Merci à Laurent Avon de nous avoir communiqué ce document de 1904 extrait du « Journal d’Agriculture Pratique » consacré la ferrure des boeufs.
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Toutes photos Joanny Nioulou
Peu de travails à ferrer restent en place en Charollais et en Brionnais, deux régions d’élevage de Saône-et-Loire, où les attelages bovins furent légion.
Celui de la forge Dubuisson, maréchal-ferrant à Saint-Bonnet-de-Joux, trône dans la cour de la forge, au bourg depuis des décennies. Il a servi, voici encore peu d’années, au parage et/ou au ferrage orthopédique de bovins des alentours.
Ce doit être l’un des derniers, sinon le dernier de la région.
Photo de famille Dubuisson (merci à André Dubuisson)
Il reste une pièce unique d’un patrimoine du Charollais-Brionnais, où les attelages de bovins sont restés très majoritaires jusqu’entre les deux guerres et ont perduré jusque dans les années 1960.
Les toutes dernières paires, à Bois-Sainte-Marie (canton de la Clayette), ont travaillé jusqu’au début des années 1980.
Ce travail à ferrer mérite une préservation au vu de sa rareté et de l’importance qu’ont eu les attelages de bovins dans l’histoire de la région.
Voici les plans et des photos de ce travail. (cliquez sur les photos pour les agrandir)
Vous pouvez télécharger les plans papiers pour les imprimer, si vous le souhaitez.
en cliquant ici.
Le travail est couvert et reste donc en bon état. Seules, les sangles de levage ne sont plus présentes en place.
Merci à la famille Dubuisson et à Michel Bouillot pour leur collaboration et leur aide.
Photos issues du site de la commune d’Anost (71)
Le site de la commune d’Anost dans le Morvan en Saône-et-Loire présente le travail à ferrer entièrement reconstruit voici quelques années, qui se trouve sur la place centrale du village.
Un très beau reportage photographique d’Yvon Letrange, d’un ferrage des boeufs Charollais qu’avait Guy Namur jusqu’à il y a encore peu de temps.
Allez voir le diaporama sur le site de la commune d’Anost (en bas de la page) en cliquant ici.
Pour travailler, bœufs et vaches étaient ferrés. Pour les maintenir pendant la pose du fer on utilisait des appareils dits « travails », qui alors étaient nombreux en Morvan. Il en reste aujourd’hui quelques-uns dont peu sont en bon état. Vous en découvrirez dans le village, au centre du bourg, ainsi qu’aux hameaux du Mont et du Creux.
Certains étaient formés de montants de bois portant deux rouleaux munis de sangles grâce auxquelles on soulevait les animaux dont les cornes étaient attachées à une têtière de bois ou de fer. D’autres étaient formés de montants de bois auxquels on accrochait des brancards passés sous le ventre des bêtes qui restaient attelées par paire, le joug étant fixé à l’aide d’une cheville au montant central. C’est surtout ce modèle qui existait dans le sud du Morvan, notamment à Anost. On mettait en général deux fers par patte (ferrement à plat), un seulement à chaque sabot extérieur pour une vache ou un jeune boeuf.
Photo Yvon Letrange issue du site de la commune d’Anost (71)
Voici un article d’Etienne Petitclerc paru dans la revue « Sabots » numéro 38 Septembre/Octobre 2010 (cliquez ici pour voir la revue « Sabots »).
Merci à Etienne de nous avoir communiqué cet article patrimonial des plus enrichissants.
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Quatre bœufs portant des jouguets frontaux tirent un chariot betteravier aux environs de Bernay dans l’Eure. Une rapide enquête bibliographique nous faisait rapprocher ce curieux équipage – pour la région – de la sucrerie-distillerie de Nassandres, à une encablure de là. Une autre photographie et les extraits d’une monographie sur l’établissement nous livrent un nouvel éclairage…
Dans la vallée de Serquigny, le labour profond des terres betteravières exige un attelage puissant. Six bœufs de race Salers sont nécessaires sur la charrue brabant réversible. Le cliché est localisé et l’appartenance à l’exploitation est attestée.
Portons notre attention sur la technique tout à fait particulière d’attelage et de conduite des attelages au jouguet.
François Juston, qui évoqua laconiquement les attelages de Nassandres dans son fameux ouvrage « Quand la corne arrachait tout » (1), justifiait cette pratique par la liberté de mouvement donnée à chaque animal et, de là, la souplesse conférée à l’attelage. Il avançait aussi l’avantage indéniable de pouvoir faire indistinctement tracter matériels et véhicules par des chevaux et des bovins. Si, sur le fond, cette possibilité est recevable elle n’est, ici, pas de mise. Les exploitations dépendant de la sucrerie n’utilisent que des bœufs à l’exclusion de toute attelée chevaline.
L’information est révélée par une petite monographie consacrée par Louis Duval à cette exploitation en 1900 (2). La lecture de ce texte, concis et richement illustré, contemporain des images ici présentées, s’avère d’emblée d’un rare intérêt.
645 hectares !
La culture qui dépend directement de la sucrerie comprend six fermes : Chrétienville, Les Rufflets, Bigards, Feuguerolles, Beauficel, Beaumontel. Relativement proches les unes des autres et à une distance moyenne de 4 kilomètres de la sucrerie (8 kilomètres au maximum), elles présentent toutes le caractère des fermes de Normandie.
L’usine se situe dans la vallée de la Risle mais les cultures s’étendent sur le plateau du Neubourg, compris entre les vallées de la Risle, de l’Eure et de la Seine. On rencontre là des terres d’une grande fertilité propres à la pratique d’une culture intensive. L’exploitation agricole totalise 645 hectares dont on tire deux partis. Dans les terres profondes, soit environ 473 hectares, on pratique l’assolement triennal consistant en une rotation de betteraves, de blé, d’avoine ou orge. Les terres peu profondes, converties en herbages permanents plantés de pommiers à cidre, sont consacrées à l’élevage et à l’alimentation d’un troupeau de vaches normandes du Cotentin qui fournissent du lait et du beurre (cette partie de l’activité porte sur 244 animaux : 87 vaches, 70 génisses, 40 génisses pleines et jeunes bœufs, 37 veaux et 10 taureaux).
Les engrais sont largement employés à Nassandres. On met le fumier à la dose de 35.000 à 40.000 kg par hectare pour trois ans ; épandu à la fourche aussitôt que les fumerons ont été disposés dans les champs, on l’enfouit par un labour léger (entre fin août et novembre).
Une large place est également faite aux engrais chimiques. Les betteraves reçoivent l’acide phosphorique sous forme de superphosphates et de phosphates, et l’azote sous forme de nitrate de soude, sulfate d’ammoniaque, chairs ou sang desséchés.
Tous ces engrais sont appliqués pour trois ans en tête de l’assolement, les cultures ultérieures de céréales ne reçoivent pas, sauf exception, d’engrais nouveau.
Pour la mise en valeur de toutes ces terres, on recourt à un matériel agricole considérable et très complet. Les labours se donnent au moyen de brabants dont les dimensions varient suivant le travail, depuis les grosses charrues pour les défoncements à 0m40 ou 0m50 jusqu’aux bi-socs qui servent au déchaumage.
Des herses en fer dites couleuvres « Bajac », des herses « Howard » en zigzag, des écroûteuses-émotteuses complètent le travail des charrues, suivent le passage de l’extirpateur ou du scarificateur aussitôt après l’enlèvement des céréales.
Toutes les cultures sont semées en ligne avec des semoirs « Zimmermann ».
La récolte des céréales se fait avec des machines choisies. Les moissonneuses « Adriance » ou « Massey-Harris » sont ainsi préférées aux « Hornsby » et « Wood », robustes mais lourdes à traîner. Ces machines abattent journellement jusqu’à 4 hectares de sorte que la moisson dure environ quinze jours, pourvu que les circonstances atmosphériques s’y prêtent.
Les gerbes relevées sont mises en moyettes, à raison de trois hommes pour une machine. A dessiccation complète, on engrange une partie et on bat l’autre, dès sa rentrée des champs, pour obtenir la quantité nécessaire à la semence de l’exploitation et la vente extérieure. Le restant de la récolte est battu entre mi janvier et février/mars sous des hangars qui servent aussi au stockage de la paille.
