
Contrairement aux chevaux et leurs harnachements complexes et couteux, le matériel d’attelage des bovins est beaucoup plus simple et limité.
Dans la région du Charollais Brionnais il se compose:
- d’un joug
- de deux anneaux d’attelage appelés « cordets »
- d’un lien en cuir (ou en bois torsadé sur lui même) qui relie les cordets au joug. Ce lien est nommé « tsordzeure » en charollais (chargeouère en bourbonnais) on peut le traduire par: « qui prend la charge »
- de liens longs qui solidarisent la tête des animaux au joug.
Les jougs:
On trouve en Charollais Brionnais deux types de jougs:
Le joug découpé aux formes élégantes, esthétiques et travaillées
Les têtières comportent sur le dessus des passages de liens avec un rebord qui évite les ripages de liens éventuels.
Les passages de cornes à l’avant sont entaillés à la forme des cornes.
Des motifs de décoration ainsi que les initiales ou le nom du jougtier sont marqués au fer rouge à l’avant.
Les jougs sont la plupart du temps peints en bleu comme les chars ou les tombereaux.
Au centre on trouve deux ou trois trous pour le positionnement et le réglage de la tsordzeure.







le joug droit est rudimentaire dans sa taille qui s’inscrit dans une section triangulaire. La forme se retrouve dans le morvan.
La face avant est parfaitement droite, il n’y a pas de logement entaillé pour les cornes. Les têtières n’ont pas de rebords pour retenir les liens à l’arrière.
On trouve en général qu’un seul trou de tsordzeure.


Les jougs découpés sont les plus fréquemment rencontrés. On retrouve la même forme dans le Haut Beaujolais.
La plupart des jougs observés sont en hêtre ou en frêne. Nous en avons un en cormier. Les jougs en hêtre sont les plus légers.
Ils étaient fabriqués par les charrons ou les sabotiers comme François Lamborot au vieux bourg de Dyo.
A Charolles la maison Michel / Clément fabriquait des jougs droits et découpés ainsi que tous les articles de boiselerie. Des jougs d’une forme différente étaient envoyés dans la loire.
On y trouvait aussi tout le nécessaire pour l’attelage bovin (liens, cordets, cordes)

Les cordets:
Les cordets les plus simples à se procurer sont ceux fabriqués par soi-même avec, le plus souvent, des pousses de Chêne de trois ou quatre centimètres à la base torsadées sur elles- même et enroulées en anneau.
Ils peuvent servir sans se rompre quelques mois suivant l’intensité d’utilisation.

cordets en bois torsadé anciens (Colombier en Brionnais)
Les cordets en cuir torsadé (comme pour ceux en bois) ont une durée de vie bien plus longue. Bien entretenus ils peuvent servir plusieurs années. Ceux fabriqués en nerfs de boeuf ont encore plus de résistance. Ils sont parfois recouverts d’une gaine de cuir cousue.

Pour réaliser un cordet à quatre tours (comme tous les anciens que nous avons rencontrés) il faut environ cinq mètres de lanière de cinq centimètres de large.

cordets anciens en cuir (Colombier en Brionnais)

noeud d’arrêt d’un cordet cuir ancien (Colombier en Brionnais)
Certaines régions utilisent des anneaux en fer forgé. Mais le système en cuir permet d’absorber les chocs transmis par le timon au joug amenant ainsi un confort appréciable pour les animaux.
La tsordzeure:
La tsordzeure peut être en cuir; elle ressemble alors à une grosse ceinture , ou en bois torsadé comme pour les cordets.

tsordzeure ancienne en bois torsadé sur son joug droit d’origine (Colombier en Brionnais)

tsordzeure neuve en cuir avec ses deux cordets utilisée à la Garaudaine

timon, cordets, tsordzeure en situation
Les deux ou trois trous du joug où passent la tsordzeure sont un moyen de réglage lorsque l’un des deux animaux a tendance à être plus dynamique que l’autre.
Ainsi, on fait passer la tsordzeure dans le trou du côté de la bête la plus vive afin de la charger pour la freiner par la charge. De cette manière, les deux animaux progressent parallèlement.
Les liens:
En Charollais Brionnais on les appelle « layoures ».
La plupart des régions utilisent des liens uniquement en cuir (Auvergne) ou en cordes (Ain). En Charollais Brionnais, les liens sont mixtes, cuir et corde de chanvre.
Chaque partie fait deux mètres cinquante à trois mètres soit cinq à six mètres de liens.
Leur largeur varie entre deux et trois centimètres pour le cuir et généralement une section de dix à douze millimètres pour les cordes.

Le raccord entre le cuir et la corde est simple. Le cuir est entaillé d’une fente de trois centimètres arrêtée à l’emporte pièce de chaque côté. La corde est bouclée à un bout. Le cuir est passé à travers la boucle et le brin de la corde passé à l’intérieur de la fente.

raccord entre cuir et corde
L’accrochage est fait à l’arrière du joug sur un point d’ancrage(une vis en générale) autour de duquel est inséré le lien cuir fendu de la même manière qu’au raccord cuir / corde.
Parfois le lien est cloué à la place de la vis à l’arrière.

Le lien cuir sort à l’avant du joug au niveau inférieur des passages de cornes intérieures par une fine mortaise.

têtière vue de l’avant, on distingue à droite la sortie du lien au passage de cornes intérieures
Au liage, on place sur le front des animaux et sous les liens un coussin appelé en Charollais Brionnais « pieumet ». Il est fait en paille de seigle, en paille de bois (variété de carex) ou simplement en toile de sac de jute rembourrée.



pieumets anciens en laîche état neuf (Saint Christophe en Brionnais)
Pour chasser les mouches des yeux des animaux pendant la saison chaude on dispose des chasses mouches en cuir ou en cordelettes de chanvre ou de lin. On les appelle « vire-moutses » ou « émoutsets ».

Les attelages de la Garaudaine utilisent uniquement du matériel neuf réalisé par nos soins (jougs, liens, cordets cuir, tsordzeure, vire-mouches, pieumets).