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Allemagne : Épreuve d’aptitude et de performance de traction pour bovins 8-9 novembre 2025

• sillon pas très profond mais bonne évacuation

« Le point sur les harnais pour la traction animal » ouvrage de Thierry Duchenne (GRDR), Gret

  • Le point sur les harnais (jougs et harnachement) pour la traction animal.

Le point sur les harnais pour la traction animale est un ouvrage pratique qui présente les différents types de jougs et de harnachements utilisés. Des illustrations et des explications montrent comment ils sont conçus et utilisés.

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L’énergie animale constitue avec  l’énergie humaine l’essentiel de l’énergie employée en agriculture dans les pays en voie de développement.

Mais comment utiliser au mieux cette énergie  ?

Dans un premier temps, il nous a donc semblé important de synthétiser les informations disponibles sur l’évolution historique de l’attelage et sur la conception des harnais en Occident et particulièrement en France ; nous verrons par ailleurs les limites aux possibilités de transfert de la technologie française de fabrication des harnais pour les pays en développement.

Dans un second temps, nous nous consacrerons essentiellement aux harnais pour bovidés et équidés à usage agricole. Une référence particulière sera faite aux camélidés au chapitre Modèles et plans de fabrication.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

  1. DEFINITIONS
    1. Attelage et harnais
    2. Rôle des harmais dans la composition de l’effort de traction
    3. Lexique
  2. HISTORIQUE EN FRANCE
    1. L’Antiquité
    2. Du Moyen Age au XVIème siècle
    3. Du XVII au XIXème siècle
    4. Le XXème siècle
  3. TYPOLOGIE
    1. La fonction de l’attelage
    2. Le mode de transmission des forces
    3. Exemples
  4. ETUDE THEORIQUE DU TRAIT ET DES HARNAIS
    1. Les bovides
    2. Les équidés
    3. Les attelages multiples
    4. Traction animale pour l’élevation de l’eau
  5. CONCEPTION
    1. Utilisation du harnais
    2. Règles générales
    3. Conception et fabrication des harnais en France
    4. Conclusion
  6. MODELES ET PLANS DE FABRICATION
    1. Harnais pour bovides
    2. Harnais pour équidés
    3. Harnais pour camélidés
    4. Attelage multiple
    5. Choix des matériaux
  7. POSE DU HARNAIS ET GUIDAGE
    1. Pose du harnais
    2. Le guidage
  8. LES BLESSURES PREVENTIONS ET SOINS
    1. Prévention
    2. Soins
  9. DES EXPERIENCES ET DES COMPETENCES
    1. Information sur les harnais en France
    2. Information sur les harnais pour les pays en développement

EN CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

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  • Thierry Duchenne (GRDR), Gret
  • Éditeur : Éditions du Gret
  • Collection Le point sur…, 5
  • Langue : Français
  • Année : 1984
  • 130 p.
  • ISBN : 978-2-8684-4003-7

Lien directe pour télécharger le document : Le point sur le harnais 

Document PDF : Le-point-sur-les-harnais

Présentation du livre Jarmi / Yokes (2024)

Jarmi

Jarmi / Yokes est une monographie scientifique publiée en 2024 par le Musée ethnographique slovène (Slovenski etnografski muzej).

 

  • Titre : Jarmi / Yokes
  • Auteur : Inja Smerdel
  • Éditeur : Slovenski etnografski muzej (Musée ethnographique slovène)
  • Date de publication : 2024
  • Langues : slovène et anglais
  • ISBN : 978-961-6388-95-5 / 961-6388-95-9
  • Droits : Tous droits réservés

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Ce livre, rédigé en slovène et en anglais, porte sur les jougs (jarmi), outils traditionnels en Slovénie utilisés pour atteler les bovins, principalement les bœufs. Il présente l’histoire et les types de jougs, en abordant aussi leur fabrication et leur rôle culturel, notamment dans les traditions paysannes.

La travail qu’a réaliser l’autrice se compose de trois parties : la première partie traite de questions théoriques et historiques, la deuxième partie présente des résultats comparatifs sur les jougs, avec une analyse de la collection du SEM et d’autres découvertes sur le sujet, et la troisième partie se concentre uniquement sur les bœufs et les relations homme-bœuf (d’après ses recherches sur le terrain) ; entre la matière et le spirituel, la terre et le ciel, des processus de travail quotidiens, leur place dans les contes populaires, etc. Le musée a décidé de ne publier que la deuxième partie, que vous avez maintenant sous la main sous le titre JARMI / YOKES. La monographie complète est également en attente de publication (probablement l’année prochaine), hélas ! uniquement en slovène…

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Voici le document PDF du livre pour consultation directe.

Version d’origine : fichier pdf jarmi yokes inja smerdel https://www.etno-muzej.si/wp-content/uploads/jarmi_web.pdf 

Grande Messe des Bouviers du Monde, article de Cozette Griffin-Kremer pour l’Association internationale de MUSÉES AGRICOLES (AIMA) , Lorsch (Allemagne) 8-10 Mars 2024

 logo symposium

Logo conçu pour le Symposium par lasilhouettiste ©Lauren Muney

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Merci à Cozette Griffin-Kremer pour son article et pour le lien avec l’AIMA et ainsi nous permettre de reprendre cet article complet en Français. Michel Nioulou ABA.

Les index en gras soulignés sont des liens que vous pouvez ouvrir en cliquant dessus

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Le « Draft Cattle Symposium » au Laboratoire de Plein-Air Lauresham sur le Site UNESCO de l’Abbaye de Lorsch en Allemagne, 8-10 Mars 2024

Voir des vues aériennes et autres vidéos de la rencontre en cliquant ICI (Courtoisie Lauresham et Arbeitsgruppe Rinderanspannung) i

Cette rencontre était le produit de convergences entre divers acteurs et réseaux intéressés par les bœufs de trait de par le monde. Partenaires officieux depuis plus de vingt ans, le réseau français autour du noyau de communication « Attelages Bovins d’Aujourd’hui » ii et le « Groupe de Travail Attelage Bovin allemand » iii se sont enfin rencontrés en masse. Tout un contingent de Français ya participé, pour assurer des démonstrations d’équipementiers, de travail avec des bœufs, des arts des jougtiers, ou pour présenter une communication, participer aux débats et contribuer à l’importante exposition de jougs. C’était aussi le moment pour rendre hommage à Laurent Avon, inventeur des recensements des ateliers encore au travail en France et il se serait régalé.

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Les participants entourent deux des vedettes. (Photo C. Griffin-Kremer)

Les Français se sont retrouvés à côté de bouviers et de bouvières d’Europe, d’Amérique et d’Afrique, entourés d’experts de la traction bovine : archéologues (surtout archéo-ostéologues), historiens, éthologues, animateurs de traction bovine au sein de musées de plein air et autres sites historiques, équipementiers, décideurs politiques du Land de Hesse, journalistes. Les réseaux des associations telles l’AIMA (Association Internationale des Musées d’Agriculture iv ), l’ALHFAM (Association for Living History, Farming and Agricultural Museums v ) et EXARC (regroupement de musées de plein-air d’archéologie expérimentale vi ) , dont les faisceaux sont entremêlés depuis des années, y ont contribué : participants, publicité et … jougs.

Claus Kropp, directeur de Lauresham, a relevé le défi d’organisateur ce congrès mondial hybride : 120 participants sur place, 26 en ligne, 20 pays représentés pour se réunir durant un long week-end consacré au passé et à l’actualité de la traction bovine dans ce site UNESCO Kloster Lorsch. Grâce aux moyens et à la mission du Laboratoire de Lauresham – reconstituer et montrer au public la vie quotidienne de la communauté entourant une grande abbaye autour de l’an 900 – le site a pu recevoir non seulement les participants, mais un public de plusieurs milliers de visiteurs.

2Gravure de Kloster Lorsch et de la ville vers 1615 par Matthaeus Merian, DE Wikipédia, domaine public vii

Site longtemps abandonné, qui occupe aujourd’hui un rang public régional et national, l’abbaye a abrité pendant des siècles un scriptorium renommé dont les manuscrits sont actuellement dispersés dans des bibliothèques de recherche. Pour rappeler ce passé d’érudition et d’éducation, le catalogue de l’exposition de jougs montre un passage du Codex de Lorsch contenant le mot latin pour le joug, iugum. viii Le village reconstitué sur la base des fouilles archéologiques est le lieu consacré aux travaux des saisons, aux champs et en forêt, aux métiers d’époque et aux programmes actuels d’éducation. Il possède son propre centre d’exposition et d’activités, un modèle de construction durable, tandis que le musée de l’abbaye dispose de vastes espaces pour accueillir des congrès et d’autres rencontres.

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Vue partielle du village médiéval de Lorsch reconstitué (Photo Cozette Griffin-Kremer)

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L’auditorium principal du musée (Photo Lauren Muney)

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Ed Schultz, délégué venu du site historique américain de Colonial Williamsburg, à la présentation de son affiche (Photo Lauren Muney)

Claus Kropp est depuis longtemps membre de l’EXARC (musées de plein air d’archéologie expérimentale), donc la première tranche de communications était consacrée aux archéo-ostéologues. En fait, il y avait un tel afflux de propositions pour toutes les séances, qu’une partie d’entre elles a dû avoir lieu éventuellement l’utilisation de posters dans le foyer du musée, toujours consacrés à la traction bovine ou au bien- être des animaux : la préparation de mortier de construction, le maraîchage au Canada, la production laitière plus humaine, surtout la préservation des savoir-faire des bouviers de par le monde et tant d’autres. La diversité des intervenants était particulièrement impressionnante : un photographe professionnel roumain qui consacre son travail à la vie traditionnelle en voie de disparition ou un ingénieur ougandais qui a fondé une association pour promouvoir le bien-être animal et humain par l’utilisation d’instruments de labour plus ergonomiques, à côté de pratiques agricoles plus soutenables.

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Une des visites guidées des vestiges de l’abbaye bénédictine (Photo Lauren Muney)

La Direction du site de l’abbaye a tenu à rendre accessible aux participants du Symposium la totalité de son musée : l’exposition permanente sur les fouilles archéologiques, qui sont toujours en cours, et le Musée du Tabac qui traite de l’histoire de la production et de la consommation du tabac, autrefois un pilier de l’économie locale. Un groupe de volontaires a même repris l’activité pour préserver le patrimoine des techniques et des variétés.

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Aperçu des chefs-d’œuvre en écume de mer (écume de mer) au Musée du Tabac ix (Photo C. Griffin-Kremer)

La ville de Lorsch possède de nombreuses maisons à colombage et l’héritage architectural fait partie intégrante de la triple mission du site, expliquée par les affiches « Wir in Lorsch » (« Nous à Lorsch ») : valoriser les activités des habitants autant que la région, poursuivre l’utilisation soutenable et innovatrice de la terre, promouvoir un sens de communauté régionale.

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De nombreuses activités étaient proposées pendant la journée réservée aux participants au congrès : les travaux des champs (rayage, labours, hersage, semis), de forêt (débardage), ou de transport, utilisant des véhicules d’époque, reconstitués, tractés par des bovins.

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Participants lors des démonstrations, avant d’ôter leurs vestes (Photo Lauren Muney)

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Exemple d’un rapport humain-animal à Lauresham, le gros câlin, mais aussi une attention de tout instant à la sécurité du personnel et du public (Photo C. Griffin-Kremer)

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Une des charrettes reconstituées avec quelques-uns des jougs utilisés (Photo Daniel Viry)

La présence de plusieurs spécialistes du comportement bovin (et humain…) a représenté un point particulièrement prisé par les participants. Les bouviers et bouvières d’aujourd’hui tiennent à établir des relations de coopération et d’affection avec leurs partenaires de travail. Comme le soulignait Claus et les autres participants venus du monde des musées, une toute première étape dans le dressage des bovins est d’obtenir qu’ils restent sans bouger lorsqu’une personne se rencontre directement devant eux, en principe une pure provocation, mais aussi un exploit qui doit rester invisible pour être efficace. Ainsi, le grand public, des gens si admirateurs des bœufs de Lorsch, ignore totalement une grande part du travail investi pour leur plaisir et leur sécurité.