Le battage se fait avec une machine à grand travail de construction anglaise « Clayton-Shuttlevorth » assortie d’un lieur et un compteur de gerbes. La batteuse est entraînée par une locomotive routière également de construction anglaise « Burrell and Sons » qui la remorque de ferme en ferme.
L’arrachage des betteraves commence à la mi-septembre. Il se fait aussi mécaniquement avec les appareils « Candelier » à un rang. Dans chaque pièce de terre, le débardage est réalisé au moyen de wagonnets et de voies Decauville.
Les transports s’effectuent dans de grands chariots assez semblables à ceux de Picardie. Huit proviennent de la maison Thiberge, à Courbevoie. Pouvant recevoir jusqu’à 10.000 kg, ils sont tractés, par train de trois ou quatre, des champs jusqu’à la sucrerie par une seconde locomotive routière.
Tous les autres (combien y en a-t-il ?) sont construits à l’atelier de charronnerie de la sucrerie qui effectue également toutes les réparations de même que la forge entretient tous les instruments aratoires et la mécanique de l’exploitation. Il est fait mention dans une autre étude plus tardive de l’existence d’un atelier de bourrellerie mais il existe probablement déjà en 1900.
L’exploitation compte 120 à 140 bœufs de trait (il y en eu jusqu’à 150), exclusivement Nivernais et Salers. On en attelle 2 à 6 selon les labours, généralement 4 sur les chariots, 2 ou 3 de front à la moissonneuse-lieuse, 2 en file à l’arracheur de betteraves, un seul pour le binage. L’emploi du jouguet prend alors un nouveau sens, il permet de composer toutes sortes d’attelages y compris en nombre impair, de varier les « combinaisons ».
Répartis dans chaque ferme, les bœufs travaillent deux ans environ puis sont mis à l’engrais et vendus à la boucherie. Leur ration journalière se compose de pulpe (50 à 60 kg.), de menue paille (3 kg.), de sel (jusqu’à 250 gr.), de tourteau d’arachides et de colza (jusqu’à 750 gr.), d’avoine concassée (500 gr.). Pour les animaux à l’engrais cette ration est augmentée de maïs, de farine d’orge et on substitue le tourteau de lin à celui d’arachide.
Le cheptel de l’exploitation comprend aussi (depuis 1898) 400 brebis mères de race Berrichonne, un nombre assez variable de moutons à l’engrais achetés en Beauce et 8 béliers Southdown.
La porcherie de la ferme de Feuguerolles entretient 16 truies et 3 verrats de race Yorkshire provenant directement d’Angleterre. Environ 80 porcelets passent à la ferme de Bigards le temps de leur croissance, une cinquantaine est ensuite mise à l’engrais de la ferme de Chrétienville où ils reçoivent du petit lait et de la farine d’orge et de maïs.
A Chrétienville encore se trouve la vacherie. Le lait est écrémé matin et soir dans une turbine centrifuge qui traite 450 litres à l’heure. Une machine à vapeur verticale de 6 chevaux donne le mouvement à toute l’installation qui comprend, outre l’écrémeuse, une baratte et un malaxeur. Le beurre est fait tous les deux jours de façon à laisser à la crème le temps de mûrir avant d’être soumise au barattage. Il est conservé en glacières et en caves. Les bas produits de la laiterie servent à l’alimentation des jeunes veaux et des porcs ; avant de leur être distribué, le petit-lait est pasteurisé dans un appareil spécial chauffé à la vapeur.
Il faut enfin mentionner l’élève des volailles qui a principalement lieu à la ferme des Rufflets où a été construit un poulailler modèle. Deux couveuses artificielles fonctionnent sans interruption pendant la saison ; la basse-cour comprend des poules races Crève-Coeur, Faverolles et Houdan, des canards de race de Duclair, des dindons et des pintades.
Il est procédé chaque semaine à la ferme de Chrétienville, à l’abattage de quelques moutons et porcs ; la viande débitée est fournie au personnel.
Comme on l’a vu plus haut, la culture (située sur le plateau) est séparée de l’usine (dans la vallée) par une côte longue et difficile. Pour économiser les attelages – en nombre, en usure et pour gagner du temps – on a installé un véritable chemin de fer funiculaire de 300 mètres. Aux deux extrémités d’un câble se trouvent deux « wagons » ou « trucs », l’un monte tandis que l’autre descend en entraînant le premier grâce à la différence de poids obtenue en remplissant d’eau une réserve. Une pompe centrifuge mue électriquement refoule dans des réservoirs l’eau nécessaire au fonctionnement de l’appareil.
Une autre amélioration d’importance a consisté à installer un système de débardage mécanique des betteraves qui arrivent par wagons depuis l’embranchement qui relie l’usine à la ligne de chemin de fer (l’usine possède ses propres trains). La Compagnie de Fives-Lille a exécuté en 1896, sur mesure, un basculeur sur vérins qui résout le problème du déchargement rapide des wagons, quelles que soient leurs formes ou leurs dimensions. Amenés sur l’appareil, calés, puis basculés sous un angle de 35°, ils sont vidés dans une trémie. Au-dessous, des wagonnets reçoivent les betteraves. Par un plan incliné sur lequel ils sont entraînés par un câble sans fin ils s’élèvent jusqu’à des passerelles établies sous des hangars qui abritent les transporteurs hydrauliques sur lesquels on forme les silos. Les wagonnets abandonnent automatiquement le câble au sommet du plan incliné, continuent à rouler grâce à une légère pente jusqu’à l’endroit voulu où un ouvrier les bascule avant de les renvoyer vers leur point de départ.
Les silos peuvent contenir jusqu’à 12.000 tonnes de betteraves qui s’y conservent dans d’excellentes conditions. L’année du rapport, on doit procéder à l’installation d’un basculeur identique destiné au déchargement des chariots.
Laissons à Louis Duval le soin de conclure :
« Tel est dans son ensemble l’exploitation de Nassandres qui comprend trois parties bien distinctes : culture, sucrerie, raffinerie, mais si intimement liées qu’elles se complètent l’une par l’autre et sont entre elles dans une étroite dépendance. Soumises à une même autorité, toujours le même esprit de suite et de méthode a présidé à toutes les entreprises, en cherchant à concilier les intérêts de la culture et les exigences d’une bonne fabrication. Grâce à un réseau téléphonique qui relie toutes les fermes entre elles et à la Sucrerie – qui est comme le centre de l’exploitation – la surveillance devient à la fois plus active et plus étroite, et l’expression d’une même volonté peut se manifester très vite et très facilement là où il est besoin de donner les instructions nécessaires d’après les informations reçues.
Enfin, si les découvertes de la science entraînent chaque jour des perfectionnements et des transformations dans l’industrie sucrière où nous sommes dans le domaine de la mécanique et de la chimie, il en est de même pour les pratiques agricoles ; le lien qui unit la science à la culture devient toujours plus étroit, et, grâce à cette féconde alliance, l’avenir témoignera de plus en plus que le beau et vaste champ d’études, au milieu duquel les agronomes vivent et contemplent les phénomènes si variés de la vie végétale et animale, offre à l’esprit un intérêt toujours nouveau, et à l’âme une de ses plus saines occupations. C’est ce qu’à Nassandres, on s’est efforcé de prouver ».
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(1) JUSTON (F.), Quand la corne arrachait tout, Paris, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, 1994, 199 p.
(2) Il s’agit probablement de Louis Duval (1840-1917), archiviste-paléographe, conservateur des musées et des Archives de la Ville de Niort, archiviste départemental de la Creuse puis de l’Orne. Chercheur émérite, historien prolixe, il demeure une référence bibliographique incontournable pour la Normandie.
Vous pouvez consulter l’article du « Journal du centre » dans la Nièvre qui a consacré un article à notre site en cliquant ici.
Publié le 01 novembre 2013 à 06h00

