Voici un article de Pomme Labrousse paru dans La montagne du 07 / 07 /2012 (cliquez ici pour voir) qui présente le parcours de Serge Sauret et de son père, Roger.
« Serge Sauret, éleveur à La Brequeuille (Mazerat- Aurouze) a puisé dans les souvenirs de son père pour dresser, à l’ancienne, Charmant et Mignon, deux beaux aubracs.
Avec leurs beaux yeux bruns et leur allure élégante, il y a fort à parier que ces deux-là vont faire chavirer les coeurs, dans deux semaines, pendant la marche de Mémoire et traditions rurales. Et la botte secrète de ces grands gaillards, qui pèsent une tonne et demie à eux deux, c’est qu’ils savent séduire aussi bien les hommes que les femmes. Charmant et Mignon, qui portent décidément bien leurs noms, ont déjà commencé à jouer les bourreaux des coeurs hier, dans la cour de Serge Sauret, à La Brequeuille, commune de Mazerat-Aurouze. Ces deux boeufs Aubracs, nés en janvier 2010, sont la grande fierté de Joseph Beaud, le président de la commission Mémoire et traditions rurales ( cf. ci-dessous). « Avant, on faisait venir des boeufs de plus loin… Mais là, pour fêter nos vingt ans, c’est fantastique d’avoir une paire de boeufs du pays. »
Dans la dizaine de personnes venues assister à la première « sortie officielle » de la paire, Fabien, 9 ans et Paul, 79 ans, jetaient le même regard sur ces deux grosses bêtes. Ce que le premier préfère, c’est de voir son oncle et son grand-père les atteler. Et le second se souvient encore de ses paires à lui. « Travailler avec les boeufs, quand on les a bien dressés, bien mis à sa main, c’est un plaisir… » Quant à Denis Soignon, il n’en a jamais dressé, mais se souvient bien des attelages de son enfance. « Je n’avais pas besoin de boeufs en bois pour jouer : entre 6 et 10 ans, j’ai beaucoup travaillé avec. »
De père en fils…
Mais Charmant et Mignon représentent surtout un lien entre les générations puisque c’est Roger Sauret qui a appris à son fils Serge comment les dresser. « Mon père m’a toujours parlé de ses boeufs. Quand j’ai eu ces deux mâles, qui n’étaient pas bons pour l’export, je les ai fait castrer pour qu’il me fasse voir… Le dressage, c’est un savoir qu’il faut transmettre. Sans mon père, je n’aurais jamais deviné comment faire. Et nos anciens, on ne les aura pas tout le temps… »
Alors, sous les conseils du patriarche, Serge Sauret a appris à installer le sassaü, le jonc, les juilles et les émouchaïres sur ses boeufs. À les faire avancer, s’arrêter, reculer et tourner. Un projet de longue haleine, qui a commencé il y a un an, et qui n’est pas encore achevé. Mais une tâche qui procure bien des satisfactions. « Avec les boeufs, le travail d’une journée est acquis. On n’a pas besoin d’y revenir le lendemain », assure Serge Sauret, qui couvre d’un regard tendre ses gros protégés. « Je me suis complètement pris au jeu ! Il faut le faire pour s’en rendre compte. Et puis ces deux-là, quand ils ne travaillent pas, ils sont toujours côte à côte, et souvent dans le sens dans lequel ils sont attelés. Quand on dit qu’ils sont liés… »
« Le dressage,
c’est un savoir qu’il faut transmettre »
Il a fallu que Serge Sauret trouve le temps, avec son troupeau de vaches allaitantes Aubrac, pour habituer les bêtes au joug, à tirer le tombereau… « Il faut énormément de temps, de patience… Là, il faut encore leur apprendre à suivre la raie de labour. » Mais qu’importe, dimanche 22 juillet, Charmant et Mignon seront attelés au char doublé chargé de foin, et constitueront l’une des attractions vedettes de la marche Mémoire et traditions. « Ce n’est pas du folklore, s’agace Joseph Beaud, c’est un retour à l’authenticité. » Et les anciens de se mettre à rêver : « On ne sait jamais, peut-être qu’on y reviendra, s’il n’y a plus de pétrole… » »
Pomme Labrousse























