La journée « professionnelle » a permis la présentation et l’utilisation des équipements actuels pour la traction bovine, chevaline et asine, tels ceux du groupe français PROMMATA, x particulièrement prisés pour le maraîchage, ou ceux du groupe luxembourgeois Schaff mat Päerd xi (Travaille avec des Chevaux), tous deux dédiés au développement de produits ergonomiques pour les utilisateurs comme pour les animaux. Un des points forts de la journée « pro » était l’examen des outils reproduits par les forgerons et les tourneurs du musée sur la base d’objets trouvés lors des fouilles, par exemple, du puits principal de l’abbaye. Les guides ont aussi pris le temps d’expliquer la reconstitution des granges surélevées et des fameuses « pit-houses » (habitations semi-souterraines) du village médiéval.

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Présentation de l’équipementier PROMMATA : André Kammerer (Alsace) et Daniel Viry (bouvier venu du travail de débardage à cheval), Pascal Durand (Photo C. Griffin-Kremer)

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Les travaux pratiques, utilisant le même outil tiré par un des gris rhétiques de Gerd Döring du Groupe de Travail Attelage Bovin allemand (Photo C. Griffin-Kremer)

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Présentation par Paul Schmit de l’équipementier luxembourgeois Schaff mat Päerd (Photo C. Griffin-Kremer)

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Schaff mat Päerd distingue ses prototypes (en jaune) des instruments déjà commercialisés (en vert) (Photo C. Griffin-Kremer)

Le dimanche suivant les deux jours de colloque était consacré au public, la réouverture gratuite du musée pour la belle saison. Les organisateurs espéraient attirer 2 000 entrées, mais il y avait plus de 3 000 visiteurs, enchantés par les travaux avec les bœufs, les vaches et les chevaux, ainsi que par les activités pour les enfants, tels l’atelier de tissage à tablettes, ou la « voie » de la laine, du cardage à la couture.

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L’attelage de chèvres du Laboratoire de Plein-Air Lauresham (Photo L. Muney)

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Le bouvier alsacien Philippe Kuhlmann en train de débarder avec des bœufs de race Vosgienne de Lauresham, attelées au joug à coussins intégrés qu’il a lui-même inventé (Photo Astrid Masson)

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Démonstrations par les bénévoles du musée de toute la chaîne de production des textiles en laine (Photo L. Muney)

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L’atelier pour enfants de tissage à tablettes dans le centre multi-activités de Lauresham (Photo C. Griffin-Kremer)

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Inauguration de l’exposition sur les jougs « Yoke – Joug – Ayoko / Une histoire culturelle du joug à travers les millénaires », 10 mars-28 avril 2024 (Photo C. Griffin-Kremer)

L’un des points forts dépendant des communications en salle et l’exposition sur les jougs était la vidéo préparée par le Slovene Ethnographic Museum (SEM) sur le processus de conservation d’un joug très utilisé, du moment de sa donation au musée jusqu’à ‘à son transport à Lorsch pour prendre sa place dans l’exposition. Il ne manquait effectivement pas grand-chose concernant les types de joug venus de 15 pays : du joug chinois à fourche aux toutes dernières expérimentations d’un joug combiné sur la base du collier réglable à trois points, le tout représenté méticuleusement dans le catalogue.

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La pièce centrale de l’exposition

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Un même jeu exposé et illustré dans l’essai photographique de la vie traditionnelle en Roumanie proposé par Vlad Dimitrescu, collaborateur régulier de Lauresham / Lorsch. XII

Il y avait bien entendu les débats sur les races bovines les plus aptes pour le travail, enrichis par la visite des bouviers galiciens d’Espagne, qui en ont fait une partie importante de leur campagne en faveur de la reconnaissance de leur patrimoine régional auprès de l’UNESCO.

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Un Gris rhétique avant le débardage (Photo D. Viry)

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L’Allemand Gerd Döring avec ses deux Gris (Photo L. Muney)

Lauresham utilise toute une étable de Gris Rhétiques ainsi qu’une paire de Vosgiennes et des Rotvieh (Rouges). Le Groupe de Travail Attelage Bovin allemand a amené des Gris supplémentaires, une course aujourd’hui promue pour le triple usage (lait, viande, traction). xiii Ils ont travaillé tout à côté du stand pour la promotion de la race xiv et celui du GEH, le groupement allemand dédié à la conservation des courses à petits effectifs en général. XV

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Matthias Höwer derrière son Fritz, Glanrind ou Rotvieh (Photo C. Griffin-Kremer)

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La table de présentation des peluches, « best-sellers » de la boutique de Lauresham, modélisées sur la paire originale de Gris de Lauresham, Darius et David (Photo L. Muney)

Pour rappeler la fragilité des efforts de conservation des races et l’attachement des bouviers à leurs bêtes, la séance de débardage en forêt devait inclure des Vosgiennes, xvi des Gris, xvii le Rotvieh (Glanrind xviii ) et un Fleckvieh, xix ce dernier particulièrement apprécié par les Allemands pour le perfectionnement de son dressage à la conduite en lignes, tout comme un cheval, mais… le bœuf est mort subitement peu avant le congrès. En contrepartie de cette déception, nous avons assisté à la fête d’anniversaire d’un des Gris, David, pilier des travaux au musée, tandis que ses meneurs mangeaient son gâteau….

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Claus Kropp avec le gâteau d’anniversaire de David (Photo L. Muney)

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Les jougs à coussins intégrés de Philippe Kuhlmann, illustrés dans le catalogue de l’exposition, p. 73.

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Véronique et Michel Nioulou avec les chasse-mouches que confectionne Véronique et le joug sur lequel Michel a travaillé pendant la journée de démonstration, à côté d’autres jougs apportés par l’équipe française (Photo C. Griffin-Kremer)

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Le musicien et jougtier Gilles Péquignot en conversation avec Barbara Sosič, directrice de la collection agricole au Musée ethnographique slovène (SEM), parmi les contributeurs majeurs à l’exposition et au catalogue (Photo L. Muney)

Le contingent français de bouviers et de bouvières a largement contribué à l’animation de l’événement : jougtiers, équipementiers, chasse-mouches, toute une panoplie de jougs régionaux et d’innovations. La discussion sur le confort animal, le ferrage, mais surtout sur la maniabilité des jougs ou des colliers, est loin d’être terminé, et le dernier joug du catalogue de l’exposition montre une toute récente expérience avec un jeu combinant le collier à trois points et un nouveau système de réglage. xx

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Le forgeron-ferrier de Lauresham (Photo C. Griffin-Kremer)

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Les divers fers, à bœuf ou à cheval, qu’il fabrique (Photo L. Muney)

Bien entendu, il y a eu naturellement beaucoup de discussions sur le contexte complet qui sous-tend toute utilisation réaliste de la traction bovine : sélection des animaux et promotion des races, conservation des métiers (jougtiers, bourreliers, maréchaux-ferrants), surtout les savoir -faire, ainsi que les conditions diverses encourageant des exploitations plus petites. Les Nord-Américains profitent évidemment du succès massif du modèle Amish et de leurs Horse Progress Days, qui génèrent un marché solide pour les équipementiers, bourreliers et autres. La situation à la fois comparable et différente des pays représente a fourni beaucoup de matière à réflexion, que ce soit en Inde, en Ouganda, aux Pays Bas, en Belgique ou au Luxembourg, en Espagne, en France, au Canada, à Cuba, en Irlande, en Italie ou en Autriche. De même que sur les institutions qui peuvent impulser le mouvement, tels les grands musées représentés – Colonial Williamsburg, Howell Living History Farm, The Henry Ford, Lauresham ou le Hessenpark – qui ont les moyens pour entreprendre des « re-enactments » (reconstitutions) à échelle réelle.

Cette réunion d’acteurs aussi divers est de bon augure pour l’avenir, tout d’abord grâce à la parution des actes, annoncée pour 2025. Côté contacts humains, il y a eu un sentiment de solidarité et un élan renouvelé. Une participante, à la tête de la ferme du Domaine Dahlem à Berlin, a noté un point commun à presque tous : un sentiment de « reconnexion » à la terre par un travail manuel qui oblige à apprécier la teneur, l’humidité, l’ éventuel compactage, la battance de la terre (Astrid Masson). xxx

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Aperçu de la séance consacrée aux traces (ou manque de…) dans l’analyse ostéologique des effets de l’attelage (Photo L. Muney)

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Jim Slining, représentant de Tillers International, xxii sur la création de modèles d’agriculture utilisant la traction animale (Photo L. Muney)

Avec 34 interventions à l’intérieur, le premier jour, et 10 pendant le second –outre les démonstrations commentées en plein-air – le temps est passé vite ! Mais il est possible d’évoquer au moins quelque chose avec un des fils conducteurs. La préoccupation évidente des archéologues était la question d’éventuelles traces d’un travail attelé détectable sur les os des bovins trouvés lors des fouilles. Mais il faut bien noter qu’ils s’intéressent tout autant aux pathologies en général pour comprendre le vivre-ensemble des humains et des bovins. Les intervenants d’honneur ont tous repris ce sujet des relations entre les espèces au sein d’une communauté, surtout celle d’une coexistence.

Les historiens, ethnologues, éthologues et représentants de musées qui ont succédé aux archéologues ont souligné les continuités et les ruptures dans l’évolution de la traction bovine. Il existe un large consensus sur la valeur des films pour préserver les savoir-faire, et nous avons également évoqué l’étrange absence de visibilité de la traction bovine et animale dans le discours académique ou des décideurs. Le rôle des musées de plein air et d’autres sites historiques était de nouveau mis en avant en tant que lieux de transmission de savoirs, tout comme ils peuvent contribuer à la compréhension du patrimoine culturel et à l’amélioration de la vie quotidienne des agriculteurs du monde entier. Dans le contexte du patrimoine, plusieurs intervenants ont évoqué la préservation et la promotion des races bovines locales en tant qu’importants marqueurs d’identité.

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En cohérence avec sa préoccupation du bien-être humain et animal, l’Oxen Clinic Uganda vise l’introduction d’innovations basées sur l’agriculture de conservation, la fabrication locale des outils et l’amélioration du jeu de garrot. xxiii

Enfin, il y avait de nombreuses communications sur de nouvelles visions de l’usage de la terre, de l’application des principes de l’agro-écologie, mais aussi l’importance des bovins dans les traditions religieuses et au niveau des représentations symboliques. , par exemple, en Inde et en Afrique, autant qu’en Nouvelle Angleterre.

Ces préoccupations faisaient écho aux objectifs des représentants du Land de Hesse, exprimés en début de colloque : l’agriculture soutenable, le souci du territoire et son développement à l’avenir. Ils soutiennent la publication des actes du symposium qui sortiront en 2025. Ceux-ci promettent d’être aussi réussis et encore plus volumineux que ceux issus du congrès «  Draft Animals in the Past, Present and Future », également publiés par l’Université de Heidelberg. xxiv

« Et maintenant, que faire ? » : à cette question récurrente soulignons un projet immédiat, puisque Lauresham / Lorsch fonde un centre de recherche et de formation pour la traction bovine qui pourra centraliser les efforts et servir de « hub » de communication entre les acteurs éparpillés autour de la planète. xxv

Cozette Griffin-Kremer

37Les premiers participants arrivés rassemblés autour d’une des vedettes du congrès (Photo L. Muney)

Remerciements aux participants qui ont fourni les photos : Astrid Masson, Lauren Muney et Daniel Viry

Le Groupe de Travail Attelage Bovin allemand propose un rapport très complet (en allemand) et des vidéos avec des points forts des communications, des démonstrations en plein air et des entretiens avec des participants. Un autre curriculum vitae du Dr Devinder K. Sadana pour l’équipe RRAN avec photos est également disponible. Rapport pour l’AIMA (Association Internationale des Musées Agricoles) en anglais .

Pour rappeler le côté imprévisible des rencontres, le jour d’arrivée (7 mars 2024) pour la plupart des participants, coïncidait avec une grève générale des Chemins de Fer Allemands (Deutsche Bahn) et de la Lufthansa, ce qui a empêché une dizaine de participants à venir….