Attelages de bœufs d’hier et d’aujourd’hui. Les attelages de bœufs et de vaches ont été la force du Morvan pendant des siècles et jusque vers les années 1960-1970, voire 1988 pour le dernier travaillant dans une ferme de la commune d’Anost. Beaucoup d’anciens du pays se souviennent d’avoir travaillé de cette façon avant l’apparition des tracteurs et du matériel agricole.
Un blog vient d’être créé par un passionné d’attelages de bovins, Michel Nioulou. Il réunit des dizaines d’informations sur les attelages qui travaillent aujourd’hui ou animent les fêtes de travaux agricoles partout en France. On peut également y voir des documents anciens, photos, films, etc.
Philippe Berte-Langereau (Saint-André-en-Morvan) y présente également les films qu’ils a réalisés en 1977-1978 chez les tout derniers Morvandiaux à utiliser leurs bœufs pour des travaux quotidiens. Ainsi, on peut voir la fabrication d’un joug en hêtre dans l’atelier de Raymond Garnier à Varin (Anost). Un hersage avec M. Hannoyer et ses deux vaches à Joux (Anost), ou encore le liage des deux énormes bœufs de Pierre Billon, à Corcelles. On y découvre également Armand Tazare, le tout dernier à avoir eu des bœufs dans sa petite ferme des Pignots à Corcelles : on le voit menant ses bêtes alors que son oncle laboure avec l’ancienne charrue à rouelles pour la plantation des « tôpines ».
On peut également trouver les livres disponibles sur ces sujets ainsi que des films qui ont été réalisés dans d’autres régions de France. C’est une mine étonnante pour ceux qui s’intéressent aux travaux agricoles selon les techniques anciennes.
Le site « Collection agricole » présente une belle collection de jougs du Massif Central. Allez voir le site en cliquant ici. Descendez en bas de la page pour découvrir les photos.
Article paru dans le numéro 54 de la revue « Sabots », aimablement communiqué par l’auteur, Etienne Petitclerc. Merci à Etienne pour sa collaboration au site.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
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Mes yeux se sont posés sur vos jougs…
Le regain d’intérêt pour la traction bovine, dont témoigne le « coin des bouviers » de la revue « Sabots », ne peut que réjouir l’Amateur de traction animale. Combien de fois n’a-t-on pas laissé entendre que l’attelage bovin appartenait définitivement au passé, au folklore ?
Qu’il me soit permis d’apporter une modeste contribution à la découverte des bœufs au travail par cet aperçu des modes d’attelage français. Qu’il me soit déjà pardonné de ne pas livrer davantage de considérations techniques mais je préfère laisser à des plumes plus expertes le soin de commenter l’opportunité de tel matériel, les inconvénients de tel autre, comme je renvoie aussi à des communications ultérieures, les commentaires plus ou moins anciens d’utilisateurs reconnus, de vétérinaires, d’ethnographes qui, pour documenter un tel sujet, ont su se faire historiens, géographes, linguistes…
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Le joug double de nuque est la technique d’attelage bovin de loin la plus répandue en France. Il assure les fonctions de soutien, d’équilibre, de direction, de traction et de reculement. Selon les régions, la morphologie des animaux attelés, le travail demandé et les traditions locales, il revêt diverses formes et différentes tailles qui, comme les harnais des chevaux, permettent souvent d’identifier des jougs isolés, devenus anonymes. Monoxyle, ce type de joug est façonné en chêne (peu utilisé car trop lourd), en hêtre, en noyer, en aulne, en frêne, en bouleau, en tilleul…
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Les circonstances nécessitant d’augmenter les attelages sont nombreuses : les déplacements de lourdes charges (blocs de pierre, grumes par exemple), les labours difficiles, les grands véhicules agricoles (chariots et tombereaux betteraviers notamment), les pentes à gravir, les sols meubles. Le problème de la transmission de la force d’un attelage à l’autre ou la transmission simultanée de la force des attelages à la voiture ou à la charrue a connu différentes réponses qu’il est toujours passionnant d’analyser. Ici, une superbe attelée dans entre Valois et Multien (vers 1950).
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Quatre bœufs à la moissonneuse-lieuse en pays Toulousain dans les années 1950. Les bœufs de devant sont menés à l’aide d’un cordeau dont une extrémité est nouée à l’oreille droite du bœuf de droite et l’autre à l’oreille gauche du bœuf de gauche. La paire arrière est classiquement conduite (« touchée ») à l’aiguillon. La tradition de mener des bœufs avec ce système de cordeau (parfois attachée aux oreilles intérieures à l’attelage) se retrouve du Lot-et-Garonne aux Pyrénées.
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Système régulièrement condamné pour sa trop grande rigidité, le joug double de tête (ou de nuque ou de corne) suppose pour une utilité optimale des animaux de gabarit, d’allure et de force identiques. De nombreux brevets d’invention ont été déposés entre 1880 et les années1950 : jougs articulés (permettant de compenser la différence de taille entre les animaux enjougués), jougs coulissants (pour varier l’écartement entre les animaux selon les travaux) ou encore jougs à tirage modulable (pour déporter la traction vers l’animal le plus puissant)…
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Bien lier les bœufs ne s’improvise pas ; force et adresse se combinent dans cet auguste geste. Cette publicité de 1907 vante un système d’attelage et dételage rapide composé de courroies courtes munies de boucles et d’un levier de blocage. Il est intéressant de constater le faible écho de la quasi-totalité de ces innovations. Les causes avancées sont multiples, mais aucune suffit à expliquer complètement ce désintérêt : systèmes finalement peu convaincants voire inadaptés, ignorance de leur existence, cherté, mentalités coutumières voire réfractaires au changement…
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L’attelage bovin, aujourd’hui essentiellement admis comme un attelage en paire, s’est également autrefois pratiqué « en simple ». Le joug à une tête, le jouguet, connaît aussi plusieurs déclinaisons sensiblement différentes selon qu’il s’est agi d’utiliser un véhicule ou de travailler le sol. Dans la région bordelaise (en Médoc notamment), le bœuf est attelé à un jouguet dont les extrémités sont pourvues d’anneaux métalliques dans lesquels sont chevillées les mancelles de brancard d’une charrette. Ce type de jouguet assure les mêmes fonctions que le joug double auquel il emprunte ses caractéristiques « ergonomiques ». On en rencontre des variantes de l’Ardenne belge aux Alpes suisses.
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Le jouguet vosgien est percé de deux trous dans lesquels passent les brancards du chariot local. Cet attelage est unanimement jugé d’une grande rigidité. Les jouguets offrent cependant l’avantage de pouvoir atteler en cheville (en file) comme ici avec un cheval, parfois devant une paire de bœufs au joug double (vu sur des transports de granit dans les Vosges). Le poids des jouguets est d’environ 6 à 8 kg (12 à 30 kg. pour les jougs doubles d’une envergure variant de 1 à quasiment 2 mètres)
