Attention trigger warning : sang, coupe d’un onglon

Gaëtan Dübler (Cliquez ici pour voir) nous propose un article suite à une formation de ferrage des bovins qu’il a effectué chez Philippe Kuhlmann (Cliquez ici pour voir).
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Cours sur le ferrage du 21 au 23 janvier 2019.
Avec mon boeuf Léo, je transporte et je vends de la bière artisanale dans des marchés, foires et événements (Cliquez ici pour voir).
Léo a marché pieds nus ou avec des hyppo-sandales qui m’ont été fournies par Mélanie Engeler, la spécialiste de ces protections en Suisse via la compagnie qu’elle a fondeé, BitsnbootsGmbH (Cliquez ici pour voir).
Ces derniers temps les onglons de Léo ont commencé à se raccourcir. Comme il y a longtemps qu’il n’a pas porté de chaussures, il ne donne plus le pied derrière. Il faut donc le ferrer. Etant donné que je devrai le faire régulièrement, il a été décidé avec Philippe Kuhlmann, qui a suivi mon projet dès sa genèse et m’a conseillé, de m’apprendre à réaliser cette opération moi-même.
D’abord nous nous sommes intéressés à l’anatomie du pied en en coupant un provenant d’une boucherie.

Coupe de la partie abaxiale de l’onglon. Postérieurement aux phalanges, on observe les tendons fléchisseurs puis les coussinets plantaires. Au-dessous se trouve la sole, et devant, la muraille

Vue montrant le positionnement des clous dans la paroi.

Coupe frontale présentant la muraille, la sole, ainsi que le tissu podophylleux.
Notre attention s’est alors portée sur les clous.

La partie distale du corps est taillée afin d’amener le clou à ressortir de l’onglon lorsqu’elle est positionnée à l’intérieur. Suivant l’endroit, il est nécessaire d’introduire un angle dans le clou avec le marteau avant de le rentrer afin de s’assurer qu’il va suivre le bon chemin.

Puis il m’a appris à sélectionner les fers en fonction de leur taille et de leur forme.
Une fois la broche enfoncée, il reste à la couper avec la tricoise à talon. Ensuite, une encoche doit être taillée dans la corne avec un ciseau, puis le clou est retourné à l’intérieur à l’aide de la pince et du brochoir afin qu’il ne dépasse pas.
On en vient ensuite à la façon d’enlever un fer. A l’aide d’un rogne-pied et du brochoir, on réalise un jeu au niveau des clous qui permet de les extraire avec la tricoise.
Après la théorie, il a été temps de passer à la pratique et je me suis entraîné à réaliser ces travaux sur des jambes provenant d’animaux tués.
La question du parage avec une rénette, une lime-râpe, le rogne-pied et le marteau a ensuite été abordée.
In fine, nous avons choisi des fers pour Léo à partir des empreintes que j’avais amenées.
Parallèlement à ceci, nous avons réalisé du débardage avec ses bœufs, fendu et rangé du bois, et transporté une balle ronde avec le Ramé.
Au-delà du savoir-faire remarquable de Philippe, ce qui est fascinant chez lui est sa capacité de refuser tout conformisme, de questionner les axiomes du capitalisme, de concevoir sa vie de façon complètement originale. C’est certainement là ultimement que réside la liberté et il a su investir cet espace de façon exceptionnelle. C’est un enseignement que je garde précieusement dans un monde de plus en plus dysfonctionnel où résister devient plus nécessaire que jamais.
Un grand merci à Philippe et Anne-Catherine pour m’avoir accueilli une nouvelle fois sur leur propriété et les efforts qu’ils ont faits pour m’aider.
Gaëtan Dübler

En 2016, Gaëtan Dübler et son boeuf Léo alors qu’il portait des hyppo-sandales