38. Bouviers et symposiums Le village tranquille « médiéval » reconstitué de Lauresham à Kloster Lorsch attend son public et les participants au Symposium le dimanche matin (Photo C. Griffin-Kremer)

Remarques:

 je Tous les liens Internet étaient accessibles au 15 avril 2024

ii Attelages Bovins d’Aujourd’hui

iii Groupe de Travail Attelage Bovin allemand (Arbeitsgruppe Rinderanspannung

iv AIMA

v ALHFAM

vi EXARC

vii Voir Wikipédia sur Kloster Lorch

viii Yoke-Joug-Ayoko, Une histoire culturelle du joug à travers les millénaires , catalogue accompagnant l’exposition spéciale du 10 mars au 28 avril 2024, p.14, voir Mainzer Bücher verschiedenen Inhalts 72 (Codex Laureshamensis), 34v.

ix Visitez le musée du tabac de Lorsch et découvrez l’équipe de bénévoles (NB cliquez sur la fonction « traduire » pour la version anglaise ou française)

X PROMMATA

xi Tapis Schaff Paerd

XII Voir, par exemple, la quête pour trouver des bouviers en Roumanie

 xiii Voir Wikipédia sur les Gris Rhétiques

xiv Das rätische Grauvieh / Albula

 XV GEH (Gesellschaft zur Erhaltung alter und gefährdeter Haustierrassen eV) 

 xvi Voir Wikipédia sur la Vosgienne

xvii Les Gris Rhétiques y sont décrits comme les « allrounders from Switzerland », mais sont élevés aussi dans des pays avoisinants, voir Das rätische Grauvieh / Albula en allemand et en anglais

xviii Voir Wikipédia sur Bovins Glan couenne

xix Voir Wikipédia sur les Fleckvieh

xx Yoke-Joug-Ayoko, Une histoire culturelle du joug à travers les millénaires , pièce 44, p. 74

 xxx Astrid Masson, Rapport pour le Groupe de Travail Allemand https://www.zugrinder.de/de/terminanzeiger/worlddraftcattlesymposium.html

XXII Tillers International , grand spécialiste américain de formation en traction animale, équipements

xxiii Voir plus sur l’Oxen Clinic Uganda

XXIV Les animaux de trait dans le passé, le présent et le futur

xxv Rapport pour le Groupe de Travail AllemandAllemands

Symposium international sur les bovins de traits, Lorsch 8 / 9 / 10 Mars 2024 (Allemagne)

1 brochure français symposium Lorsch 03 2024. Symposium international sur les bovins de traits, Lorsch 8 / 9 / 10 Mars 2024 (Allemagne)

Le symposium autour de la traction bovine dans le monde organisé par Claus Kropp en Allemagne à Lorsch vient de se terminer.

Les nombreux intervenants du monde entier ont présentés leurs travaux toute la journée du Vendredi pendant une conférence en salle.

Samedi, les débats se tenaient sur le terrain du site d’archéologie expérimentale de Lauresham avec les animaux et l’utilisation des matériels suivi à nouveau d’une conférence autour d’une part l’impact du travail sur le squelette des animaux et sur la conservation des collections muséographique autour des animaux de traits.

Dimanche, le site d’archéologie expérimentale s’ouvrait au grand public avec différentes animations et l’utilisation des animaux au travail, des expositions de matériels et la taille de joug des Français Gilles Péquiniot (Alsace) et Michel Nioulou (Bourgogne).

Samedi et dimanche, nous avions accès à la très belle exposition de jougs du monde au centre de Lauresham.

Une belle délégation française participait à ces trois journées.

 Léonnie Biteau, Mélanie et Pascal Durand (intervenant), Pauline Ernewein, Cozette Griffin Kremer (intervenante) , André Kamerer, Philippe Kuhlmann (intervenant), Laurent Martin de « 2 mains 4 cornes », Véronique et Michel Nioulou (intervenant), Danyèle et Gilles Péquiniot (intervenant), Anna Revol, Daniel Viry. On pouvait aussi compter la compagnie d’Yves Marloye de Belgique.

Nous feront plusieurs articles avec les photos prises par chacun des français présents sur le symposium.

Vous trouverez dans ce premier article la brochure en français présentant les intervenants, leur travail ainsi que les problématiques et sujets qu’ils ont abordé pendant la conférence. La brochure très bien faite, permet d’avoir une vue des débats sans avoir à faire de grands textes qui feraient doublon avec celle-ci!! Les actes du symposium devraient être édités prochainement. Nous vous tiendrons au courant.

Cliquez sur les photos pour pouvoir lire les textes facilement.

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Vendredi

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Samedi

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Dimanche

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Le symposium autour de la traction bovine dans le monde organisé par Claus Kropp en Allemagne à Lorsch vient de se terminer.

Les nombreux intervenants du monde entier ont présentés leurs travaux toute la journée du Vendredi pendant une conférence en salle.

Samedi, les débats se tenaient sur le terrain du site d’archéologie expérimentale de Lauresham avec les animaux et l’utilisation des matériels suivi à nouveau d’une conférence autour d’une part l’impact du travail sur le squelette des animaux et sur la conservation des collections muséographique autour des animaux de traits.

Dimanche, le site d’archéologie expérimentale s’ouvrait au grand public avec différentes animations et l’utilisation des animaux au travail, des expositions de matériels et la taille de joug des Français Gilles Péquiniot (Alsace) et Michel Nioulou (Bourgogne).

Samedi et dimanche, nous avions accès à la très belle exposition de jougs du monde au centre de Lauresham.

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Taille d’une reproduction d’un joug datant de l’âge de fer

Taille d’une reproduction d’un joug datant de l’âge de fer d’après un document de Stuart Pigott de 1949 issu de fouilles réalisées dans des tourbières d’Irlande du Nord.

Taille par Michel Nioulou et Gilles Péquignot en Décembre 2023 à Charnay lès Mâcon en Saône et Loire.

Ce joug est destiné à rejoindre l’exposition de jougs à l’occasion d’un symposium sur l’attelage bovin à Lorsch en Allemagne les 8, 9 et 10 Mars 2024.

Autour de l’archéologie de la traction bovine, Interprétation d’un motif peint à l’abri gravier (Mazaugues), article d’henri Pellegrini Les Cahiers de L’ASER N° 23″

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L’archéologue amateur passionné et engagé Henri Pellegrini (Membre de (l ‘IPAAM)  Institut de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes Maritimes. Membre de (l’ASER centre Var). Président Honoraire d’ARCHEAM, Cercle d’Histoire et d’Archéologie des Alpes Maritimes)

nous fait le grand privilège de nous accorder la publication qui suit.
Il s’intéresse principalement aux peintures et gravures rupestres du monde entier, en archéologie.
Son attention est surtout d’analyser le mode d’harnachement et les caractéristiques des animaux et engins tractés, travois, chars, chariots, ainsi que les instruments aratoires utilisés depuis le néolithique à nos jours.
bibliographie de l’article :  H. P. ASER du Centre Var. : « in : Les Cahiers de L’ASER N° 23 »
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Géographie et ethnologie de l’attelage au joug en France du XVIIe siècle à nos jours, livre de Mariel Jean-Brunhes Delamarre, 1969

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Voici le PDF d’un livre de Mariel Jean-Brunhes Delamarre.

Cette Géographe et ethnologue Française (1905/2001) a beaucoup travaillé sur le milieu rural en France pour en noter de nombreuses données.

Merci à Philippe Berte Langereau pour nous avoir communiqué cet ouvrage de référence sur les jougs paru en 1969 et aujourd’hui introuvable: 

Géographie et ethnologie de l’attelage au joug en France du XVIIe siècle à nos jours

Cliquez sur le lien ci-dessous pour le consulter.

Document PDF : livre-jougs-delamarre_compressed

 Voir aussi le PDF sur son œuvre par Martine Segalen:

Une oeuvre entre géographie et ethnologie Martine Segalen Dans Ethnologie française 2002/3 (Vol. 32), pages 529 à 539 Éditions Presses Universitaires de France

Document PDF : ethn_023_0529

Les surjougs ou Béjouet de J.Bernadet, L’isle Jourdain (32)

Voir aussi l’article de la dépêche du midi en cliquant ici.

Comparaison de l’utilisation du joug de tête et du collier d’épaule en traction bovine d’un point de vue ostéopathique, Mémoire d’ostéopathie vétérinaire, Mélissa Boursier

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Pour valider son diplôme d’ostéopathie vétérinaire, Melissa Boursier devait rédiger entre autres, un mémoire. Elle a choisi un sujet qui lui plaisait et qui lui servirait : la traction bovine d’un point de vue ostéopathique en comparant le joug de tête et le collier d’épaule.

Voici donc son mémoire en lecture directe ainsi que la possibilité de le télécharger en cliquant ici: fichier pdf Dr Mélissa BOURSIER Mélissa – DIE ostéo – Mémoire

____________________

 

Comparaison de l’utilisation du joug de tête et du collier d’épaule en traction bovine d’un point de vue ostéopathique

 

1

 

Dr. Mélissa BOURSIER

Mémoire pour l’obtention du DIE d’ostéopathie vétérinaire 

2022

Enseignant-tuteur : Dr. Fabrice PECAULT 

Table des matières

  • Introduction                                                                                           
    Première partie : présentation de la traction bovine                            
    Histoire  3
    Etat des lieux                                                                                         
    De par le monde : effectifs humains et bovins, type de travail, conséquences sociales                                                                           
    En France                                                                                              
    Comparaison de deux types de harnachement : le joug de tête vs le collier d’épaule                                                                                     
    Le joug de tête                                                                                       
    Le collier d’épaule                                                                                
    Conséquences biomécaniques selon le harnachement utilisé              
    L’angle de traction                                                                               
    Les surfaces de contact entre le harnachement et l’animal                 
    La position de travail                                                                           
    Le poids du harnais                                                                             
    La transmission de l’effort dans l’espace                                           
    Biomécanique de la traction et de la propulsion                                
    Deuxième partie : étude du point de vue ostéopathique                     
    Matériel                                                                                               
    Méthodes                                                                                             
    Résultats                                                                                             
    Martin (béarnais, cf. figure n° 18) :                                                  
    Chouan (cf. figure n° 20) :                                                                
    Martin (bordelais, cf. figure n° 22) :                                                 
    Moris (cf. figure n° 24) :                                                                   
    Fleur (cf. figure n° 26) :                                                                   
    Plume (cf. figure n° 28) :                                                                  
    Grive (cf. figure n° 30) :                                                                   
    Fury (cf. figure n° 32) :                                                                    
    Analyse                                                                                             
    Discussion                                                                                        
    Conclusion                                                                                       
    Bibliographie                                                                                   
    Listes                                                                                                
    Figures                                                                                             
    Tableau                                                                                             
    Abréviations                                                                                     
    Annexes                                                                                            

     Un très grand merci à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la rédaction de ce mémoire, aux bouviers (Thomas FAURE, Flora MONTERRIN, Solène MORIN, Serge CAMMAS, Marie CADOT) pour leur passion, et à leurs animaux pour leur patience, à l’IMAOV qui offre plus qu’une formation, à mon enseignant-tuteur Fabrice PECAULT qui a pris de son temps libre précieux pour moi, à ma famille pour son soutien indéfectible.

     Une mention particulière pour le site internet « Attelages Bovins d’aujourd’hui » qui est un recueil formidable d’informations et de contacts, merci !

Introduction

      En ce début de XXIème siècle, il y aurait dans le monde plus de 400 millions d’animaux de trait appartenant à différentes espèces :

  • Les bovins (taurins Bos taurus et zébus Bos indicus)
  • Les bubalins (buffles Bubalus bubalis)
  • Les équidés (chevaux Equus caballus, ânes Equus asinus et mules)
  • Les camélidés (dromadaires Camellus dromedarius, chameaux Camelus bactrianus, lamas Lama glama) [1]

     Il sera question dans ce mémoire de s’intéresser à la traction bovine. L’équipement des animaux et les outils attelés ont évolué au fil du temps pour répondre aux besoins des hommes, tant sur le plan agricole que du transport en général. Pour ce qui concerne le harnachement des bovins, on trouve en France et en Europe deux procédés généralement pour transmettre la force de travail de l’animal à l’outil : le joug de tête et le collier d’épaule. Le joug de tête est une exception au niveau mondial où lui est préféré le joug de garrot. Le collier d’épaule est quant à lui considéré comme l’équipement d’attelage le plus abouti au regard du rendement de la force de travail et du confort de l’animal mais reste un équipement moins abordable tant financièrement que techniquement. Le choix de l’équipement découle encore beaucoup de la tradition.     