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Si le joug de tête est prépondérant en France, dans une partie de l’Espagne et du Portugal, le joug de garrot domine dans le monde (il avantage les bovins à encolure longue et à garrot saillant, surtout buffles et zébus). Les jouguets de garrot sont très répandus de l’Asie à l’Europe du Sud (attelage Napolitain) mais ils ne trouvent d’équivalent en France que dans Manche aux environs de Coutaninville, Blainville, Créances (ici « une noce en Basse Normandie. La belle mère apporte le trousseau de la mariée » par Joseph Louis Hyppolite Bellange en 1834).
Ce type de jouguet, parfois appelé « sauterelle », est peut-être hérité des jougs doubles de garrot très anciennement attestés dans plusieurs régions de France. Il n’en a toutefois subsisté de traces, en métropole, que dans le département de la Manche (région de Granville) et en Savoie (Aix-les-Bains).
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Le joug double savoyard est une curiosité sans autre équivalent en France. Il combine, dans un réglage et un équilibre subtils à obtenir, joug de garrot et joug de nuque. Il emprunte au joug d’encolure les fonctions de soutien et de traction, au joug de tête (ou de corne) celles du reculement et de la direction ; malheureusement, trop peu d’images nous le montre d’une façon détaillée.
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Une variante du jouguet de tête : le jouguet de front. Le modèle présenté ici est une production semi-industrielle. Le Larousse agricole (édition 1921) le décrit comme « une lame métallique portant à ses extrémités deux crochets d’attelage assemblés avec une pièce de bois reposant sur le front du bœuf par l’intermédiaire d’un coussin. Le jouguet est maintenu en place par deux courroies embrassant les cornes ». Ce jouguet assure une certaine indépendance d’allure aux animaux, appréciable au labour par exemple.
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Il ne semble pas attaché à une région en particulier, on le connaît en Berry, en Alsace… On l’observe toutefois principalement dans la moitié nord du pays, plutôt rattaché aux grandes exploitations agro-industrielles comme les célèbres établissements Bajac de Liancourt dans l’Oise ou les exploitations betteravières rattachées à la sucrerie-distillerie de Nassandres dans l’Eure.
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L’un des intérêts du jouguet est de pouvoir atteler à un même matériel (charrue, herse, chariot, charrette, etc.) des chevaux et des bœufs indifféremment mais surtout de varier à volonté les effectifs et les dispositions. Sa publicité en fait ainsi « un facteur moderne de productivité ».
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Ce mode d’attelage est particulièrement adapté aux sols plats et tirants (photographie prise dans le Nord). Le véhicule, ni porté ni retenu, doit s’arrêter par la seule interruption de sa traction. Le contrôle des animaux se fait à l’aide d’un cordeau pris sur un surnez en fer demi-rond crénelé ou une chaîne torse parfois gainés de cuir.
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Le collier moderne est apparu tardivement dans l’histoire de la traction animale sans doute initialement associé au cheval. Individualisant la traction, d’une conception morphologiquement aboutie, il est sensé être le plus efficace des harnais de tirage. Relativement onéreux, on l’a souvent vu comme un signe distinctif de richesse. Certaines régions réputées « pauvres » s’en sont pourtant faites les spécialistes : arrière-pays Rochelais, îles de Ré et d’Oléron, Monts Ardennais, Puy-de-Dôme, Ardèche…
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Le collier de bœuf est reconnaissable à son encolure longue et étroite, à la position des tirages, placés plus haut sur les attelles que pour un cheval. Selon l’utilisation, comme avec les jouguets précédemment évoqués, une sellette, un avaloire, des surfaix, divers types de chaînettes de timon complètent le harnachement. L’attelage bovin au collier particulièrement présent de part et d’autre de la frontière belge fait aussi partie des traditions agricoles lorraines et alsaciennes.
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Officiellement autorisée en France en 1872 (mais restée vierge de toute illustration jusqu’en 1889), l’édition de cartes postales connaît un succès fulgurant au début du XXème siècle. Objets de collection dès leur début, les cartes postales, grâce aux progrès de la photographie, représentent aussi bien des paysages que des monuments emblématiques, des événements locaux, des tranches de vie quotidienne plus ou moins théâtralisée (parfois jusqu’à la caricature!). Elles fixent pour la postérité, humains et animaux. Elles contribuent à façonner des identités régionales. Elles sont aujourd’hui la mémoire des rues, des champs et des usines, des marchés d’autrefois. Mais attention ! L’objectif amusé a souvent choisi des modèles atypiques, comme dans cette scène maintes fois reproduite mais qui ne correspond à aucune tradition beauceronne ! Des rachats de fonds entre éditeurs peuvent aussi « brouiller les cartes » en introduisant des légendes erronées.
Article paru dans le numéro 54 de la revue « Sabots » (Cliquez ici pour voir), aimablement communiqué par l’auteur, Etienne Petitclerc. Merci à Etienne pour sa collaboration au site.
Un très bel article sur une race aujourd’hui disparue qui était beaucoup utilisée pour l’attelage en Morvan.
Vous pouvez le consulter sur le blog « Les biodiversitaires » en cliquant ici.
images extraites du blog « Les biodiversitaires »
Voici l’intégralité de l’article :
Sherlock Holmes et la Morvandelle : histoire d’une vache mythique
Publié le 1 septembre 2013 par lesbiodiversitaires
La race bovine Morvandelle reste encore aujourd’hui une énigme pour bon nombre de zootechniciens. Immortalisée dans un célèbre tableau par la peintre Rosa Bonheur, on ne sait pourtant pratiquement rien d’elle. Voici quelques éléments qui soulèvent un coin de ce voile mystérieux…
La race bovine Morvandelle a disparu depuis plus d’un siècle… Comme son nom l’indique, elle est originaire du Morvan. Dans cet univers bovin désormais totalement blanc ou presque, à cause de l’omniprésence de la Charolaise, la Morvandelle tranche singulièrement. Au XIXe siècle, on rencontre la Morvandelle, dans une région à cheval sur l’Yonne, la Nièvre, la Côte d’Or et la Saône-et-Loire (Avallon, Clamecy, Semur et Autun). Au tout début du XXe siècle, alors que la race est sur le point de s’éteindre, on ne la rencontre plus que dans le Haut-Morvan, autour de Quarré-les-Tombes, Semur-en-Auxois, Flavigny-sur-Ozerain et Montbard.
Ce n’est pas une race de grande taille (1,30 à 1,35 m au garrot). Les animaux ont la tête large, le front droit, le chignon proéminent, l’encolure forte, le corps court, le dos droit, la croupe plutôt large. Les membres sont réduits, courts, parfois déviés ; les fesses pointues, les cuisses minces et rapprochées, l’ensemble des formes anguleuses peu gracieuses avec l’épine dorso-lombaire mal soutenue. Le fanon est ample et pendant. Le genou de bœuf très prononcé, l’ossature peu volumineuse. Bref, ce ne sont pas des bovins très bien conformés.
Ce qui les distingue avant tout des Charolais c’est leur robe : celle-ci est pie-rouge ; le rouge se dégradant vers le jaune, mais aussi souvent assez foncé. Le blanc se trouve localisé sur le dos, la croupe ainsi que sous le ventre et à la face interne des membres et rappelle fortement la race autrichienne Pinzgauer de la région de Salzbourg. Cela tranche évidemment avec le blanc du Charolais !
De même, les cornes sont fines et longues, verdâtres, bien plantées sur le crâne.

