permettent…Mais finalement, je n’étais pas trop mécontent du résultat. Ils obéissaient à la voix et suivaient correctement. Il faut noter que je fais cela tout seul. A deux, je pense que cela avancerait plus vite.
J’ai vendu cette paire de bœufs en septembre 2011 à un éleveur qui en cherchait une pour travailler et faire des démonstrations en foire (j’avais moi-même fait une douzaine de sorties avec mes bœufs).
Ce qui m’a poussé à les vendre, c’est la quatrième grossesse de mon épouse Béatrice (nous avons quatre garçons). Du coup je n’avais plus le temps de faire travailler mes boeufs, et lorsque je les liais, il fallait à chaque fois tout reprendre.
Vous pouvez les voir sur cette vidéo, car un voisin m’avait filmé à l’improviste pendant que je ramassais de la fougère avec un autre voisin.
Après cet épisode, le virus ne m’avait pas quitté.
J’avais acheté une génisse Salers en 2010. Elle a eu deux filles, une en mai 2011 et l’autre en mai 2012. Le petit dernier ayant un peu grandi, je me suis mis à dresser les deux sœurs. J’ai dressé l’ainée en solo (ce qui n’est pas le plus facile!), puis lorsque la deuxième a été assez grosse, je les ai mises en paire.
Pour l’instant, l’aînée travaille pas mal, mais la plus jeune (18 mois), qui est très douce au pré, reste vive et nerveuse avec le joug. Mais c’est l’âge qui veut ça, il faut qu’elle mûrisse.
Aujourd’hui elles tirent la herse, la canadienne ou des petites billes de bois. Je vais sans tarder leur faire essayer la remorque sur pneu. Vous les verrez sur les photos ci-jointes qui datent du 23 décembre.
Vous pourrez constater que les enfants participent aussi au dressage!
Voici donc rapidement un aperçu de mon parcours. Je pourrais vous en écrire plusieurs pages mais j’ai essayé de résumer l’essentiel. »

