     L’approche ostéopathique proposée dans ce mémoire pourrait permettre un nouvel éclairage sur ce choix en présentant une comparaison des implications ostéopathiques de ces deux équipements sur l’animal lui-même, ce qui pourra être extrapolé au rendement de sa force de travail.

     Après avoir fait un bref historique, un état des lieux sera dressé sur la situation de la traction bovine dans le monde puis plus particulièrement en France. Ensuite seront comparées deux techniques d’attelage différentes : le joug de tête et le collier d’épaule, d’un point de vue biomécanique et d’un point de vue ostéopathique grâce à la présentation de quelques consultations d’ostéopathie de bovins de traction travaillant au joug ou au collier. L’ensemble des résultats permettra une discussion et tentera d’apporter des réponses quant au choix du matériel utilisé pour l’attelage.

Première partie : présentation de la traction bovine

Histoire

     L’histoire de la traction bovine est très ancienne et remonterait au Néolithique en Europe et au Proche-Orient, période allant de 5 800 à 2 500 ans avant notre ère. Utilisés pour leur lait et leur force dès leur domestication, les bovins ont certainement joué un rôle important dans le développement des populations humaines, tant sur le plan économique que symbolique, grâce aux échanges et aux déplacements.

      Des ossements attestent des contraintes liées à leur travail par la déformation des phalanges et des vertèbres. La comparaison avec des ossements de bovins domestiques actuels montre également que le recours à la castration était une pratique déjà employée au Néolithique. Sur certains sites, la fréquence élevée des atteintes pathologiques et l’intensité des déformations sur les premières et secondes phalanges antérieures chez ces bovins de petite stature (moins de 1,20 m au garrot) suggèrent des activités plutôt intensives de type traction lourde : labours, et peut-être aussi débardage (cf. figure n° 1). Ces animaux étaient conservés jusqu’à un âge avancé et avaient travaillé toute leur vie. [2]

 3

Figure n° 1: Une des représentations les plus anciennes d’attelage au joug en France : attelage de bovidés tirant un araire, guidé par un cultivateur, âge du Bronze ancien, gravures rupestres du Mont- Bégo (Saint-Dalmas-de-Tende, Alpes Maritimes, 1900 av. J-C) [3] 

En Europe, la traction animale a été, au fil des siècles, un facteur essentiel d’évolution des systèmes de production agricole avec la succession de deux périodes, celle de la traction animale légère de l’agriculture méditerranéenne du monde antique et celle de la traction animale lourde en Europe du Nord qui a permis le développement économique des zones plus froides. [4]

     Si le boeuf et l’âne sont les animaux les plus utilisés pour les tâches agricoles, à partir du XIème siècle, l’Europe fait figure d’exception dans l’emploi des animaux de travail : l’emploi du cheval en agriculture. Timidement au début puis allant s’intensifiant aux XVème et XVIème siècles, le cheval ira même jusqu’à supplanter le bovin dans certaines régions. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, il y a désormais des régions à chevaux, en France le Nord, la Picardie, la Haute-Normandie, l’Ile de France, et des régions à boeufs : la Bourgogne du sud, l’Auvergne, le Limousin, le Poitou, etc. A la fin du XIXème siècle et au XXème siècle, le cheval reprendra sa progression aux dépens du boeuf jusqu’à ce que l’un et l’autre soient éliminés par le tracteur. [3]

     Dans les pays industrialisés, l’utilisation des animaux de trait a fortement régressé après la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire au cours de la seconde moitié du XXème siècle, avec le développement de la motorisation. La place de l’énergie animale est désormais marginalisée mais elle garde toute son importance dans les pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne où elle est d’implantation plus récente et où elle continue de se développer. [4]

Etat des lieux

De par le monde : effectifs humains et bovins, type de travail, conséquences sociales

     Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, Food and Agriculture Organisation) les deux tiers des agriculteurs, soit plus de 800 millions de personnes, travaillent encore essentiellement à la main. Viennent ensuite les utilisateurs de la traction animale qui représentent environ un tiers des agriculteurs, soit 400 millions de personnes, suivis par ceux qui bénéficient de la mécanisation motorisée, soit 30 millions d’agriculteurs. [5]

     Bien que les progrès technologiques aient pu supplanter la traction animale, cette dernière reste très importante dans de nombreux pays.

     Grâce à leur force, ces animaux réduisent significativement la pénibilité des travaux agricoles et permettent d’autres activités comme le transport des personnes ou des marchandises, l’exhaure de l’eau [6], ou bien encore la création de dispositif anti-érosion ou des chemins. [5]

     La traction animale permet ainsi la production alimentaire et sa commercialisation pour les familles l’employant dont elle améliore la sécurité alimentaire et la viabilité économique. [5]
Au début du XXIème siècle, la place de la traction animale est extrêmement variable d’un pays à l’autre et on reconnait schématiquement trois types de situations :
      celle de la plupart des pays industrialisés qui ont pratiquement abandonné l’utilisation de l’énergie animale,
      celle de nombreux pays en développement ou émergents où les évolutions des systèmes de production sont rapides et tendent souvent vers le remplacement des animaux de trait par des tracteurs ou des motoculteurs (cf. figure n°2),
      celle enfin de pays moins avancés où la traction animale est encore d’actualité et présente même souvent des solutions d’avenir pour les petites exploitations agricoles, encore majoritairement en travail manuel. [5]

2

 

Figure n° 2 : Graphique comparant les utilisations des différentes formes d’énergie, dans les pays en développement et dans les pays développés [5]

En France

   Même si on ne saurait être exhaustif, beaucoup de praticiens de la traction bovine (bouviers) manquant de temps et communiquant peu sur leur pratique, il a été recensé en 2014 environ 198 paires de bovins au travail et 21 bœufs en solo. Les bouviers se répartissent comme suit :

  • 59 exploitants agricoles
  • 14 retraités
  • 27 en attelages de loisir
  • 10 structures organisatrices de spectacles
  • 12 particuliers

    Ces bouviers sont des passionnés, la plupart issus du milieu agricole et les jeunes y sont bien représentés. La traction bovine est vue comme un moyen de maintenir certaines races à faible effectif. Ces bovins participent aux tâches agricoles, mais aussi à des activités de débardages ou à des démonstrations.
La formation existe, que ce soit par des centres de formation (Montmorillon, Oloron-Ste-Marie) ou dispensée par des professionnels.

    Malgré tout, la pratique reste précaire voire confidentielle. Il y a des réflexions constantes sur la conception, l’évolution ou l’adaptation du matériel de traction animale. [7]
Des réflexions sur la durabilité des pratiques agricoles orientent l’emploi de la traction animale comme un bon compromis en termes d’efficience économique, d’équité sociale et de respect de l’environnement. [8] Ces avantages permettent à cette pratique d’avoir survécu à la motorisation et de regagner du terrain.

    En résumé, il apparaît que la traction animale bovine est très ancienne et remonterait au Néolithique. Elle a grandement participé aux développements des civilisations humaines grâce aux nombreux services qu’elle a rendus : production de nourriture, transport de marchandises et de personnes, débardage, exhaure de l’eau, etc. Deux situations sont constatées selon que l’on se situe dans les pays industrialisés où elle a cédé la place à la motorisation, ou bien dans les pays en développement où elle continue de progresser. Elle offre de nombreux avantages tant sur les plans agricole, social qu’écologique.

Comparaison de deux types de harnachement : le joug de tête vs le collier d’épaule

     Pour être fonctionnel, un harnachement doit assurer la mise en mouvement en avant et en arrière, le ralentissement et l’arrêt, la traction de divers matériels et véhicules à deux ou quatre roues. [9]

Le joug de tête

     Le joug de tête, ou joug de cornes (cf. figure n°3), se distingue du joug de garrot qui comme son nom l’indique, se place en avant du garrot. Il permet d’atteler en paire, bien qu’un joug plus réduit, le jouguet, permette la configuration d’un attelage en solo, utilisé principalement pour le dressage du bovin. Nous nous intéresserons au joug le plus rencontré de nos jours en France, c’est-à-dire le joug de tête pour atteler une paire de bovins.

4

Figure n° 3 : Illustration d’un joug de tête reposant sur la nuque [10]
Histoire et aire de répartition

     Le joug de tête est une exception Européenne. Il est attesté en Egypte ancienne mais il y a disparu depuis bien longtemps. Son histoire est mal connue mais on sait qu’au XIXème siècle, le joug de cornes occupait une partie de l’Espagne, la Franceet le Sud-Ouest de l’Allemagne.

       Dans le reste du monde, il est complètement inconnu et c’est le joug de garrot qui est utilisé. Sa prépondérance en Europe est d’autant plus curieuse que d’un point de vue technique, le joug de garrot semble plus avantageux : plus simple, moins coûteux, plus facile à poser, il laisse une plus grande liberté de mouvement aux animaux et donc un meilleur rendement pour une fatigue moindre. Le seul avantage du joug de tête par rapport au joug de garrot résiderait dans le fait que les animaux seraient, du fait d’être attachés l’un à l’autre rigidement, plus faciles à conduire car leurs mouvements de tête seraient canalisés. Ceci apporte une certaine sécurité pour le bouvier. Mais avec des animaux bien dressés, cet avantage est minime. [3] Monsieur Thomas Faure, bouvier à l’écomusée de Marquèze dans les Landes, confiait également que lier une paire de bovins au joug prend bien moins de temps que d’équiper une seule mule avec un harnachement complet au collier.

     Pousser avec la tête fait partie de l’éthogramme des bovins et serait une des explications de l’emploi du joug de tête, mettant à profit ce comportement naturel.

     Il est difficile de faire un tour exhaustif des jougs de tête existants tant leur forme et la manière dont ils sont attachés à la tête des animaux, ce qu’on appelle le liage, diffèrent selon les régions et les races de bovins employées. Il peut ainsi être posé à l’avant des cornes, « joug de front », ou à l’arrière des cornes, « joug de nuque ». C’est habituellement une pièce en bois dont l’essence varie selon la région : le bouleau, le frêne, le chêne, mais aussi l’aulne, le cormier, le hêtre, le noyer, le tilleul. Sa fabrication nécessite un réel savoir-faire de la part du jouguier. Les plus longs pour les labours vont jusqu’à 1,90 m et une trentaine des kilogrammes, ceux pour les charrois font entre 1,10 m et 1,60 m de long pour une dizaine de kilogrammes. Des protections en tissu ou en paille sont placées entre le joug et l’animal pour le protéger. Le tout est lié avec de courroies. Le joug est ensuite attaché au timon soit par une attache souple avec des anneaux, des courroies, etc., ou bien rigide, le timon s’engageant alors dans un orifice directement percé dans le joug puis bloqué par des chevilles. [9]

Les jougs de nuque nécessitent des bovins pourvus de cornes solides, de préférence orienté vers le haut et vers l’avant. [11]
     Nous allons voir en détail le joug occitan, qui est un joug de tête très élaboré et qui nous permettra d’illustrer les conséquences biomécaniques d’un tel outil.