Boeuf Morvandiau in Moll & Gayot, 1860
Une disparition précoce
Pour parfaire le tout, la Morvandelle est mauvaise laitière et d’engraissement difficile, mais… Mais les bœufs sont réputés pour leur endurance et leur adresse. Courageux, ils semblent l’être à nul autre pareil. On dit même qu’ils sont recherchés et se vendent cher. Certains auteurs du début du XIXe siècle vont jusqu’à dire que ce sont les meilleurs du monde !
Ce qui va causer la perte de notre Morvandelle, ce sont choses très différentes. D’une part, l’émergence de routes dans un pays qui, vers 1830, est encore très mal « pavé ». Le bœuf morvandiau, particulièrement fort à la tâche, peut tirer des charroies sur de mauvais chemins, là où le Salers, le Charolais ou le Limousin sont à la peine. Les chemins et les routes, de plus en plus carrossables, permettent alors d’utiliser des animaux qui sont moins vaillants, mais qui ont un avantage certain. Et c’est cet avantage qui fait la différence avec la race Morvandelle. Alors que celle-ci, nous l’avons dit, s’engraissent très mal, les autres, comme le Charolais, s’engraissent fort bien. Dès lors, après avoir servi comme bête de trait, ces bœufs peuvent être engraissés et vendus à bon prix. Ce qui n’est pas le cas des bœufs morvandiaux. Si bien que la concurrence est rude et tourne à leur désavantage. Dès 1830, les auteurs signalent la diminution des effectifs. Les galvachers, ces habitants du Morvan qui se louent avec leurs bœufs pour les travaux de débardage du bois et du halage, délaissent peu à peu les bœufs locaux pour des races à meilleur rendement en boucherie comme les Charolais ou les Salers.
Dans les années 1870-1880, la race Morvandelle est déjà très rare, au début du XXe siècle elle a quasiment disparu. Elle est alors largement croisée avec la Charolaise et l’on voit ainsi des animaux au pelage pie-café au lait ou pie-rouge clair avec taches blanches aux endroits du pelage primitif de la Morvandelle (parfois encore le fanon épais). C’est donc probablement dans les années 1910 que disparait la Morvandelle, même si certains auteurs font état d’animaux encore présents dans le Haut-Morvan dans les années 1940…
Naissance d’un mythe
Il n’aura pas échappé au lecteur attentif que la disparition de la Morvandelle correspond à l’émergence de la… photographie. Donc de portrait officiel de la race, point. Il existe pourtant un vrai portrait, une peinture exécutée par la peintre naturaliste Rosa bonheur. Il s’agit de Labourage en Nivernais, peint en 1848. On y voit 6 paires de bœufs en deux attelages. Sur les 10 animaux visibles, 7 ou 8 d’entre eux sont des Charolais, au moins 3 ou 4 sont de couleur café au lait et pourrait être des animaux croisés, enfin le bœuf de droite de la troisième paire du premier attelage apparait comme un parfait bœuf de race Morvandelle.

