Jougs, contre jougs, le catalogue de l’exposition (1993/1994), Ecomusée de Savigny-le-Temple (77)

11ème rencontre des bouviers

En 1993-1994, l’Ecomusée de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) présentait l’exposition « Jougs, contre Jougs ».Cette exposition était une initiative de l’AFMA (Fédération des Musées d’Agriculture et du Patrimoine Rural), du musée national des Arts et Traditions populaires, avec le CNRS et bien-sûr de l’Ecomusée de Savigny-le-Temple, pour son financement.

« Cent jougs des provinces de France » étaient proposés à la découverte des visiteurs mettant en valeur leurs variations typologiques et les travaux effectués par les bovins ainsi attelés. Les jougs provenaient des collections du musée national des ATP mais aussi de très nombreux musées ruraux à travers la France.

Depuis lors, aucune exposition de cette importance n’a été réalisée. Le musée national des ATP a reçu le legs de la très importante collection de jougs rassemblée par Jacques Leclerc et est devenu, en 2013, le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem). L’Ecomusée de Savigny-le-Temple a été dissout et ses collections en partie conservées aujourd’hui au musée départemental de Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin.

En accord avec les organisateurs et notamment Edouard de Laubrie, à cette époque commissaire-adjoint de l’exposition et aujourd’hui responsable du pôle « agriculture & alimentation » au Mucem et par le biais de Pierre Del Porto, Président de l’AFMA qui en a réalisé la copie, vous trouverez le fac-similé du catalogue de cette exposition, présenté ici en deux parties.

Un grand merci à tous ces acteurs, de permettre de partager ce document qui, sans eux, serait resté confidentiel et oublié.

Pour les découvrir, cliquez sur les liens ci-dessous:

fichier pdf Jougs, contre Jougs 1993 Part 1

fichier pdf Jougs, contre Jougs 1993 Part 2

Attelage de boeufs en Lauragais dans le film « Saint Anatoly » de Jean-Luc Prince

Photo extraite du film de Jean-Luc Prince

Regardez absolument cet exceptionnel document filmé par Jean-Luc Prince.

En voici le résumé écrit par l’auteur.

« Ce documentaire, tourné en 35 mm en 1993 et 1994, retrace la dernière année de travail de Germain et François, métayers à Saint-Anatoly, petit hameau lauragais près de Toulouse. Les deux paysans sont jumeaux, ils n’ont jamais voyagé et ils parlent peu. Ils accomplissent leurs travaux en un rituel immuable depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le réalisateur pose sur ce couple hiératique et sur quelques personnages locaux dont une formidable raconteuse, Georgette, un regard humaniste et sans nostalgie. Un travail d’observation « photographique »: le temps s’est arrêté à Saint-Anatoly, les personnages évoluent dans un continuum circulaire et saisonnier, balisé d’événements inamovibles.
Ce film réalisé par Jean-Luc Prince, le créateur de la société de production l’Imagécrit, et produit en son temps par la société Imako, a été diffusé sur FR3 et Planète, dans différents festivals dont celui de Clermont-Ferrand, et a obtenu le prix du public du Festival de Saint-Flour en 1994. »

Voir le site de la société de production « l’Imagécrit » créée par Jean-Luc prince ou ça chaine sur Vimeo.

René Alibert et Lionel Rouanet, jougtiers, Laissac (12)

René Alibert a taillé des jougs toute sa vie. Il a transmis son savoir et ses techniques à Lionel Rouanet. Lionel a appris méthodiquement, dans un apprentissage continu, à chacune de ses visites fréquentes, chez son maître de stage. Le travail est fait à la hache, à l’herminette et à la plane.

  

Article de la dépêche du midi :

René Alibert, l’artisan jougtier devenu artiste

Publié le 20/02/2013 

LAISSAC

Autrefois symbole de soumission, le joug est devenu, aujourd’hui, un objet d’art et de décoration. Il reste aussi un outil du patrimoine rural, témoin d’un passé récent où les travaux des champs se faisaient à l’aide de la traction animale.

René Alibert est le dernier jougtier de l’Aveyron et peut-être de France. Son métier, il l’a appris avec son père et l’a exercé pleinement jusqu’en 1950. Il se rappelle l’époque faste où, sillonnant de long en large le département, ils ont façonné jusqu’à 20 jougs dans l’année.

A 73ans, René Alibert perpétue ce savoir-faire. Pour son plaisir, l’amour de la belle ouvrage et, sans doute, avec un brin de nostalgie, il continue à fabriquer des jougs. Le rituel est toujours le même. Il y a d’abord le choix du tronc et de l’essence : bouleau, frêne, noyer et merisier sont les essences les plus utilisées. Chaque joug est ensuite taillé dans la masse. Pas besoin d’un «combiné» ou d’une machine-outil sophistiquée. René Alibert n’a besoin que d’outils simples qu’il a soigneusement conservés et entretenus : la hache à col de cygne, le couteau à deux mains, la tarière et une herminette spéciale pour jougtier. Celle qu’utilise Mr Alibert a été fabriquée par Mr Canitrot, forgeron à Ségur.

Le jougtier n’a pas d’établi, il travaille à même le sol, à genoux ou courbé sur son ouvrage. Récemment, Mr Alibert a eu la joie de satisfaire deux irréductibles de la traction animale. Mr Ladet, de Barrage, près de Saint-Geniez, «joint» une paire de vaches pour de petits travaux agricoles. A Saint-Côme, Mr Bessière «joint» une paire de boeufs qu’il promène, l’été, à l’occasion des fêtes votives. Les autres jougs, de toutes dimensions, que René fabrique inlassablement chaque hiver, rejoignent une collection dont il fait profiter ses amis. Une collection à découvrir et un homme à rencontrer pour sa gentillesse, son talent et sa passion intacte et communicative pour ce métier de jougtier auquel il reste viscéralement attaché.

La Dépêche du Midi.

En 1993, un film a été réalisé sur René Alibert par Gilles Charensol. Cliquez ici pour voir la vidéo et les références.