Un exemple, le joug occitan

Description des différentes parties constituant un joug (cf. figure n°4)

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Figure n° 4 : Illustration d’un joug occitan vu de face [12]

  • 1. Embanures : logements qui reçoivent les cornes. Elles ont un rôle de mise en position de la tête de chaque bovin l’un par rapport à l’autre. Ce sont les « surfaces de références »
  • 2. Suca ou suco : coiffe le chignon de chaque animal mais ne doit pas le toucher. Il guide les courroies sur les cornes pour effectuer le liage
  • 3. Capet : partie du joug au-dessus de chaque tête
  • 4. Trou de passage pour la méjane : la méjane est une forte courroie de cuir avec un système de boucle qui permet de pendre les deux anneaux dans lesquels passe le timon. C’est une des manières de lier le joug au timon
  • 5. Joues : elles viennent contre les oreilles de l’animal, rabattues sur l’arrière. Les oreilles ainsi plaquée mais non serrées permettent de faire amortisseur entre le crâne et le joug
  • 6. Capières : emplacements qui reçoivent la tête. Les joues font partie des capières
  • 7. Chemin de passage des courroies vers le front et vers les cornes           
  • 8. Chemin de passage des courroies depuis les cornes vers l’arrière (ou inversement) afin qu’elles fassent le tour du joug 
  • 9. Catel ou tenon : il y en a un de chaque côté, ils permettent de terminer de lier les courroies en les y nouant par deux demi-clefs [12]

Zones de portance du joug

    Le joug, pour développer tout son potentiel et ne pas blesser l’animal, doit être le plus ergonomique possible. Il doit « mouler » la tête de l’animal. Il porte sur les cornes et sur la nuque (cf. figures n° 5 et 6). Les cornes ne doivent pas porter sur leur naissance près du crâne, qui est une zone fragile mais à quelques centimètres de là.

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Figure n° 5 : Illustration de la capière droite d’un joug vu de dessous et de derrière montrant la zone d’appui sur la nuque [12]

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Figure n° 6 : Illustration de la capière droite d’un joug vu de face montrant la zone d’appui des cornes et les zones où elles ne doivent pas porter [12]

Les courroies assurent deux rôles :

  • Celles passant sur les cornes maintiennent le joug fermement à la tête de l’animal
  • Celles passant sur le front assurent la réception de l’effort de traction

Le bovin ne doit pas tirer avec ses cornes mais essentiellement avec son front.
Enfin, le joug présente deux courbures, ou galbes. L’un dans le plan frontal (cf. figures n° 7 et 8) et l’autre dans le plan transversal (cf. figure n° 9). Le premier a deux fonctions: 

  • Permettre le croisement des cornes dans la partie médiane du joug.
  • Donner plus de maniabilité dans les virages car les axes longitudinaux qui passent par chaque animal ne sont pas parallèles mais se croisent plusieurs mètres devant.

L’animal de droite a généralement la tête plus inclinée que l’autre.

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Figure n° 7 : Illustration d’un joug vu de dessus montrant le galbe dans le plan frontal [12]

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Figure n° 8 : Illustration d’une paire de bovins attelés au joug vu de dessus montrant le galbe dans le plan frontal et montrant la projection des trajectoires de chaque animal [12]

    Le galbe dans le plan transversal permet également aux cornes de se croiser sans se toucher, ce qui serait inconfortable pour les bovins dans le cas contraire. Là aussi les axes passant par la tête des animaux ne sont pas symétriques, généralement, c’est l’animal de droite qui a la tête légèrement plus inclinée que l’autre (cf. figure n° 9).

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Figure n° 9 : joug vu de face montrant le galbe dans le plan transversal, la courbure étant exagérée ici [12]

    Ce type de joug est particulièrement ergonomique s’il est bien ajusté mais présente l’inconvénient de ne pas pouvoir être interchangeable à plusieurs paires de bovins. D’autres jougs avec des emplacements pour les cornes moins marqués ou carrément inexistants, et sans galbe, sont plus faciles à transposer à d’autres paires mais ont l’inconvénient de ne pas être parfaitement ajustés ni de soigner le croisement des cornes dans la partie médiane du joug. [12] De plus, cela revient moins cher de se procurer des jougs de récupération plutôt que d’en faire fabriquer un sur mesure.

    En résumé, le joug de nuque en paire est d’utilisation traditionnelle en France et dans certains pays européens, là où il est inexistant dans le reste du monde. Sa fabrication relève d’un vrai savoir-faire pour permettre un bon ajustement aux animaux et une bonne efficacité dans le maniement de l’attelage.

Le collier d’épaule

     Dans un article sur l’adaptation du collier bovin de Berne pour les pays en développement, publié sur le site de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO, l’auteur présente les jougs en général comme ayant été conçus pour faciliter le contrôle de l’animal. Ils sont peu coûteux et relativement facile à fabriquer. Malheureusement, selon lui, l’utilisation efficace de la puissance de traction et le confort de l’animal ne sont pratiquement jamais pris en compte. [13]

     En 1920, Maximilien Ringelmann, universitaire français membre de l’Académie d’agriculture de France, établit qu’un boeuf équipé d’un collier pourrait accomplir la même quantité de travail que deux boeufs attachés à un joug. [14] Cependant, selon P. STARKEY, ceci est sans doute vrai pour un travail de traction légère mais ne se vérifie pas dans ces proportions lors d’un travail de traction lourde. [15]

    Il est généralement admis que le meilleur harnachement équipé à un animal est le collier d’épaule chez le cheval. Il fait sa première apparition en Europe au XIème siècle mais on ne sait pas s’il a été inventé sur ce continent ou s’il a été importé de l’Orient par les tribus Mongoles. Pour autant ce matériel n’a été que très peu utilisé pour des animaux de trait autres que le cheval, en Europe et ailleurs dans le monde. La Suisse fait figure d’exception, les agriculteurs y ayant adapté le collier pour chevaux aux bovins. Il prend le nom de « collier de Berne » (cf. figure 10).

    Le collier de Berne a été simplifié par la suite pour arriver au « collier à trois matelassures » ou « collier suisse simplifié » dans lequel seules les épaules de l’animal sont protégées par des matelassures tandis qu’un troisième patin est fixé en haut entre les deux attelles pour maintenir le collier en position sur le corps (19, cf. figure n° 11).

 

 

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Figure n° 10 : Illustration du collier de Berne en place sur un bovin [16]

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Figure n° 11 : Illustrations du collier simplifié, seul et en place sur un bovin [16]

  La conception de ce collier simplifié doit respecter ces quelques règles :
      Les attelles sont formées de deux pièces de bois qui doivent épouser au mieux le contour des épaules pour apporter un maximum de confort
      Les matelassures permettent de protéger les épaules des frottements et de la pression des attelles [13]
      L’un des inconvénients du collier est sa relative fragilité. En cas de choc, une des attelles peut casser, le crochet de fermeture peut lâcher, etc. [17]
     Ce collier est plus léger, plus facile à concevoir et moins coûteux que le collier de Berne, le rendant plus abordable.

     En résumé, le collier d’épaule est d’utilisation plus confidentielle en France. Il est moins abordable en termes de prix et de fabrication que le joug mais semble offrir une grande efficacité.

Conséquences biomécaniques selon le harnachement utilisé

     Quelle que soit l’espèce, l’animal de traction doit être un animal assez compact, plutôt lourd que long. La force de traction déployée est proportionnelle au poids de l’animal [18], bien que certains auteurs modèrent ces critères. [19] Les membres sont bien écartés, droits, musclés, courts, les pieds sont sains et durs. Le thorax ample et profond pour assurer une bonne oxygénation, l’encolure droite. [18]

     La morphologie de l’animal mise à part, les différents types de harnachement auront un impact sur le fonctionnement biomécanique de l’animal lors de l’effort fourni en traction. Différents facteurs entrant en jeu seront détaillés pour mieux appréhender les avantages et inconvénients du joug et du collier l’un par rapport à l’autre.

L’angle de traction

     L’angle créé entre la ligne où s’applique la force de traction d’une part, et l’horizontale d’autre part, est l’angle de traction (θ, cf. figure n° 12).

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Figure n° 12 : Schéma des différentes forces en traction animale et de l’angle de traction [20]

    Cet angle doit être le plus petit possible afin d’utiliser la puissance de l’animal au maximum. Plus l’angle augmente et plus la force de traction se divise au niveau du point d’attache à l’animal (cf. figure n° 13). Une partie de la force est perdue pour le processus de traction et exerce une pression sur l’animal (R). Un angle de traction à 30 °, qui est plus facilement rencontré avec un joug de tête, va rajouter environ 50 kg de poids supplémentaire à l’animal, sans compter le poids du harnachement. [13]

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Figure n° 13 : Illustration montrant l’impact de l’angle de traction sur les forces s’appliquant à l’animal [20]

 

     Le collier offre l’avantage par rapport au joug d’abaisser l’angle de traction et donc de mieux transmettre la force de l’animal à l’outil attelé.

Les surfaces de contact entre le harnachement et l’animal

     L’efficacité d’un harnais est grandement liée à sa façon d’épouser le corps de l’animal et de répartir les zones de pression. Avec un joug de tête la surface de contact est d’environ 200 cm². Avec un collier aux matelassures bien ajustées et rembourrées, on obtient une surface de contact de 600 cm² par épaule soit 1200 cm² pour les deux épaules. La surface est augmentée d’un facteur 6 et réduit d’autant la pression par unité de surface (P = F/S, avec P la pression, F la force appliquée et S la surface). [13]

     Ainsi, le collier permet d’augmenter la surface de contact entre le harnachement et l’animal par rapport au joug, ce qui laisse suggérer un plus grand confort de l’animal.

La position de travail

     Le harnachement doit être conçu de sorte que l’animal puisse utiliser son corps dans une position la plus naturelle possible. Le port du joug modifie plus sensiblement la posture de l’animal et les cahots de la route sont transmis directement aux zones sensibles des cervicales, des sinus et des os crâniens. [13] De plus, le manque de liberté de mouvement peut amener l’animal à maintenir la tête ou la nuque dans une position inconfortable (cf. figure n° 14). Cependant, les blessures s’expliquent souvent par une installation ou une utilisation inadaptée des jougs. [11] Les jougs dans lesquels le timon s’insère dans un trou médian permettent à ce dernier de tourner à l’intérieur du joug [17] et de limiter les postures telles qu’adoptées dans la figure n° 14 :

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Figure n° 14 : Photographie montrant une contrainte de la position de la tête, ici en rotation droite, imposée par le joug lors d’un travail en dénivelé [21]

     Un mauvais positionnement du joug aura plus facilement tendance à créer de l’inconfort ou des blessures à l’animal, ce dernier étant plus contraint dans sa posture. Il est évident qu’un bon ajustement du matériel est primordial quel que soit le harnachement choisi.

Le poids du harnais

     Idéalement, le harnais doit être le plus léger possible. Le collier de Berne est relativement lourd et pèse environ 20kg. Les versions simplifiées sont beaucoup plus légères et font environ 10 kg. [13] Le poids d’un joug de tête est réparti sur les deux animaux donc chacun porte environ 10 kg minimum.

Les poids des deux harnachements ne diffèrent pas significativement.

La transmission de l’effort dans l’espace

     Le joug de tête étant solidaire de l’animal, il permet aux animaux de développer des efforts dans des directions diverses. Par exemple lors de travaux forestiers, les animaux peuvent soulever l’extrémité d’une grume en soulevant la tête. De même, lorsque le matériel agricole est relié à l’animal par un timon rigide plutôt que des chaines, les jougs de nuque peuvent faciliter le freinage et les changements de directions. [11] Ce qui n’est pas le cas si le collier est utilisé seul sans sellette et avaloir, et donc nécessite un matériel complémentaire pour parvenir à ces fins.

     Le timon est plus long lorsque que les animaux sont attelés au joug de tête plutôt qu’au collier d’épaule et offre donc plus de bras de levier pour faire pivoter l’essieu avant. [17]
L’avantage du collier c’est qu’il facilite le franchissement d’obstacle comme des fossés ou de très fortes pentes. [17]

     Le joug semble plus efficace pour transmettre l’effort dans des directions variées.

Biomécanique de la traction et de la propulsion

     Pour pouvoir transmettre une force à un élément tiré par l’intermédiaire de son harnachement, l’animal va devoir verrouiller les parties de son corps entre ce qui lui fournit la propulsion, c’est-à-dire ses membres postérieurs et plus particulièrement l’articulation coxo-fémorale via les muscles fémoraux caudaux (muscles semi-tendineux, semi-membraneux et glutéobiceps), [22] et le point d’appui qui va recevoir l’effort, c’est-à-dire la zone d’attache du harnachement : la tête et plus particulièrement la zone du front dans le cas du joug, et les épaules dans le cas du collier. Cependant, le bouvier Philippe Kuhlmann fait la différence entre le cheval qu’il apparenterait à un « moteur à propulsion » et le bovin qui serait plus une « traction avant ». [23] Ce seraient donc les membres thoraciques qui auraient un rôle prépondérant par rapport aux membres postérieurs selon lui, même si ces derniers participent forcément à l’effort.