Labourage en Nivernais, Rosa Bonheur, 1848. Le bœuf de race Morvandelle est le troisième enpartant de la droite, au premier plan.
On sait que Rosa Bonheur peignait fidèlement ce qu’elle voyait. La robe est ici trop proche de celle de la Morvandelle pour n’y voir là qu’une coïncidence, d’autant que l’on est dans le Nivernais, non loin du Morvan. On pourrait également arguer du fait que l’animal semble d’une taille identique à celle des Charolais voisins, mais d’une part il y avait sûrement de la variabilité chez ces animaux comme dans toutes les races et, deuxièmement, il est possible que la peintre ait voulu donner à tous les animaux une conformation semblable. Pour l’ensemble des zootechniciens, c’est bien un bœuf de race Morvandelle qui est peint dans ce tableau. L’autre document d’époque, c’est le dessin au train qui figure dans l’ouvrage de Moll et Gayot, publié en 1860 et qui montre un « bœuf du Morvan » (voir ci-dessus). Là encore, la robe de l’animal est identique à celui de Rosa Bonheur et à ce qui est décrit dans la littérature du XIXe siècle. Hormis ces deux documents, rien n’est connu d’un point de vue iconographique.
En 2000, Philippe Berte-Langereau a publié une monographie très complète sur la Movandelle qui est la référence sur cette race. Plus récemment, un article, sous la plume de Jean-Claude Rouard, a été publié dans Bourgogne Nature. Tous deux présentent des photographies du début du XXe siècle censées montrer des animaux morvandiaux plus ou moins purs…
Ainsi la photo la plus connue de l’attelage des bœufs « morvandiaux » avec des galavachers à Voulaines-les-Templiers, Côte d’Or, en 1910, montre très vraisemblablement des animaux de type Tacheté de l’Est ou Montbéliard, mais nullement des Morvandelles.