      Dans le cas du joug, l’animal va rigidifier principalement l’ensemble du rachis depuis l’articulation atlanto-occipitale jusqu’à l’articulation sacro-iliaque et aligner le plus possible ses vertèbres cervicales en abaissant légèrement la tête. Dans le cas du collier d’épaule, la portion du corps en verrou débutera depuis l’articulation scapulo-thoracique (par contraction des muscles rhomboïde, trapèze crânial et grand dorsal, ce qui amène à une verticalisation de l’épaule [22]) puis sur le rachis de la portion allant du garrot à l’articulation sacro-iliaque. L’animal obtient cette rigidification du rachis notamment par l’abaissement du levier cervical qui vient mettre en tension par le biais du ligament nuchal les apophyses épineuses des premières thoraciques qui font office de bras de levier sur le rachis. La tension se poursuit jusqu’au sacrum via les ligaments supra- et inter-épineux (cf. figures n° 15 et 16).

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Figure n° 15 : Schéma de la mise en tension de l’animal dans le cas d’un travail au joug (dessin personnel inspiré en partie de [22])

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 Figure n° 16 : Schéma de la mise en tension de l’animal dans le cas d’un travail au collier d’épaule (dessin personnel inspiré en partie de [22])

     Contrairement à la croyance populaire et perpétuée par l’utilisation des jougs, les bovins ne tirent pas mieux par la tête, mais comme chez les chevaux, leur force de traction vient des épaules et du tronc. [13, 14]

     Dans le cas du collier, la tête étant libre, l’animal peut utiliser son balancier cervical pour accompagner les différentes phases de la foulée. Dans le cas du joug, il est privé du balancier cervical.
Il semblerait que le collier soit intrinsèquement plus efficace que le joug. Cependant, les expériences scientifiques portant sur un nombre statistiquement recevable d’animaux dans le but de comparer avec précision le pourcentage de rendement supérieur du collier sur le joug manquent ou bien font état de faible pourcentage d’amélioration relative (7 à 9 %). [16] Les avantages avancés pour le collier par rapport au joug sont : l’augmentation de la surface de contact, l’abaissement de l’angle de traction et le confort de l’animal. [15]

      La biomécanique de la traction permet de faire des hypothèses des zones où les tensions sont maximisées : pour le joug : le crâne et les cervicales hautes. Pour le collier : la scapulo-thoracique, la scapulo-humérale et la zone du garrot. Ensuite, la mise en tension du reste du rachis apparaît similaire dans les deux cas de figure.

     En résumé, l’histoire très ancienne de la traction animale prendrait racine au Néolithique. Les animaux de trait, dont les bovins, ont accompagné les civilisations humaines dans leur développement. La mécanisation a supplanté l’énergie animale dans les pays industrialisés mais la traction animale continue de progresser dans les pays en développement où elle est d’implantation plus récente.
En France, où la traction animale a su perdurer par endroits, deux types de harnachement sont utilisés : le joug de nuque en paire, d’utilisation traditionnelle et qui fait figure d’exception pour une grande partie du monde ; et le collier d’épaule, plus confidentiel, moins abordable au premier abord mais qui semble très efficace et plus confortable pour l’animal.
Les avantages agricoles, sociaux et écologiques qu’offre la traction animale ne doivent pas faire oublier le respect de l’intégrité de l’animal qui prête sa force, au titre de n’importe quel sportif et les connaissances en biomécanique et l’ostéopathie peuvent apporter des solutions pour prendre soin des animaux et prévenir d’éventuelles atteintes de l’organisme.

 Deuxième partie : étude du point de vue ostéopathique

Matériel

     Pour rentrer dans l’étude les animaux doivent être des bovins en formation ou en travail pour de la traction animale. Ils peuvent être travaillés au joug, au collier, ou les deux.

     L’âge et le sexe ne sont pas des critères d’inclusion ou d’exclusion, dans la limite de l’adéquation entre le travail demandé et la croissance de l’animal pour ce qui concerne l’âge.

     Les contre-indications habituelles inhérentes à la consultation ostéopathique s’appliquent, c’est-à-dire que ne seront pas acceptés des animaux présentant une tumeur ou un cancer en évolution, un accident traumatique aigu, une maladie infectieuse évolutive non jugulée ou une décompensation organique en phase avancée. Enfin, les animaux doivent être coopératifs et vigiles pour rentrer dans l’étude. [24]

     Ce sont au total 8 animaux qui vont être présentés pour cette étude, vus en consultation d’ostéopathie sur une période allant du 19/06/2022 au 06/07/2022 :

      2 boeufs béarnais, Martin et Chouan, d’un an et demi, actuellement en apprentissage. Ils portent le joug 2 fois par jour entre 20 minutes à 1 heure 30 minutes par cession, sans tirer de charge. Martin est à gauche, Chouan à droite. Martin est plus petit que Chouan. Martin est le moteur de la paire. Ils sont destinés à travailler en maraîchage et faire des animations à l’écomusée de Marquèze à Sabres dans les Landes. Pour distinguer ce Martin du suivant (cf. paragraphe ci-dessous), il sera appelé désormais « Martin (béarnais) ».
      1 boeuf bordelais x Prim’Holstein, Martin, de 12 ans et demi, qui a travaillé pendant 8 ans jusqu’à début avril au joug en paire avec un autre boeuf un peu plus grand que lui, pour du maraîchage et des animations à l’écomusée de Marquèze à Sabres dans les Landes. Martin était à gauche et il était le moteur de la paire. Son collègue de paire, atteint d’un lymphome, va être euthanasié. Martin va être reconverti pour du bât en pré-retraite ou être vendu. Il sera nommé dorénavant « Martin (bordelais) ».
       1 boeuf vosgien, Moris, de 12 ans. Il fait des animations et quelques travaux agricoles, principalement au collier ou au jouguet, à Gavaudun dans le Lot-et-Garonne
      2 vaches vosgiennes, Fleur et Plume, en arrêt pour le moment suite à leur vêlage respectif en avril 2022, à Gavaudun dans le Lot-et-Garonne
      1 vache Brune des Alpes, Grive, de 11 ans, attelée au collier et réalisant plusieurs travaux agricoles et du transport, ainsi que des animations, à Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne
      1 vache Blonde d’Aquitaine, Fury, de 3 ans, en formation au collier, à Castelsarrasin dans le Tarn-et-Garonne

Méthodes

     Après avoir recueilli les commémoratifs et une éventuelle anamnèse pour chaque animal, le bovin était vu en consultation générale et ostéopathique dans l’objectif d’établir un diagnostic ostéopathique, dans l’intérêt de l’animal lui-même, et à des fins d’analyses ultérieures pour le présent mémoire. Enfin, les animaux étaient traités selon les principes de l’ostéopathie vétérinaire. Les traitements ne seront pas détaillés dans ce mémoire car ils ne rentrent pas en compte dans l’étude.

Résultats

Martin (béarnais, cf. figure n° 18) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel, p 15). Il est plus petit que l’autre bovin de paire, ce qui occasionne un port de tête bas et en rotation droite. Sa colonne vertébrale présente des incurvations dans le plan frontal pendant le travail.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière si ce n’est l’orientation non symétrique des cornes, celles-ci s’orientant vers la droite.
Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 17) :

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 Figure n° 17 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Martin (béarnais)

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Figure n° 18 : Photographie de Martin (béarnais)

     Le MRP du système cranio-sacré était asynchrone de façon marquée. Les dysfonctions s’organisaient sur un axe latéral gauche.

     L’occiput (gauche ventral) avait la mobilité la plus réduite, et a été considéré comme la dysfonction primordiale. Par continuité anatomique, il relie le temporal gauche (en expir). Le muscle long de la tête rejoint l’occiput et la face ventrale des processus transverses de C3 (ERSD). L’occiput et le sacrum (base gauche dorsale) sont en relation via les méninges, notamment la dure-mère. Vers l’arrière par l’articulation sacro-coccygienne, le sacrum est relié à la Cd1 (FRS droite). Vers l’avant par l’intermédiaire du fascia iliaca, le sacrum est en relation avec à L2 (FRSG) puis à la loge rénale du rein gauche (dorsal, médial, caudal). De plus, il existe un lien métamérique entre L2 et le rein. Le fascia endothoracique fait la jonction entre L2 et T7 (FRSD).

     Le grasset droit (rotation interne, extension, abduction) est plus une compensation de l’axe latéral gauche et vient apporter de l’impulsion pour seconder l’occiput lors du travail.

Chouan (cf. figure n° 20) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Tout comme Martin (béarnais), Chouan a un port de tête en rotation droite car il est solidaire du joug.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière si ce n’est l’orientation non symétrique des cornes, celles-ci s’orientant vers la droite mais de façon moins marquée que chez Martin (béarnais).

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 Figure n° 19 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Chouan

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Figure n° 20 : Photographie de Chouan

     Les dysfonctions ostéopathiques de Chouan suivent pour certaines d’entre elles le même schéma que celles de Martin (béarnais) mais en moins prononcées. D’autres sont propres à Chouan.
     Ainsi on retrouvait un asynchronisme crâne-sacrum mais léger cette fois, ainsi que l’occiput (gauche ventral), en lien avec le temporal gauche (en expir) par continuité anatomique. De même, l’occiput et le sacrum (base gauche dorsale) sont reliés dans le système cranio-sacré par les méninges. Chez Chouan, c’est L3 (FRSG) qui peut être mise en relation avec le sacrum via le fascia iliaca. Le foie (dorsal, crânial et médial) peut être en relation à L3 via les piliers du diaphragme, le diaphragme lui-même puis les ligaments triangulaires droit et gauche, falciforme et coronaire.

Martin (bordelais, cf. figure n° 22) :

Commémoratifs et anamnèse :

(Cf. la partie Matériel p 15).

Examen clinique :

L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière.

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 21) :

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Figure n° 21 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Martin (bordelais)

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Figure n° 22 : Photographie de Martin (bordelais)

     Les dysfonctions s’organisaient sur un axe latéral gauche. Le MRP du système cranio-sacré avait un léger décalage de phase.

     Chez Martin (bordelais), deux dysfonctions vertébrales étaient proches. Il se peut que la raison soit que la fixation était suffisamment marquée et étendue pour affecter toute cette région. La charnière thoraco-lombaire pouvait être considérée comme la dysfonction primordiale pour ce cas-ci. Ainsi T13 (FRSD) et L2 (FRSD) sont intimement en relation par les piliers du diaphragme, eux-mêmes s’enchevêtrant dans les psoas et mettant en relation l’ilium gauche (dorsal). La caillette (dorsale, médiale, crâniale) peut être mise en relation avec T13 par le système nerveux autonome mais aussi avec l’occiput (gauche ventral) via le nerf vague. Depuis la caillette et le diaphragme par contiguïté, les tensions pouvaient suivre le fascia endothoracique puis les fascias axillaire, brachial et antébrachial droits jusqu’au coude droit (rotation interne, extension et abduction). C3 pouvait être en lien avec la caillette par la lame pré-vertébrale du fascia cervical profond puis le fascia endothoracique, le diaphragme et le péritoine. Enfin, depuis l’ilium gauche et en passant par les fascias lata, jambier et du pied, les tensions pouvaient rejoindre le boulet du postérieur gauche (rotation interne, extension et adduction).