Les bœufs de Voulaines-les-Templiers. Très certainement des bœufs de type Tachetés de l’Est.
Un animal à demi-caché à Moux-en-Morvan, Nièvre, vers 1908, peut-être un animal plus ou moins de type Morvandelle, mais on ne voit pas la tête.

Animal de Moux.
Aucune des photos illustrant l’article de J.-C. Rouard ne montre d’animaux de type « Morvandelle ». Une photo d’un taureau, prise par Adrien Nadar dit Nadar Jeune lors de l’exposition universelle de Paris en 1855, avait été expertisée comme un taureau de race Morvandelle. Cependant, après réexamen, il est probable qu’il s’agisse d’un animal de race allemande Voigtlander ou plutôt même de la race Dux autrichienne.
A la recherche du Graal
Lors des recherches pour le livre A nos vaches…, un grand nombre de revues et de fonds photographiques ont été consultées. Malheureusement, pas la moindre photo de Morvandelle. Dès lors la question était : existe-t-il une photo de la race bovine Morvandelle ? Nous nous sommes alors tournés vers les cartes postales anciennes, notamment les photos prises dans des foires. Et c’est là que nous avons trouvé ce que nous cherchions…
Une vache photographiée lors d’une foire aux bestiaux vers 1905 à Avallon, Yonne, présente toutes les caractéristiques du pelage de la Morvandelle. Ligne du dos et ventre blancs, pattes colorées et sont parfaitement typiques d’une Morvandelle. Sur la carte postale que nous avons trouvée, on ne voit pas la tête.