Moris (cf. figure n° 24) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Moris a fait une fourbure il y a quelques mois, qui s’est traduite par des douleurs podales principalement et donc une boiterie. Il a été vu par un maréchal ferrant qui lui a fait un parage et qui a préconisé de réduire sa ration. La boiterie a disparu depuis.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière si ce n’est un surpoids estimé à 7/9 et un affaissement de la colonne vertébrale en arrière de la jonction thoraco-lombaire et un testicule gauche encore assez volumineux malgré la castration à la pince effectuée il y a des années. Nous suspectons un effet partiel de la castration au vu de la morphologie de Moris, proche de celle d’un taureau (cf. figure n° 24). De plus, l’orientation des cornes de Moris est asymétrique, la corne de droite poussant plus vers l’extérieur que son homologue (cf. figure n° 24).

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 23) :

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Figure n° 23 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Moris

 

26 27

Figure n° 24 : Photographies de Moris et de l’orientation de ses cornes

     Les dysfonctions s’organisaient selon un axe diagonal gauche avec le boulet du postérieur gauche compensatoire. Le système crânio-sacré va plus en expir.

     La dysfonction du foie (zone de densité diffuse) semblait être la plus marquée et centrale dans le schéma des dysfonctions. Elle a donc été considérée comme la dysfonction primordiale. Puis en suivant le ligament hépatorénal les tensions arrivent au rein droit (médial, ventral et caudal). La loge rénale est reliée à L3 (FRSG) puis à L6 (FRSG) via les psoas et à l’attache du cordon spermatique droit (crâniale, médiale et dorsale) par le fascia transversalis et fascia spermatique interne. Depuis le foie et sa relation étroite avec le diaphragme via les ligaments triangulaires, falciforme et coronaire, les tensions pouvaient cheminer par le fascia endothoracique puis axillaire et brachial pour arriver la scapulo-humérale droite (extension rotation externe et abduction). La scapulo-humérale et l’occiput (gauche ventral) sont reliés par le fascia axillaire et la lame prévertébrale du fascia cervical profond. Enfin, depuis l’occiput et la symphyse sphéno-basillaire puis l’ethmoïde, on peut rejoindre la crista galli et l’attache crâniale de la faux du cerveau (rostrale). Enfin, le boulet du postérieur gauche (rotation interne, adduction, flexion) semble être isolé de la chaîne et était peut-être une conséquence de la fourbure.

Fleur (cf. figure n° 26) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Fleur a eu un veau par césarienne en février 2022. Fleur est habituellement à droite au joug avec Plume.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière si ce n’est la cicatrice de la césarienne encore palpable au niveau musculaire et cutané.

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 25) :

28

Figure n° 25 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Fleur

29

Figure n° 26 : Photographie de Fleur

     Les dysfonctions s’organisaient selon un axe diagonal droit.

     L’utérus (zone de densité à gauche correspondant probablement à la suture de la césarienne) semblait être le plus fixé lors de la consultation et semblait être la dysfonction primordiale. Le ligament large met en relation l’utérus avec les psoas et L4 (FRSG). Les psoas pouvaient également transmettre les tensions au rein gauche (ventral, médial, caudal). La chaine devenait alors plus superficielle, mettant en relation la L4 avec le fascia thoraco-lombaire et le muscle rhomboïde thoracique et T5 (FRSG), se prolongeant ensuite par le muscle dentelé et la scapulo-thoracique gauche (dorsale, caudale et médiale). Le muscle trapèze cervical pouvait transmettre les tensions à l’occiput (droit ventral). En repassant de façon plus interne, l’occiput pouvait être en relation avec la symphyse sphéno-basillaire (en expir et en side-bending rotation gauche) par continuité anatomique.

Plume (cf. figure n° 28) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Plume est habituellement à gauche au joug avec Fleur.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière.

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 27) :

 30

Figure n° 27 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Plume

31

Figure n° 28 : Photographie de Plume

     Les dysfonctions étaient principalement situées sur un axe latéral gauche.

     Toutes les tensions convergeaient vers le poumon gauche (en expir) qui sera donc considéré comme la dysfonction primordiale. Via le fascia endothoracique, ce dernier pouvait être en relation avec T10 (FRSD), puis avec L3 (FRSD) grâce au diaphragme et à ses piliers. Ces derniers pouvaient être en lien avec les psoas et la loge rénale du rein droit (médial et dorsal). Via le ligament hépatorénal, les tensions pouvaient se répercuter sur le foie (médial, crânial et dorsal). De plus, il existe un lien métamérique entre T10 et le foie. En repartant des psoas et en poursuivant avec le fascia iliaca et l’articulation ilio-sacrée, L3 pouvait être reliée au sacrum (base dorsale à gauche). Le sacrum est intimement relié à l’occiput (gauche dorsal) via les méninges et notamment la dure-mère. Ce dernier rejoint la symphyse sphéno-basillaire (torsion droite) par continuité anatomique. Le coude gauche (en inspir) quant à lui pouvait être relié au poumon via le fascia endothoracique, puis axillaire et brachial, ainsi qu’avec l’occiput par le muscle brachio-céphalique puis le triceps brachial. Enfin, la phalange 1 du doigt IV de l’antérieur gauche (rotation interne, flexion et adduction) pouvait recevoir les tensions provenant du fascia antébrachial et des gaines palmaires.

Grive (cf. figure n° 30) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Grive est atteinte de néosporose. Sa fertilité est très faible. En revanche, elle est en lactation depuis des années sans interruption, avec un lait propre à la transformation en fromage.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière si ce n’est l’orientation particulière des cornes de Grive qui se retourne vers le front. Il n’y avait pas de pression mais les cornes touchaient le poil du front. De plus, une protubérance était présente sur le processus épineux de T13.

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n° 29) :

32

Figure n° 29 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Grive

33  34

Figure n° 30 : Photographie de Grive équipée de son harnachement complet et d’un gros plan sur l’orientation de ses cornes vers le front

     Grive présentait une chaine dysfonctionnelle plutôt superficielle latérale droite et une plus courte et plus profonde latérale gauche.

     En commençant par la chaine droite, L4 (FRSG) a été considéré comme la dysfonction primordiale, du fait de sa position assez centrale sur la chaine dysfonctionnelle sur le squelette axial et son lien avec la deuxième chaine, qui sera explicité ultérieurement. Les tensions pouvaient se redistribuer à l’ilium (droit ventral) via l’aponévrose du muscle grand dorsal et le muscle fessier moyen, puis se poursuivre via le fascia coccygien à Cd1 (FRSD). En repartant par l’avant, et toujours via le muscle grand dorsal, la L4 pouvait être en relation avec T12 (FRSG) et T7 (FRSG). Ensuite, successivement via le chef thoracique puis cervical du muscle trapèze, les tensions pouvaient remonter jusqu’à l’occiput (droit dorsal). Le muscle longissimus permettrait de transmettre les tensions de L7 à C4 (ERSD). Les frontaux (en expir) semblaient être indépendants du reste de la chaine, les deux étant touchés de façon similaire. Les cornes y étaient sans doute pour beaucoup. La pousse anormale des cornes quant à elle était peut-être due à la génétique.

Fury (cf. figure n° 32) :

Commémoratifs et anamnèse :

     (Cf. la partie Matériel p 15). Fury est, elle aussi, atteinte de néosporose. Sa fertilité est très faible et elle n’a jamais eu de veau. Fury est en surpoids estimé à 7/9.

Examen clinique :

     L’examen clinique n’a montré aucune anomalie particulière.

Examen ostéopathique et chaine dysfonctionnelle (cf. figure n°31) :

35

Figure n° 31 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Fury

36

Figure n° 32 : Photographie de Fury

     Les dysfonctions s’organisaient sur un axe diagonal latéral gauche.

     L’ovaire (dorsal, caudal, médial) pouvait être considéré comme la dysfonction primordiale car il était fortement fixé. En partant de l’ovaire et du mésovarium, les tensions pouvaient suivre les muscles psoas et se distribuer à L5 (FRSD et L1 (FRSG), mais aussi au côlon descendant (caudal, dorsal, médial) via son méso. Par contiguïté, le côlon pouvait conduire les tensions à l’ilium gauche (dorsal). Depuis les psoas et leur relation étroite avec les piliers du diaphragme, les tensions pouvaient cheminer le long du fascia endothoracique jusqu’à T6 (FRSG). Il existe un lien métamérique avec le réseau (caudal, dorsal et médial). Ce dernier pouvait ensuite être relié à l’occiput (gauche ventral) par le nerf vague. Enfin, l’occiput est en lien anatomique direct avec la SSB (side-bending rotation droite).

Analyse

     L’ensemble des dysfonctions ont été réparties dans un tableau selon une dichotomie réalisée par le harnachement employé. 5 bovins étaient uniquement au joug, 2 uniquement au collier. 1 animal (Moris) a essentiellement travaillé au joug mais depuis plusieurs mois il travaille très peu et plutôt au collier. Il a été comptabilisé dans les animaux travaillant au joug car le travail au collier est plutôt anecdotique. Ce sont donc les dysfonctions de 6 bovins au joug constituant le lot « joug » et de 2 bovins au collier, constituant le lot « collier » qui ont été comparées.

     D’après la biomécanique, la différence majeure entre un harnachement au joug ou au collier intervient au niveau du départ de la mise en tension, depuis le crâne et la jonction atlanto-occipitale pour le joug et depuis la scapulo-thoracique et le garrot pour le collier d’épaule. Différentes zones clés ont donc été définies pour chercher à distinguer d’éventuelles différences dans la répartition des dysfonctions : les dysfonctions crâniennes et des cervicales hautes (jusqu’à C3), et les dysfonctions de la zone du garrot (T1 à T6) et du haut du membre thoracique (de la scapulo-thoracique à la scapulo-humérale). (cf. tableau I)

Tableau I : moyennes des dysfonctions ostéopathiques selon leurs localisations dans les lots « joug » et « collier »

tableau fury

     Pour comparer les moyennes des deux lots indépendants à faible effectif, un test de Student avec une marge d’erreur de 5 % a été réalisé pour chaque zone (cf. Annexes). Il en ressort que les moyennes ne sont pas statistiquement différentes entre les deux lots pour toutes les zones étudiées.

Discussion

     La répartition des dysfonctions n’est pas statistiquement différente entre les deux lots.
     Ceci peut s’expliquer par différentes hypothèses :

  •  le nombre insuffisant des animaux testés (il y a assez peu de bovins au travail en France)
  • une non homogénéité du nombre d’animaux par lot (pour rappel, en France, une très grosse majorité des bovins de travail est au joug)
  •  il n’y a pas de différences notables au niveau ostéopathique entre des bovins travaillant au joug ou au collier
  • les animaux travaillaient soit en paire soit en solo et ceci peut avoir des répercussions ostéopathiques individuelles
  • un défaut de diagnostic de la part de l’opératrice
  • les animaux étudiés ne travaillaient pas tous beaucoup et régulièrement, sauf la paire de boeufs béarnais qui avaient un travail de formation régulier et les animaux du lot « collier ». Les dysfonctions observées n’étaient peut-être tout simplement pas  imputables au travail mais à d’autres évènements de leur vie, comme la césarienne de Fleur. Les animaux du lot « collier » étaient régulièrement montés, ce qui peut entrainer une organisation différente du schéma corporel.

     De plus, il manque dans cette étude une population de référence qui pourrait être constituée d’animaux de différents types de production ne travaillant pas. Il serait alors possible de calculer la prévalence de telle ou telle dysfonction selon le lot « joug » ou « collier » par rapport à une population de référence

     Après discussions avec les différents bouviers, il ressort que les animaux travaillant au joug nécessitent un certain nombre d’heures de travail pour apprendre à bien se placer correctement et éviter de se blesser. Le choix des animaux du lot « joug » devraient idéalement tous avoir passé ce cap de l’apprentissage pour être plus représentatifs des dysfonctions observables dans ce lot.

     Il était tout de même intéressant de noter que concernant la paire de boeufs béarnais, la différence de gabarit avait pour conséquence un défaut de positionnement de la tête pour les deux animaux et ces derniers partageaient un certain nombre de dysfonctions, un schéma global similaire, plus marqué pour le plus petit des deux. Chez Chouan, c’est la L3 et non L2 qui est ressortie de l’examen ostéopathique. Les sensibilités propres à chacun font ressortir les dysfonctions à des zones d’éventuelles fragilités antérieures à la fixation. A la différence de Martin (béarnais), Chouan présentait une dysfonction sur le foie.