La vache d’Avallon en 1905…

Le même animal grossi.
Quelque temps plus tard, nous avons trouvé une nouvelle carte de cette même foire avec ; cette fois-ci la tête visible en grande partie : il y a du blanc sur le chanfrein, le front et le haut du museau. Théoriquement la morvandelle a la tête colorée (rouge), mais on ne sait évidemment ce qu’il en était de la variation individuelle.

Le même animal sous un autre angle. On devine une tête une partie blanche…
Une autre carte postale d’Ouroux-en-Morvan, Nièvre (dans l’aire de répartition de la race), montre un bœuf photographié dans les années 1900, qui présente une bande dorsale blanche, de même qu’une partie du ventre et le fanon. La couleur générale est probablement rouge, y compris la tête. Il s’agit donc probablement d’une Morvandelle, même si, évidemment, on ne peut garantir la pureté.

Les flèches jaunes montrent l’animal. On voit bien la ligne dorsale blanche et la tête entièrement unie.
La carte postale suivante prise également au début du XXe siècle, à Moulins-Engilbert, également en pleine zone « morvandelle », présente une paire de bœufs dont l’animal de droite est entièrement rouge, avec ce qui semble être une étoile blanche au front et du blanc au fanon, et au moins sur le ventre. L’influence « morvandelle » est également probable même si l’animal n’est sans doute pas de race pure (absence de ligne blanche sur le dos).

Bœuf photographié à Moulins-Engilbert (le deuxième à gauche).

Grossissement…
Sur la carte postale suivante, de nouveau à Moux (cf. ci-dessus), l’animal de gauche n’est pas assez gros pour être certain de la répartition des teintes sur l’animal.

Bœuf photographié à Moux en 1924 ; sans doute très (trop ?) tardif pour un animal Morvandiau.
En grossissant, on devine pourtant un animal sombre avec peut-être une ligne blanche sur le dos.

Des animaux assez proches de la Morvandelle ont également été trouvés sur de vieilles photographies.
Ainsi l’animal ci-dessous, qui vient du Morvan, gardé par une vieille Morvandelle, mais la vache semble avoir un peu de blanc à la tête et beaucoup aux membres.

De même cette paire de vaches, photographiée en Bourgogne, est intéressante, mais ni l’une ni l’autre n’ont l’ensemble des critères morvandiaux.

Enfin la carte montrant une foire à Quarré-les-Tombes, Yonne, vers 1907, au cœur même du dernier bastion de la race Morvandelle est peut-être le « Graal » de cette quête.

Les deux animaux de Quarré-les-Tombes
En effet, au centre de la photo, mais un peu au fond, on distingue nettement une vache accompagnée de son veau (visiblement une velle), apparemment de couleur rouge. En grossissant, on peut noter les caractères suivants, repris ici :

1 – les deux animaux ont une ligne blanche sur le dos.
2 – le ventre de la génisse est en partie blanc (non visible sur la vache).
3 – le bas du fanon est blanc chez les deux animaux
4 – la tête de la velle – et sans doute celle de sa mère – est entièrement sombre.
5 – les cornes de la vache sont longues
Certes il pourrait y avoir un peu plus de blanc sur le haut des membres, mais n’oublions pas la variété de robes quasiment permanente chez les races bovines. Il faut également noter sur cette dernière photo d’un animal « sombre » à gauche de la charrette de droite. Cependant, on ne distingue aucune ligne dorsale blanche.
Ainsi, après de longues recherches nous avons une idée de ce pouvait être la Morvandelle et sans doute quelques-unes des clichés présentés ici nous renseignent-ils assez précisément sur cette race disparue et mythique.
Est-ce que tous les animaux étaient du type décrit ? Nous avons trouvé une photo très ancienne d’une vache entièrement sombre (noire ?) devant une chaumière morvandelle, visiblement appartenant à des paysans pauvres.

Moll et Gayot (1860) citent une vache de couleur noire, parfois ardoise ou pie, qui vivait jusqu’au début du XIXe siècle dans le sud de la Côte d’Or. Un rapport possible avec la Morvandelle ?
Par la suite, certaines photos montrent des animaux qui pouvaient avoir du sang « morvandiau » comme les deux clichés ci-dessous :


… mais rien n’est certain.
Il y a peut-être encore des photos de véritables Morvandelles à découvrir. Les années futures nous le diront peut-être. Si vous en connaissez merci de nous le faire savoir. Vous contribuerez alors à résoudre avec nous l’énigme de la vache Morvandelle !
Bibliographie
Berte-Langereau Ph. (2000). La vache morvandelle. Camosine – Les Annales des pays nivernais 101, 36p.
Dechambre P. (1922). Traité de zootechnie – tome III : les bovins. Ch. Amat, Paris, 634pp.
de Lapparent H. (1914). Etude sur es races bovines. Variétés et croisements de l’espèce bovine en France. Extrait du Bull. mens. De l’Office des Renseignements agricoles,136pp.
Diffloth P. (1905). Sur les croisements de la race bovine bretonne Journal d’Agriculture pratique 1905 : 681-682.
Dubois Ph. J. (2011). A nos vaches. Inventaire des races bovines disparues et menaces de France. Delachaux & Niestlé. 448p.
Moll L.& Gayot E. (1860). La connaissance générale du bœuf. Etudes de zootechnie pratique. Frimin Didot, Paris, 600p.
Rouard J-C. (2011). La vache morvandelle : à la recherche d’une race perdue. Rev. Sci. Bourgogne Nature HS 8 : 52-55.
Publié dans Biodiversité domestique