     Certains des animaux étudiés étaient en surpoids et l’un deux avait présenté une fourbure quelques mois auparavant. Même si ces bovins ne sont pas destinés à la production, il ne faut pas oublier l’importance de l’adéquation de la ration alimentaire avec les besoins énergétiques de l’animal et sa qualité nutritionnelle.

 

     Les races sélectionnées aujourd’hui le sont pour une production de viande ou de lait. On ne trouve plus de race sélectionnée de nos jours avec un objectif de traction animale. Une bonne adéquation entre la morphologie de l’animal et le travail demandé serait sans doute un atout pour que le corps de l’animal soit le moins impacté. En effet, les races à viande ont évolué vers des masses musculaires impressionnantes mais les os et les tendons n’ont pas suivi et ces animaux seraient sujets à des claquages très rapidement. Les races laitières sont très grandes et plus forcément adaptées au travail. [19]

     En résumé, les consultations ostéopathiques de cette étude n’aboutissent pas à une différence notable entre les deux lots étudiés. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce résultat : un nombre trop restreint d’animaux et l’impossibilité de réaliser des lots homogènes en nombre ; des animaux qui ne travaillent pas régulièrement en traction ; la possibilité que le travail de traction peut aboutir à des répercutions ostéopathiques non spécifiques à tel ou tel harnachement mais qui découlent par exemple des contraintes biomécaniques du travail en paire ou en solo.

Conclusion

     La présente étude n’a pas permis de faire une distinction du point de vue ostéopathique entre le travail de traction de bovins au joug ou au collier d’épaule.

     Mais elle n’est en aucun cas un projet abouti. Il s’agit plutôt d’un travail qui permet de poser un cadre et des hypothèses à vérifier lors d’éventuels futurs travaux expérimentaux à plus grande échelle. En effet, comme écrit plus haut, le faible nombre d’animaux ne permet pas d’en faire une étude statistique suffisante.

     Dans un contexte de crise sociale et écologique, ainsi qu’une disponibilité future en énergie fossile incertaine, la traction animale connaît un regain d’intérêt. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière mais plutôt de la fusion de savoirs du passé avec les nouvelles connaissances sur le fonctionnement de l’animal, notamment par l’ostéopathie, et la création d’outils nouveaux, plus légers, plus efficaces. L’utilisation de l’animal est parfois remise en cause, par le véganisme par exemple. Pourtant, la traction animale offre de nombreux avantages, tant pour les sols que pour l’agriculteur-trice [25], et bien formé-e-s, ces animaux et leurs bouvier-è-s pourraient apporter des solutions d’avenir. Pour ce faire, il est incontournable de connaître et de comprendre le fonctionnement et les conséquences du travail de traction sur les animaux. L’ostéopathie peut être un des leviers pour prendre soin de l’animal au travail tout comme elle l’est déjà pour les animaux de sport.

Bibliographie

[1] HAVARD M., LHOSTE P, VALL E., 2010, La diversité et le choix de l’animal de trait, La Traction animale, Quae, Versailles, 224 p, p 35

[2] HELMER D., BLAISE E., GOURICHON L., SANA SEGUI M., 2018, Using cattle for traction and transport during the Neolithic period. Contribution of the study of the first and second phalanxes, Bulletin de la Société préhistorique française, tome 115 (1), p 71-98

[3] SIGAUT F., WASSERMAN H., 1993, Le joug de cornes : une exception européenne, Jougs, contre jougs : cent jougs de provinces de France, Ecomusée de Savigny-le-Temple, 38 p, p 2, 5, 7

[4] MAZOYER M., ROUDART L., 1997, Histoire des agricultures du Monde. Du néolithique à la crise contemporaine. Le Seuil, Paris, 528 p[5] HAVARD M., LHOSTE P, VALL E., 2010, la traction animale dans le monde, La Traction animale, Quae, Versailles, 224 p, p 11, 13, 16

[6] ABOUBACAR A., Centre International Japonais de Recherche en Sciences Agricoles (JIRCAS), Etude de Développement des Oasis Sahéliennes en République du Niger (EDOS), support de formation sur les systèmes d’exhaure (pompe, motopompe, traction animale), 20 p, p 3

[7] COTI G., 22 janvier 2015, Compte-rendu des Actes du Colloque sur la traction animale bovine du 10 décembre 2014, Montmorillon, sur le blog « Attelages bovins d’aujourd’hui » de NIOULOU M. : http://attelagesbovinsdaujourdhui.unblog.fr/2015/01/22/actes-du-colloque-sur-la-traction-animale-bovine-du-10-decembre-2014-montmorillon-86-rediges-par-gerard-coti/

[8] Association Prommata, 17 juin 2015, Traction Animale Moderne et Développement durable,
https://assoprommata.org/spip.php?article230

[9] SIGAUT F., WASSERMAN H., 1993, Le joug en France (XVIIe –XXe siècle), Jougs, contre jougs : cent jougs de provinces de France, Ecomusée de Savigny-le-Temple, 38 p, p 8, 12, 13

[10] MERCIER E., consulté le 17 août 2022, dessin d’un joug de nuque, archives Larousse https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Joug/1001279

[11] STARKEY P., 1994, Les systèmes d’attelage courants, Systèmes d’attelage et matériels à traction animale, 278 p, p 34, 35, 36

[12] ROUANET L. 6 mai 2013, Géométrie des jougs occitans, sur le blog « Attelages bovins d’aujourd’hui » de NIOULOU M., http://attelagesbovinsdaujourdhui.unblog.fr/2013/05/06/geometrie-des-jougs-occitans-par-lionel-rouanet/

[13] MICUTA W., 1985, The Swiss collar : a harness for developing countries. Agriculture International, 37(4), p 130-135

[14] CHANCRIN E., DUMONT R. et coll., 1921, Larousse Agricole, Encyclopédie illustrée, 1ère édition, 832 p, p 44 et 45

[15] STARKEY P., Harnessing for cattle and buffaloes : options and research, in HOFFMANN, D., NARI, J., PETHERAM. R.J., 1989, Draught animals in rural development: proceedings of an international research symposium, Cipanas, Indonesia, ACIAR Proceedings n°. 27, 347 p, 286

[16] STARKEY P., 1994, Les systèmes d’attelage moins courants, Systèmes d’attelage et matériels à traction animale, 278 p, p 62, 67, 69

[17] KUHLMANN P., 2022, Débourrer et dresser, Manuel d’attelage bovin, 2ème édition, 223 p, p 166, 185

[18] HAVARD M., LHOSTE P., VALL E., 2010, La diversité et le choix de l’animale de trait, La Traction animale, Quae, Versailles, 224 p, p 46

[19] KUHLMANN P., 2022, Choisir son animal de travail, Manuel d’attelage bovin, 2ème édition, 223 p, p 31 et 33

[20] LE THIEC G., 1996, Agriculture africaine et traction animale, Montpellier, CIRAD, 375 p

[21] NIOULOU M., 01 octobre 2018, Fauchage chez Maryse et Michel Berne avec une paire de bovins, Bourg-Argental (42) sur le blog « Attelages bovins d’aujourd’hui » de NIOULOU M.
http://attelagesbovinsdaujourdhui.unblog.fr/2018/10/01/fauchage-chez-maryse-et-michel-berne-avec-une-paire-de-bovins-bourg-argental-42/

[22] DENOIX J.-M., PAILLOUX J.-P., 1997, Approche de la kinésithérapie du cheval, Maloine, 291 p

[23] KUHLMANN P., 2022, Les méthodes de harnachement pour les bovins, Manuel d’attelage bovin, 2ème édition, 223 p, p 191

[24] COLOMBO J.-C., 2012-2017, IMAOV, Présentation générale et principes fondamentaux, Ostéopathie vétérinaire, Enseignement fondamental en ostéopathie, module 1, 44 p, p 40

[25] Association Prommata, 19 août 2014, Avantages de la traction animale pour l’agriculture paysanne, https://assoprommata.org/spip.php?article73

 Listes

Figures

Figure n° 1: Une des représentations les plus anciennes d’attelage au                          joug en France : attelage de bovidés tirant un araire,                               guidé par un cultivateur, âge du Bronze ancien, gravures                           rupestres du Mont-Bégo (Saint-Dalmas-de-Tende, Alpes                             Maritimes, 1900 av. J-C) [3]
Figure n° 2 : Graphique comparant les utilisations des différentes                                 formes d’énergie, dans les pays en développement et dans                         les pays développés [5]
Figure n° 3 : Illustration d’un joug de tête reposant sur la nuque [10]
Figure n° 4 : Illustration d’un joug occitan vu de face [12]
Figure n° 5 : Illustration de la capière droite d’un joug vu de dessous et                       de derrière montrant la zone d’appui sur la nuque [12]
Figure n° 6 : Illustration de la capière droite d’un joug vu de face                                 montrant la zone d’appui des cornes et les zones où elles                           ne doivent pas porter [12]
Figure n° 7 : Illustration d’un joug vu de dessus montrant le galbe dans                       le plan frontal [12]
Figure n° 8 : Illustration d’une paire de bovins attelés au joug vu de                             dessus montrant le galbe dans le plan frontal et montrant                           la projection des trajectoires de chaque animal [12]
Figure n° 9 : joug vu de face montrant le galbe dans le plan transversal,                       la courbure étant exagérée ici [12]
Figure n° 10 : Illustration du collier de Berne en place sur un bovin [16]
Figure n° 11 : Illustrations du collier simplifié, seul et en place sur un                            bovin [16]
Figure n° 12 : Schéma des différentes forces en traction animale et de                            l’angle de traction [20]
Figure n° 13 : Illustration montrant l’impact de l’angle de traction sur                          les forces s’appliquant à l’animal [20]
Figure n° 14 : Photographie montrant une contrainte de la position de                           la tête, ici en rotation droite, imposée par le joug lors                                d’un travail en dénivelé [21]
Figure n° 15 : Schéma de la mise en tension de l’animal dans le cas                              d’un travail au joug (dessin personnel inspiré en partie de                        [22])
Figure n° 16 : Schéma de la mise en tension de l’animal dans le cas                              d’un travail au collier d’épaule (dessin personnel inspiré                          en partie de [22])
Figure n° 17 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Martin                              (béarnais)
Figure n° 18 : Photographie de Martin (béarnais)
Figure n° 19 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Chouan
Figure n° 20 : Photographie de Chouan
Figure n° 21 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Martin                               (bordelais)
Figure n° 22 : Photographie de Martin (bordelais)
Figure n° 23 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Moris
Figure n° 24 : Photographies de Moris et de l’orientation de ses cornes
Figure n° 25 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Fleur
Figure n° 26 : Photographie de Fleur
Figure n° 27 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Plume
Figure n° 28 : Photographie de Plume
Figure n° 29 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Grive
Figure n° 30 : Photographie de Grive équipée de son harnachement                              complet et d’un gros plan sur l’orientation de ses cornes                            vers le front
Figure n° 31 : Schéma des dysfonctions diagnostiquées chez Fury
Figure n° 32 : Photographie de Fury

Tableau

Tableau I : moyennes des dysfonctions ostéopathiques selon leurs localisations dans les lots « joug » et « collier »
Abréviations
    FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations,               l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture         en français
    MRP : Mouvement Respiratoire Primaire
    C1, C2, … : cervicale 1, cervicale 2, …
    T1, T2, … : thoracique 1, thoracique 1, …
    L1, L2, … : lombaire 1, lombaire 2, …
    Cd1 : caudale 1
    FRSD ou G : vertèbre en flexion rotation sidebending droite ou                 gauche, les facettes articulaires sont engagées
    ERSD ou G : vertèbre en extension rotation sidebending droite ou             gauche, les facettes articulaires sont engagées
    Côlon desc. : côlon descendant
    SSB : Symphyse sphéno-basillaire

Annexes

  Test de Student : test statistique permettant de comparer les moyennes d’un échantillon par rapport à une valeur de référence ou, comme ici, entre deux échantillons, pour établir si les moyennes sont statistiquement différentes ou non. Ce test offre la possibilité de traiter avec de petits effectifs :

 test student

 

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